Audacieux sur le fond, timide dans la forme
Unique au monde, le Mystery Park l'est certainement par les questions qu'il pose. Au niveau du spectacle par contre, les pavillons ne tiennent pas forcément leurs promesses.
Dans ce domaine, la concurrence nous a habitué à plus décoiffant.
«Mystery Park n’est ni un OVNIland, ni un parc ésotérique, ni une plate-forme contre la science», lance Erich von Däniken à ses premiers visiteurs.
Dont acte. Mais malgré sa volonté affichée de ne pas répondre aux questions qu’il soulève, le parc n’en soutient pas moins le credo de son inspirateur.
Et à ce jour, la communauté scientifique n’a encore trouvé aucune preuve formelle de la visite d’extraterrestres sur terre. N’en déplaise aux fans de X-Files, série pour laquelle von Däniken a d’ailleurs travaillé comme consultant.
«Tiré par les cheveux»
«J’ai lu ses livres dans ma prime jeunesse, et la plupart des archéologues que je connais les ont lus également. Ce sont même parfois eux qui leur ont donné envie de faire ce métier», admet bien volontiers Eric A. Powell, de la revue américaine Archaeology Magazine.
Egalement présent à l’inauguration, Francesco Garufi travaille pour un magazine italien spécialisé dans les civilisations comparées et les mystères archéologiques.
Pour lui, le parc contient «du bon et du moins bon», mais certaines hypothèses avancées lui paraissent carrément «tirées par les cheveux.»
Quiconque a lu les ouvrages de von Däniken retrouvera ici les imprécisions et les ellipses qui sont la loi du genre.
Ainsi, lorsque l’on nous affirme que deux des ouvertures de la grande pyramide pointent exactement sur deux étoiles de la constellation d’Orion, on omet de nous dire à quel moment de quelle nuit de l’année cet alignement se produit.
Car la terre tourne tout autant sur le plateau de Gizeh que n’importe où ailleurs…
Avantage au Futuroscope
«J’aimerais que les gens sortent d’ici avec des interrogations, en ayant retrouvé le sens de la curiosité», affirme Erich von Däniken, blindé depuis des lustres contre ce genre de critiques.
Si telle est réellement la vocation du parc, l’objectif sera sans doute atteint.
Mais le visiteur est également en droit de s’attendre à quelques sensations fortes. Et à ce niveau, il risque de rester sur sa faim.
Avec son concept de pavillons statiques, Mystery Park s’approche plus d’un Futuroscope que d’un Disneyland. Mais, hélas, la comparaison entre le parc de Poitiers et celui d’Interlaken tourne largement au désavantage du second.
Question de moyens
Mis à part les décors et les lasers de Stonehenge, les pavillons ne présentent guère ici autre chose que des films. Et le fait que l’un soit en 3D et un autre projeté jusque sous les pieds du spectateur ne suffit pas à dissiper une certaine impression de monotonie.
L’industrie du spectacle, il est vrai, nous a habitué à une telle débauche de sensations que l’on devient vite blasé.
Erich von Däniken lui-même est bien conscient du problème. «Nous avons fait au mieux avec les moyens que nous avions. Mais avec l’argent d’Hollywood, nous aurions pu offrir quelque chose de plus fou», admet le père de Mystery Park.
swissinfo, Marc-André Miserez, Interlaken
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