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Lavater à Zurich: portrait d’un physionomiste

Portrait de Johann Caspar Lavater, par J. S. Schroeter, 1786. Kunsthaus Zürich

C'est à un enfant du pays que le Kunsthaus de Zurich consacre une grande exposition. Johann Caspar Lavater (1741-1801): théologien, érudit, collectionneur. Et célèbre - parfois décrié - dans l'Europe entière pour sa contribution à la physiognomonie.

Cette exposition, qui marque le 200e anniversaire de la mort de Lavater, n’est pas consacrée à un artiste, mais à un théologien, qui fut aussi écrivain et chercheur. Un intellectuel zurichois dont le rayonnement fut important et qui était en contact avec la plupart des personnalités marquantes de son époque.

C’est un labyrinthe d’images que l’on trouve au Kunsthaus: 450 dessins et gravures, des portraits, des visages pour la plupart. Un choix effectué dans la fabuleuse collection constituée par Lavater. Plus de 22°000 pièces vendues à sa mort, acquises par l’Empereur Franz Ier, tombées dans l’oubli et qui se trouvent aujourd’hui à la Bibliothèque nationale d’Autriche, à Vienne.

Une collection réunie par Lavater non seulement pour l’amour de l’art, mais qui lui servait de matériel de recherche. Son projet était en effet d’étudier l’homme et en particulier de découvrir son caractère à partir de sa physionomie. C’est la physiognomonie.

Une théorie ancienne, mais que Lavater a contribué, au XVIIIe siècle, à remettre au goût du jour, notamment à travers l’œuvre de sa vie, «L’art de connaître les hommes par la physiognomonie» (1775-1778). Une oeuvre débattue dans l’Europe entière, qui vaudra à Lavater de passer pour le «père» de la physiognomonie, mais qui lui vaudra aussi beaucoup de critiques.

Sans compter que, vue d’aujourd’hui, cette pseudo-science a des relents sulfureux, après avoir été recyclée par les théoriciens racistes et les nazis. Alors, Lavater, précurseur d’une théorie impliquée dans les catastrophes du XXe siècle?

Bernhard von Waldkrisch, l’un des organisateurs de cette exposition, remet les pendules à l’heure. «Lavater, à son époque, était un ‘citoyen du monde’. Au XIXe siècle, la physiognomonie a été mise au service d’une théorie irrationnelle cherchant à prouver la prédominance de la race blanche. Des monstruosités que Lavater aurait rejetées dès le début.»

Pierre Gobet, Zurich

«Johann Caspar Lavater (1741-1801), L’obsession du visage», au Kunsthaus de Zurich, Heimplatz 1, du 9 février au 22 avril 2001.

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