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Ruth Dreifuss lance la campagne sur l’AVS et l’assurance-maladie

Ruth Dreifuss n'a pas mâché ses mots. Keystone

La ministre de la santé préconise un triple «non», le 26 novembre, à l'initiative Denner sur l´assurance maladie et aux initiatives sur l'âge de la retraite, jugées trop coûteuses. L'Union syndicale suisse (USS) conteste les chiffres.

«Un coup de poing qui casse tout, qui fait mal et qui ne résoud rien»: mardi, Ruth Dreifuss n’a pas mâché ses mots pour qualifier l’initiative du groupe Denner, dite «pour des coûts hospitaliers moins élevés». Ce texte – très largement rejeté par les deux Chambres – vise à remplacer l’assurance maladie actuelle par une assurance obligatoire qui ne prendrait en charge que les factures d’hôpital.

Tout le reste – médecin, médicaments, traitements ambulatoires, séjour en EMS – serait laissé à des assurances complémentaires, que chacun serait libre de conclure ou non.

Comme l’a rappelé la ministre de la santé, ce sont ainsi 10 milliards de francs par année qui seraient laissés à la charge des patients. Certes, les initiants prévoient une couverture de ces frais par des compagnies privées mais, pour Ruth Dreifuss, cet argument n’est qu’un leurre.

«Les assureurs privés peuvent refuser une personne ou exclure de la couverture précisément la maladie dont elle souffre, ou encore lui fixer une prime d’autant plus haute que cette personne est âgée ou de santé fragile», s’indigne la conseillère fédérale, qui juge «désatreuses» les conséquences qu’aurait cette initiative en termes de santé publique.

Sur l’âge de la retraite, en revanche, on sent Ruth Dreifuss plus réservée. En effet, les deux initiatives visant à assurer à chacune et à chacun la possibilité de prendre sa retraite dès 62 ans, sans diminution de rente, proviennent plus ou moins de son camp.

L’une émane des associations d’employés et de l’Union syndicale suisse (USS) et l’autre des Verts. Si elle se dit favorable à la retraite à la carte, la ministre de la santé souhaite toutefois qu’elle soit accordée de manière nuancée et surtout qu’elle n’engendre pas de dépenses supplémentaires.

Et Ruth Dreifuss de mettre en avant la 11e révision de l’AVS, dont le Parlement doit se saisir l’année prochaine. Elle prévoit une retraite à la carte dès 62 ans avec réduction de rente, mais à des conditions plus favorables pour les bas revenus que pour les autres.

Selon le Conseil fédéral, cette solution est plus sage que celle des deux initiatives, car il lui paraît clair qu’une majorité de gens prendront leur retraite à 62 ans s’ils peuvent le faire sans que leur rente ne diminue. D’où des surcoûts estimés à 2 milliards, qui ne seraient de loin pas compensés par les 900 millions de francs que l’on prévoit d’économiser sur l’AI et sur l’assurance chômage.

Au sujet de la guerre des chiffres qui oppose partisans et adversaires des initiatives, Ruth Dreifuss renvoie les deux camps dos à dos. Dans ce domaine en effet, il n’y a, selon la conseillère fédérale «ni données justes, ni données fausses, mais simplement des modèles, qui se fondent sur des estimations». Et pour illustrer son propos, la ministre de la santé donne l’exemple des recettes de l’AVS en 1999, qui, grâce à la reprise économique, dépassent de 300 millions l’estimation faite en février de cette année.

La réaction de l’USS ne s’est pas faite attendre: dans un communiqué diffusé mardi après-midi, elle juge que ces chiffres lui donnent raison et dénonce la «mesquinerie» du Conseil fédéral. Selon la centrale syndicale, «ce n’est pas l’argent qui manque» et la Suisse peut «sans difficultés se permettre la retraite à la carte prévue par les deux initiatives».

Marc-André Miserez

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