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Priorité aux actions en faveur des victimes

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Au moment où les Suisses se demandent s'il faut armer leurs soldats en mission à l'étranger, il paraît opportun d'évoquer certaines réalisations qui se veulent aussi de véritables contributions de la Suisse à la paix. Mais qui sont méconnues. D'où cette série d'articles qui leur est consacrée. Deuxième volet: le Centre international de déminage humanitaire à Genève (GICHD).

Il y a déminage et déminage. Celui, militaire, que les armées pratiquent dans des sols minés de façon à poursuivre leurs opérations avec un minimum de risques. Et celui, humanitaire, que l’on met en œuvre au lendemain d’un conflit pour qu’un territoire, un champ, une route soient réaffectés normalement à la vie civile.

Pour que le mot humanitaire prenne tout son sens, les programmes de déminage couvrent aussi tout ce qui est entrepris en faveur des victimes, c’est-à-dire l’assistance médicale, la sensibilisation au danger et la réinsertion sociale. C’est sur tout ce terrain-là, relativement nouveau, que le Centre international de déminage humanitaire veut jouer un rôle moteur.

La Suisse a mis le GICHD sur rails en 1997, au moment même où la communauté internationale se dotait d’une convention interdisant les mines antipersonnel. C’est d’ailleurs à Ottawa, à l’occasion de la signature du traité, qu’elle en fit l’annonce officielle. Entre temps, le Centre a pris de l’ampleur, la Fondation qui le régit a mieux défini ses stratégies, disposant pour cela d’un budget annuel de cinq millions et demi de francs (dont 3,7 versés par la Suisse).

«Au départ, le Centre international de déminage humanitaire se présentait comme un outil de réflexion. Désormais, nous dit son directeur, l’ambassadeur Martin Dahinden, le plus important pour nous est de répondre aux véritables besoins locaux. La majorité de nos 25 collaborateurs (onze nationalités différentes) oeuvrent hors de Genève, là où il faut résoudre les problèmes.»

Mais, nuance-t-il aussitôt, «il ne s’agit pas d’aller sur le terrain pour développer de grands programmes, notre priorité est d’appuyer les populations locales confrontées à des terrains minés, de mettre toute une série d’instruments pratiques à leur disposition, et de les aider à créer leurs propres moyens d’intervention.»

Les études et les conseils du Centre touchent à de nombreux domaines qui vont des directives concernant l’achat de matériel anti-mines à la destruction d’explosifs spéciaux, en passant par les moyens de sensibilisation, les impacts socio-économiques du déminage ou encore les problèmes rencontrés dans la détection des mines à l’aide de chiens.

Le Centre, avec l’appui de l’École polytechnique fédérale de Zurich, a également développé un système de gestion de l’information pour l’action contre les mines. Ce logiciel, dans sa version «module de terrain», permet entre autres de rassembler toutes les données utiles et nécessaires sur les zones minées, les types d’engins, les lieux d’incidents, etc…

Le GICHD diffère encore des autres centres créés par la Suisse à Genève du fait que son principal partenaire n’est autre que l’ONU et son Service de lutte contre les mines. «Cette reconnaissance internationale, confie Martin Dahinden, est très importante pour le Centre qui ne peut se réclamer d’aucune autorité politique, mais seulement de son niveau d’expertise.»

Ce statut international se voit renforcé au fil des mois puisque le GICHD sert désormais de relais entre les réunions annuelles des 120 États qui ont ratifié le Traité d’Ottawa. Certes, les États-Unis, la Russie et la Chine n’ont pas souscrit à cette interdiction totale des mines antipersonnel. Les autres pays vont pourtant de l’avant et le Centre de Genève leur offre, non pas un secrétariat, mais pour ainsi le cœur d’un réseau en plein développement.

Bernard Weissbrodt, Genève

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