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Rolf Hüppi renonce à sa double casquette

La décision de Rolf Hüppi a eu un effet mitigé sur la Bourse. swissinfo.ch

Le patron très chahuté de Zurich Financial Services abandonne sa fonction de directeur-général. Mais il reste président du conseil d'administration.

Finalement, Rolf Hüppi a cédé à la pression. Lundi, Zurich, l’un des géants mondiaux de l’assurance, a annoncé que son patron allait, dès le milieu de cette année, «se concentrer» sur son mandat de président de conseil d’administration.

Cela fait plus d’un an que le groupe suisse traverse une zone de turbulences. Son parcours en Bourse en témoigne. Le titre, qui valait encore quelque 800 francs il y a un an, a perdu environ 60% de sa valeur.

D’ailleurs, au fil de l’année 2001, Zurich a revu à la baisse, à quatre reprises, ses perspectives de résultats. Finalement, les pertes du groupe pourraient se monter à 650 millions de francs suisses.

Enquête à Berne

Cette série de «profit warnings» a d’ailleurs mis la puce à l’oreille de l’Office fédéral des assurances privées, le gendarme du marché de l’assurance, en Suisse. Une enquête a été ouverte sur la situation financière de Zurich.

«Nous voulons savoir quelles sont les raisons de ces annonces et examiner les mesures que compte prendre la société afin d’améliorer sa situation financière», déclare à swissinfo le porte-parole de l’Office, confirmant une information parue ce week-end dans le SonntagsBlick.

«Problèmes de gestion»

Pour expliquer ces résultats décevants, il y a bien sûr l’effet du ralentissement conjoncturel et celui des attentats du 11 septembre. Mais cela ne suffit pas. «Zurich a eu des problèmes de gestion», relève Stefan Schürmann, de la banque Pictet et Cie, à Genève.

«Le management n’était, peut-être, pas toujours bien au courant de ce qui se passait au sein de ses unités», poursuit l’analyste. Manque de transparence et de cohérence dans la manière d’appliquer la stratégie de l’entreprise. Voilà les reproches souvent répétés ces derniers mois.

Gouvernement d’entreprise

Des critiques qui se sont cristallisées autour du problème du double mandat de Rolf Hüppi. Les militants d’une réforme du gouvernement d’entreprise trouvent ainsi leur revendication satisfaite.

A l’instar de Dominique Biedermann, directeur de la fondation Ethos, qui gère les fonds de quelque 90 caisses de pension. «Il est très difficile de cumuler les fonctions tout en respectant notre code des obligations», affirme-t-il.

Et de préciser: «Ce code prévoit clairement que le conseil d’administration a pour tâche principale de surveiller la direction générale. Or, c’est évidemment très difficile de se surveiller soi-même.»

Prise de conscience

Le combat des chefs chez Kuoni, la débâcle de Swissair, les rémunérations des dirigeants d’ABB. Les affaires s’accumulent dans le monde économique suisse. Et le débat sur la manière de gérer les entreprises touche désormais le grand public.

Pour Dominique Biedermann, la décision de Rolf Hüppi ne tient donc pas au hasard. Il y a eu un tournant, en Suisse, l’été dernier. «La population, les investisseurs suisses et étrangers sont devenus extrêmement attentifs à la manière dont sont gouvernées nos entreprises.»

Retour de confiance?

En ce qui concerne Zurich, reste à savoir si la mesure annoncée lundi suffira à rétablir toute la confiance. La banque d’investissement Merrill Lynch note que l’effet escompté est amoindri par le fait que Rolf Hüppi demeure à la présidence du groupe.

Par le fait aussi que son successeur, à la tête du groupe, n’est pas encore connu. Sur le marché, le sentiment semble d’ailleurs mitigé. Lundi, l’action du groupe a d’abord bondi, avant de se tasser, pour finir par reculer de près de 1%, à 321 francs.

Pierre Gobet, Zurich

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