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SAirGroup: la Landsgemeinde de tous les dangers

Normalement prévue pour trois avions gros porteurs, la Halle 3 de Kloten sera trop petite pour les actionnaires de SAirGroup. swissinfo.ch

La 75ème assemblée des actionnaires de SAirGroup n'aura d'ordinaire que le nom. La majorité des 19000 inscrits - du jamais vu en Suisse - devraient faire le déplacement de Zurich mercredi pour demander des comptes aux responsables de la débâcle.

D’habitude, SAirGroup reçoit quelque 7000 inscriptions à ses assemblées, mais seuls 2 à 3000 actionnaires font réellement le déplacement. Mercredi, ils pourraient être entre 9 et 14 000, selon les estimations du groupe.

L’immense Halle 3 – normalement dévolue à la maintenance des MD-11 et des A-330 – ne suffira pas à accueillir pareille foule. En plus des 7300 chaises qui y ont été installées, on a donc prévu un écran géant et 2000 places dans la Halle 2, voisine. Et si cela ne suffit pas, on y installera encore 2000 chaises supplémentaires. Quant aux derniers arrivés, s’ils sont trop nombreux, ils n’auront d’autre choix que de se tenir debout.

Le détail a son importance pour une assemblée qui commencera à 15 heures et pourrait bien se terminer au-delà de 22 heures. Et ceci sans autre subsistance que le «lunch-box» qui sera distribué à l’entrée, comme dans les avions. Au vu de l’affluence, SAirGroup a en effet renoncé au buffet traditionnel.

Sur plus de 12 millions de titres SAirGroup, les quelque 9 millions effectivement souscrits se répartissent entre près de 58 000 actionnaires. Avec 45 000 titulaires de paquets d’une à cinquante actions, le groupe est le royaume par excellence du petit porteur. Juste derrière les banques, compagnies d’assurances et caisses de pension (30% du total), viennent les particuliers (20%), puis les collectivités publiques.

Certaines des attaques les plus dures contre l’équipe qui a fait perdre au groupe plus 2,8 milliards de francs suisses en une année viendront d’ailleurs de ces dernières.

Il y a une semaine, le ministre de l’économie Pascal Couchepin rappelait que SAirGroup est «l’entreprise suisse qui a le plus détruit de capital dans ces vingt dernières années». Et annonçait dans la foulée que le Conseil fédéral (actionnaire à hauteur de 3%) refuserait la décharge aux administrateurs sortants.

Un exemple suivi par nombre de cantons et de communes, comme Genève, Zurich, Bâle-Ville, et Argovie. Vaud et Lausanne font également partie du front du refus et enverront à l’assemblée la secrétaire générale du Département cantonal des finances, Isabelle Salomé.

«Je n’ai pas seulement mandat de refuser la décharge, explique cette dernière. J’appuierai également la demande de l’Association de protection des actionnaires d’une expertise indépendante sur les pertes du groupe. Les questions soulevées sont tellement graves que nous ne pouvons pas nous contenter de réponses données oralement à une assemblée».

Outre ces oppositions organisées, Monsieur et Madame tout-le-monde auront également la possibilité d’exprimer leurs frustrations, puisqu’il est prévu que les orateurs pourront s’inscrire jusqu’à la dernière minute.

Les possesseurs d’une action qui ne vaut aujourd’hui plus que 108 francs alors qu’elle a pu coter jusqu’à 500 francs il y a seulement deux ans ne devraient pas manquer de raisons de le faire.

Marc-André Miserez

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