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Le silence du gouvernement sur l’affaire de l’espion suisse

La police de Francfort a arrêté vendredi un Suisse de 54 ans. Reuters

Le ministre de la Défense Guy Parmelin a refusé de s'exprimer sur l'arrestation d’un Suisse à Francfort en Allemagne pour soupçons d'espionnage. L'homme est accusé d'avoir travaillé pour le Service de renseignement de la Confédération. 

L’accusé, en détention préventive, «est soupçonné d’avoir investigué pour le compte du Service de renseignement de la Confédération (SRC) sur des enquêteurs fiscaux allemands illégaux en Suisse», a indiqué son avocat dans l’émission Rendez-vous de SRFLien externe. Il n’a toutefois pas dit si le SRC était effectivement son ou l’un de ses employeurs. 

Guy Parmelin a refusé de commenter les rumeurs en cours concernant cette arrestation tant que l’enquête est en cours. «Je n’ai aucun commentaire à faire», a déclaré le ministre de la Défense devant les médias, dans le cadre de la présentation du rapport annuel du SRC. 

Il a toutefois tenu à rappeler que «le SRC a pour mission de détecter les problèmes afin de permettre à la Confédération d’intervenir à temps» et qu’il agit «dans le respect des lois en vigueur pour protéger la Suisse et ses habitants». 

«Pas un monde de Bisounours» 

D’une manière générale, la Suisse est régulièrement la cible de cyberattaques ou de tentatives de recrutements de collaborateurs par des services étrangers, dans les banques, les PME, la recherche. Le SRC, actif aussi bien en Suisse qu’à l’étranger, doit donc protéger ses méthodes et ses sources, a expliqué le conseiller fédéral. 

Il a également mentionné que les activités du SRC sont contrôlées de manière stricte, et que ce contrôle sera encore renforcé avec l’entrée en vigueur de la nouvelle loi sur le renseignement. 

Interrogé sur d’éventuels dommages politiques liés à cette affaire, le ministre de la Défense a botté en touche. «Nous sommes régulièrement en contact avec l’Allemagne, un pays voisin et ami, sur plein de sujets.» 

Mais d’une manière générale toujours, a précisé le directeur du SRC Markus Seiler, le domaine du renseignement n’est pas un monde de «Bisounours». Chaque service agit selon les directives des autorités de son pays et dans le cadre de ses propres lois. On ne ment pas forcément, mais on ne dit pas tout. 

Le DFAE au courant de l’arrestation d’un Suisse

L’accusé a été arrêté vendredi après des soupçons selon lesquels il travaillait depuis cinq ans pour le service de renseignements d’une puissance étrangère, avait annoncé vendredi le procureur fédéral allemand à Karlsruhe, sans mentionner d’autres éléments. L’homme de 54 ans avait été placé en détention préventive le même jour. 

Le Département des affaires étrangères a indiqué qu’il était au courant de l’arrestation d’un citoyen suisse en Allemagne, sans donner d’autres informations, invoquant la protection des données. 

Le Ministère public de la Confédération a lui seulement dit avoir pris connaissance de l’annonce du procureur fédéral allemand. 

Brouilles dans les relations entre Berne et Berlin 

Le ministre des Finances de Rhénanie du Nord-Westphalie, Norbert Walter-Borjans, a déclaré au journal Rheinische Post que le gouvernement du Land ne se laissera pas intimider à la suite de cette affaire. L’administration fiscale acquiert des CD contenant des informations bancaires de personnes soupçonnées de fraude parce qu’elle ne peut pas démêler autrement ces cas, a-t-il ajouté. 

Depuis janvier 2006, plusieurs Lands allemands, comme la Rhénanie du Nord-Westphalie, ont acheté ces CD ou clés USB avec ces données, qui provenaient de Suisse ou du Liechtenstein. Cette méthode avait soulevé la polémique en Allemagne et suscité des brouilles dans les relations entre Berne et Berlin.

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