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Qui payera l’élimination des farines animales?

Les déchets carnés seront transformés en farines qui seront immédiatement incinérées. Keystone

Les farines animales seront prohibées en Suisse dès le 1er janvier. Le gouvernement a donné mercredi une base légale à sa décision. La Confédération et les abattoirs payeront. Les producteurs et les consommateurs sont dans l'expectative.

40 millions: c’est le coût de l’élimination des farines animales qui ne serviront désormais plus de nourriture aux animaux d’élevage. Pour des raisons d’hygiène, les déchets carnés continueront à être transformés en farines. Qui seront immédiatement incinérées.

Ce chiffre de 40 millions ne fait cependant pas l’unanimité. A l’Union suisse des paysans (USP), on l’estime sous évalué. Et on parle plutôt de 60 millions de francs.

La Confédération a annoncé mercredi qu’elle prendrait en charge près des trois quart de cette somme. Les abattoirs devront supporter le reste. Et les producteurs en feront probablement indirectement les frais.

Depuis le début du mois, plus aucune farine animale n’est utilisée en Suisse. Administrateur des abattoirs à Lausanne, Georges Krieger estime que cela représente un surcoût de 15 centimes par kilogramme de viande éliminée, soit environ 50 francs pour une vache.

«Pour le moment, cette somme n’a pas été répercutée sur nos clients, les producteurs, souligne Georges Krieger. Mais nous allons reconsidérer la situation, et chiffrer tout cela.»

Et ce n’est pas tout. Le remplacement des farines animales par des protéines végétales dans l’affouragement des animaux d’élevage va engendrer des coûts supplémentaires de 15 millions de francs.

Et Heiri Bucher, chef du département de l’économie animale à l’Union suisse des paysans (USP) d’ajouter que certaines maisons effectuent désormais des tests chiffrés à 40 centimes par kilogramme de viande.

Reste à savoir si les producteurs feront payer le prix de ces surcoûts aux consommateurs. Le directeur de Suter Viandes, à Villeneuve, ne le pense pas. «Comme d’habitude, explique Ueli Gerber, cela va baisser notre marge. L’offre et la demande vont réguler tout cela. Et le prix ne devrait pas bouger.»

Une loi du marché qui ne fait décidément pas l’affaire des producteurs qui supportent déjà les conséquences de la chute des prix du bœuf. Selon l’USP, rien que pour le mois de novembre, le manque à gagner a été de 15 millions de francs.

«Il nous faudrait une aide de 600 francs par bête», lance Heiri Bucher. Un dédommagement que les producteurs suisses réclament à la Confédération.

Caroline Zuercher

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