Rento: un billet à gratter contre une rente à vie
Suivant l'exemple des Etats-Unis, la Loterie romande vient de lancer son nouveau billet à gratter. Pour les gagnants, Rento donne droit à une rente à vie de 4000 francs.
L’Office fédéral de la police s’apprête à vérifier s’il est conforme à la loi.
Une rente mensuelle à vie de 4000 francs ! Voilà ce que promet la Loterie romande aux amateurs de billets à gratter. L’organisme actif en Suisse francophone vient en effet de lancer début mars son nouveau jeu à grand renfort de publicité. Et cela marche.
Le Rento – c’est son nom – connaît un succès énorme. La loterie pensait écouler ses deux séries de 2 millions de billets en un an. Mais six mois devraient suffire, selon son directeur, Philippe Maillard.
Les jeunes, le gros des troupes
Normalement peu férus de jeux de hasard, les 20-25 ans forment même le gros de cet engouement.
Le principe du Rento est simple. Avec un billet à gratter, les joueurs ont une chance sur deux millions de décrocher la timbale. Les deux gagnants auront droit, au choix, à une rente mensuelle de 4000 francs ou à un capital de 650 000 francs.
Hormis le Jack-pot, plusieurs millions de francs de gains viendront remplir les poches de gagnants secondaires à coup de lots situés entre huit et 50 000 francs.
Pour son Rento, la Loterie romande, s’est inspirée des Américains, initiateurs d’un jeu quasiment identique il y a quatre ans.
Rente à vie ou sur vingt ans
Ailleurs – en Suisse alémanique depuis mars 2002 et en France aussi – le versement de la rente mensuelle s’arrête après vingt ans. Outre-Sarine, Swisslos avait bien planifié un système à vie pour son «Win for life».
Mais, selon Fabio de Maria, product manager à Swisslos, un avis défavorable de la Confédération a dissuadé l’homologue de la Loterie romande de continuer.
Mais, l’Office fédéral des Contributions dément tout problème en matière de taxation.
Rento intéresse également l’Office fédéral de la police (OFP), chargé d’éviter toutes les dérives sur le marché du jeu en Suisse. Par exemple que les loteries n’adoptent des pratiques de casinos.
Raison pour laquelle, l’OFP a rendu attentif Swisslos à plusieurs points de la loi fédérale sur les loteries et les paris professionnels. Mais ses avis ne sont pas contraignants.
Cela étant, l’OFP ne jette pas l’éponge. Pour lui, il n’est de loin pas certain que le rento respecte entièrement la loi. En question: le principe du versement à vie de la rente, mais aussi la possibilité offerte aux joueurs de choisir entre capital et rente.
Sans espoir
L’Office fédéral de Police va donc se pencher sur le dossier, indique Reto Brand, chef de la section loterie et paris professionnels. Le cas échéant, il rendra les cantons romands attentifs aux exigences légales.
Mais Reto Brand ne se fait guère d’illusions: «Nous exerçons la haute surveillance, mais les cantons sont autonomes. Ils donnent les autorisations, contrôlent et reçoivent l’argent des loteries. On devrait donc en rester là».
De son côté, Philippe Maillard souligne les efforts de la Loterie romande. Il lui a fallu trois ans pour mettre au point son Rento doté d’une rente à vie.
Le problème le plus épineux concerne la durée de vie du gagnant, par définition impossible à prévoir. Pour s’éviter toute incertitude financière, la Loterie romande contractera une rente viagère qui dépendra de l’âge du gagnant.
Cette rente couvrira le versement des 4000 francs mensuels. Et si la vie du gagnant se prolonge, l’assurance paiera de sa poche. C’est ce que les professionnels appellent le risque d’assurance.
swissinfo, Pierre-François Besson
Le rento équivaut à un quart des ventes de billets à gratter de la Loterie romande.
Il représente un chiffre d’affaires de 32 millions de francs.
La Loterie romande consacre entièrement ses bénéfices au soutien d’institutions d’utilité publique romandes.
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