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«Le développement durable passé par l’innovation»

Les entreprises suisses attendent de Johannesburg une revalorisation des aspects économiques et sociaux du développement durable.

René Buholzer, de la direction de la fédération «economiesuisse», est aussi membre de la délégation suisse. Interview.

swissinfo: René Buholzer, l’économie suisse est-elle prête à s’engager dans le développement durable?

René Buholzer: C’est déjà le cas. Pour ne donner qu’un exemple, une entreprise comme Rohner Textil a prouvé qu’on peut initier des stratégies écologiques et économiques viables.

Il y a deux ans, cette société saint-galloise reçu le Prix du Millenium de la Chambre de commerce internationale: les tissus qu’elle produit peuvent être compostés sans dommage pour l’environnement.

Pour nous, l’innovation est le seul chemin qui conduit vers le développement durable. Mais pour innover, l’économie a besoin d’un cadre libre.

Nous comprenons donc le développement durable non pas comme la prédominance de l’écologie et des réglementations, mais comme un processus pour trouver de nouvelles solutions.

Est-ce à dire que les milieux économiques sont allergiques aux contraintes?

R.B.: Notre philosophie est qu’il faut d’abord passer par une phase volontaire où les entreprises peuvent prendre des mesures plus efficaces pour atteindre leurs objectifs de développement durable.

Si ça ne marche pas, alors nous acceptons l’idée d’introduire des taxes d’incitation. Par contre, nous nous sommes toujours opposés au principe d’un impôt général.

Et les labels?

R.B.: Nous sommes favorables à des labels volontaires, je suis d’ailleurs convaincu que le comportement du consommateur est l’une des clés du succès du développement durable.

Il faut par conséquent lui donner le libre choix, donc davantage d’informations et de transparence sur les produits. L’important, c’est que les labels aient une signification. Mais s’il y en a trop, ça devient difficile.

Si l’on veut que le label représente ce qu’il promet, il doit aussi répondre à des normes de haute qualité et de contrôle. Pour les PME, cela peut parfois représenter des coûts trop élevés.

Le message des entreprises suisses à Johannesburg est que la participation de l’économie est nécessaire. A quelles conditions?

B.H.: Nous attendons de Johannesburg un signal clair affirmant que le développement durable est une responsabilité commune de l’économie, des ONG et de l’État. Cette idée n’était pas assez forte à Rio.

Nous ne voulons pas que la Suisse fasse des promesses qui ne soient pas acceptés en politique intérieure. Par exemple en matière de taxations sur l’énergie: le peuple a déjà dit trois fois qu’il n’en voulait pas!

Propos recueillis par Bernard Weissbrodt

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