Le Cern recycle quelque 22 000 tonnes de matériaux

Le chantier est colossal. Le Cern, le Laboratoire européen de recherche en physique des particules, démonte son collisionneur de particules et recycle des tonnes de ferraille, de composants électroniques et d'aluminium. Une entreprise genevoise a décroché un mandat pour ce retraitement
Depuis le début de l’année, les camions signalés «convoi exceptionnel» dotés d’une escorte policière sont monnaie courante dans le canton de Genève, entre Meyrin et Peney. Le Cern est en train de démanteler le LEP, son fameux collisionneur de particules, le plus grand du monde.
Au total, entre l’accélérateur et les quatre expériences («Aleph», «Opal», «Delphi» et «L3») effectuées dans le tunnel du LEP, ce sont 22 000 tonnes de matériaux qui doivent être recyclées.
Suite à un appel d’offre qui a mis en concurrence une dizaine de sociétés européennes, l’entreprise française Excoffier a obtenu l’accélérateur alors que le Genevois Jaeger & Bosshard a décroché le recyclage des expériences.
«Cela représente 7000 tonnes de ferraille, d’acier-inox, d’aluminium et d’électronique, c’est une quantité exceptionnelle», explique Alain Bosshard, patron de la société. Ces matériaux, achetés au Cern pour un demi-million de franc, sont triés, coupés et conditionnés pour être ensuite expédiés en fonderie et recyclés.
Un chantier du siècle
Le mandat du Cern est l’un des plus gros chantiers de l’histoire de l’entreprise. Jaeger & Bosshard a dû mettre en place une structure spéciale au Bois-de-Bay, à Peney, pour faire face au gigantisme des pièces. La valorisation va occuper six personnes jusqu’à la fin de l’été.
Pour la ferraille, il s’agit de découper avec des «chalumeaux lance» des blocs de 80 tonnes en galettes de 4 tonnes. Elles sont ensuite chargées sur un poids lourd et expédiées à Varese, dans le nord de l’Italie. Les pièces y seront alors fondues ou utilisées, par exemple, pour rigidifier des sols en béton. En moyenne ce sont trois camions de 25 tonnes chacun qui quittent Peney tous les jours pour relier l’Italie via le tunnel de Fréjus.
L’aluminium et l’acier inox sont transformés chez Jaeger & Bosshard puis vendus pour l’exportation. L’électronique est démontée pour en extraire les éléments polluants, mais aussi les métaux précieux. Précisons que trois contrôles de radioactivité sont effectués avant qu’un élément quitte le Cern.
Fondée en 1942, l’entreprise genevoise Jaeger & Bosshard emploie 17 personnes et deux apprentis, dont un recycleur. En effet, depuis l’automne dernier, l’Association suisse du recyclage du fer et métal a créé un programme d’apprentissage de recycleur. Lors de la première année, 40 candidats ont été formés à ce nouveau métier.
Luigino Canal

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