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Débat sur l’importation parallèle de médicaments

Certains médicaments coûtent deux fois plus cher en Suisse que dans l'Union européenne. Keystone

L’industrie pharmaceutique suisse se bat contre l’importation parallèle de médicaments protégés par un brevet.

Certains politiciens et les associations de consommateurs estiment, eux, qu’une levée de l’interdiction permettrait de réduire le prix des médicaments et les coûts de la santé.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le prix des médicaments est 40% plus élevé en Suisse que dans la plupart des autres pays.

Même s’ils sont parfois moins chers, les médicaments protégés par un brevet et provenant d’autres pays ne peuvent pas être importés en Suisse.

Dans le but de diminuer les coûts de la santé, certaines voix se sont élevées pour demander une levée de l’interdiction. Interpharma, qui représente les intérêts de l’industrie pharmaceutique suisse, n’est pas de cet avis.

Une menace pour l’innovation

Lors d’un séminaire, Interpharma a estimé mardi qu’une telle décision ne ferait pas baisser le prix des médicaments. Citant une étude de la London School of Economics, l’association a déclaré que les bénéficiaires seraient les importateurs et non les patients.

«En observant ce qui se passe en Europe, on constate qu’au final, le patient ne tire quasi aucun profit», assure ainsi Silvio Gabriel, chef de la division Europe, Proche-Orient et Afrique, chez Novartis.

«En Allemagne, l’économie est de 3%. En Grande-Bretagne, de 1% seulement. On ne peut donc pas avancer l’argument d’une baisse des coûts de la santé pour défendre l’importation parallèle.»

Selon Interpharma, une levée de l’interdiction représenterait même une menace pour la Suisse en tant que centre d’innovation. «Sans brevet, on compromet le secteur recherche et développement», ajoute Silvio Gabriel.

Coûts de la santé

La question est particulièrement controversée. Après avoir commandé deux études sur le sujet, le gouvernement suisse a finalement décidé de maintenir le statu quo.

Mais les milieux des consommateurs demande aux autorités fédérales d’envisager un accord avec l’Union européenne pour faciliter les importations parallèles. Une fois breveté par l’un des pays membres, un médicament peut circuler librement dans l’UE.

«Les coûts de la santé grimpent chaque année, en Suisse, notamment parce que le prix et la quantité de médicaments prescrits augmentent constamment», souligne Jacqueline Bachmann de la Fédération suisse des consommateurs.

Selon elle, une autorisation des importations parallèles de médicaments de l’Union européenne contribuerait à faire baisser considérablement les coûts de la santé.

«Je suis certaine que les profits n’iraient pas uniquement dans les poches des importateurs, ajoute Jacqueline Bachmann. La concurrence est telle que les prix diminueraient de toute évidence.»

swissinfo, Isobel Leybold-Johnson
(Traduction: Alexandra Richard)

En Suisse, les importations parallèles de médicaments protégés par un brevet ne sont pas autorisées.

En revanche, les médicaments dont le brevet est échu peuvent être importés.

Les importations parallèles sont des médicaments brevetés ou de marque, importés et vendus sans le consentement du détenteur des droits de la propriété intellectuelle.

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