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PS-UDC (2): Modèles et citations

Des références?F.D. Roosevelt et Jacques Delors (photos: site Leiden University / Keystone) swissinfo.ch

Suite de notre entretien avec Katya Babey Falce (PS) et Maria Angela Guyot (UDC), deux jeunes femmes que tout rapproche, et que tout sépare.

Toutes deux sont candidates à un siège au Parlement fédéral. Leurs modèles respectifs: Roosevelt et Delors.

Pourquoi, comment s’engage-t-on, lorsqu’on est une jeune femme, au parti socialiste ou à l’Union démocratique du centre, la droite «dure»?

Quel est le chemin qui mène à ce type de choix? Par exemple, des figures politiques historiques ont-elles marqué nos deux candidates?

Roosevelt, de Rougemont… et Blocher?

Pour Maria Angela Guyot, parler d’admiration pour une personnalité relève de l’idolâtrie. Elle préfère donc évoquer des actions, dit-elle.

«J’admire beaucoup le travail du président américain, durant la Deuxième Guerre mondiale, qui a pris la décision de venir débarrasser l’Europe du nazisme, par exemple. Plus près de nous, l’action de Denis de Rougemont». Une militante UDC qui évoque l’un des pères de l’Europe? «Il était un Européen fédéraliste. L’Europe qu’il voulait, ce n’est pas l’Europe de Maastricht», répond-elle.

Et dans la politique suisse d’aujourd’hui, des références? «Je n’en vois aucune actuellement», répond-elle, en disant n’avoir «pas eu le temps» de se pencher sur la question.

Néanmoins, la candidate UDC reconnaît avoir été sensible aux discours de Christoph Blocher. Et quand on lui demande si elle se sent plus proche de l’aile bernoise ou de l’aile zurichoise du parti, son choix est clair: «Je ne crois pas qu’il y ait une aile blocherienne et une aile plus douce. Il y a l’UDC… et puis le reste. Les UDC bernois ont des positions qui ressemblent beaucoup à celles des radicaux».

Delors, Studer et Garbani

«Jacques Delors est un homme intelligent, et sans ce dogmatisme qui voudrait que les ouvriers soient tous gentils et les patrons tous méchants. Parce que ce n’est pas ça, mon socialisme à moi», constate la socialiste Katya Babey Falce. «Oui, c’est vraiment un de mes modèles.»

Pour ce qui est de la Suisse, aujourd’hui, elle évoque ses collègues neuchâtelois Jean Studer («une personnalité que j’aime beaucoup») et Valérie Garbani («J’ai appris à la connaître à travers sa campagne, et c’est vraiment une femme super»).

Le jeu des citations

«Le socialisme! Quelle lubie! La nature s’est chargée de régler son cas en prodiguant partout des inégalités» a écrit un certain Jean-Charles Harvey. Une phrase qui fait bondir Katya Babey Falce.

«C’est bien pour ça qu’il faut être socialiste! Parce que l’homme est anti-naturel par excellence. On n’est pas là seulement pour satisfaire ses instincts, on a autre chose à défendre. Si la Nature est inégale, c’est à l’Homme de faire que les inégalités soient le moins criantes possible» s’exclame-t-elle.

Mark Twain, quant à lui, écrit ceci: «Les radicaux (au sens du 19e donc les progressistes, NDLR) inventent de nouvelles idées. Quand elles sont usées, les conservateurs les adoptent».

«L’UDC pense qu’il faut garder le bon dans l’acquis. Changer pour changer n’est pas intelligent», répond Maria Angela Guyot. Et d’ajouter: «Cela dit, je remarque aussi que l’UDC a montré la voie et que beaucoup de partis défendent maintenant certaines de ses thèses. Donc, quelque part, l’UDC fait office de moteur», relève-t-elle en admettant qu’il y a peut-être là un «effet pré-électoral».

Réalité quotidienne



Quelles sont, selon nos deux candidates, les qualités et les principaux soucis de leurs villes respectives?

Katya Babey Falce adore sa ville de La Chaux-de-Fonds, la trouve gaie et riche en coins sympathiques, même si sa beauté, est, elle l’admet, discutable. Mais il y a cette structure en damier, avant-gardiste, et les jardinets qui jouxtent tous les locatifs: «Une ville socialiste par essence, avec l’idée que chacun puisse profiter d’un dégagement».

Et d’ajouter: «Et puis c’est une ville où il n’y a jamais eu de lutte de classe. Il n’y a jamais eu d’aristocratie à La Chaux-de-Fonds: c’est une ville de PME, où les enfants des patrons sont toujours allés à l’école avec les fils des ouvriers.»

«Les problèmes? Les mêmes que ceux de toutes les villes décentrées. Ce n’est pas facile de s’y rendre, on ne s’y arrête pas facilement.»

Du côté de Maria Angela, c’est l’action des élus de la ville de Neuchâtel qui retient son attention: «La ville est gouvernée par des élus qui ont beaucoup d’idées. Mais ce qui me dérange, c’est que lorsqu’ils arrivent à avoir un budget positif, ils trouvent tout de suite le moyen de le rendre négatif».

Et de préciser: «A Neuchâtel, il fait bon vivre, l’accueil qui m’a été donné ainsi qu’à mes parents a été excellent, je suis maintenant une citoyenne neuchâteloise. Mais il y a ce problème de vouloir dépenser les deniers qu’on a pas qui me fait souci».

Leurs origines, leurs goûts, leurs références politiques, le rapport à leurs villes… Nous reste encore à envisager le futur. Que représenterait une élection pour elles, et quel sera leur combat. Suite de cet entretien demain.

swissinfo, Bernard Léchot

– Précisions utiles:

– Les élections fédérales suisses (élections parlementaires) auront lieu le 19 octobre.

– Après une décennie de régression, le Parti socialiste suisse (PSS) redevient en 1995 le plus fort parti national, mais il doit disputer cette position à l’UDC depuis les élections de 1999.

– Actuellement, le PS est représenté par 2 conseillers fédéraux, 51 conseillers nationaux et 6 conseillers aux Etats.

– L’Union démocratique du centre (UDC) est longtemps restée à la traîne des partis gouvernementaux. Cette situation change avec les années 90: s’appuyant sur un discours nettement plus marqué à droite, le parti enregistre des progressions records à chaque échéance électorale. Avec 22,5% des suffrages aux élections de 1999, l’UDC devient le premier parti gouvernemental.

– Actuellement, l’UDC compte un conseiller fédéral, 45 conseillers nationaux et 7 conseillers aux Etats.

– Christoph Blocher, UDC section zurichoise, conseiller national, chef de file de la frange la plus dure du parti. «Leader charismatique» pour les uns, «tribun populiste» pour les autres.

– Jean Studer, PS section neuchâteloise, conseiller national, récemment écarté de la course au Conseil fédéral.

– Valérie Garbani, PS section neuchâteloise, conseillère nationale, jeune députée de plus en plus en vue.

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