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Le retour du mystérieux «mercure rouge»

Selon Berne, le mercure rouge ne serait pas considéré comme matériel de guerre. Keystone Archive

L'Agence internationale pour l'énergie atomique dénonce un trafic de matière radioactive venant de l'Est. Et la Suisse reparle du «mercure rouge».

Le mercure rouge est-il un produit hautement radioactif, que la mafia russe tentait de vendre à certains pays arabes en passant par la Suisse? Ou s’agit-il d’une vulgaire escroquerie? Depuis quelques semaines, des documents vieux d’une dizaine d’années, rédigés en anglais, en russe, en italien et en arabe refont surface dans les rédactions des journaux suisses.

Il n’existe qu’un document officiel, authentifié par son auteur, l’ancien conseiller national fribourgeois Bernard Rohrbasser. Le 13 mars 1992, il écrit une lettre sur un papier officiel du Conseil national pour préciser que le produit appelé «mercure rouge» n’est pas considéré en Suisse, aussi bien par le Département des affaires étrangères, que par le Département militaire fédéral, «comme étant un produit faisant partie d’un matériel de guerre».

Les stocks russes de produits radioactifs

En clair, le fameux «mercure rouge» peut fort bien être librement commercialisé en Suisse. Bernard Rohrbasser, qui était également à cette époque préfet de la Veveyse, soulignait qu’un certain monsieur Philippe, «acheteur délégué de la famille royale d’Arabie saoudite», souhaitait vivement acheter du «mercure rouge».

La vente a-t-elle eu lieu? Rien ne le prouve, même si l’ancien conseiller national se propose d’organiser «la réception en zone franche suisse du produit» mercure rouge «assurant toute garantie tant pour le vendeur que pour l’acheteur».

Et de quoi s’agit-il? Derrière cette appellation, parle-t-on de plutonium, d’uranium, de césium, d’osmium 187? Ou s’agit-il de vulgaires contrefaçons ? Depuis quelques semaines, plusieurs publications, le SonntagsBlick, le Temps, le Matin Dimanche, ont reparlé de cette histoire qui remonte aux débuts des années nonante.

Pourquoi ce nouvel intérêt pour des matières radioactives venues de l’Est? Depuis le 11 septembre 2001, les Etats-Unis regardent avec crainte vers la Russie, soupçonnée de très mal contrôler ses stocks de produits radioactifs et d’armes chimiques.

L’ombre du terrorisme

Les Américains craignent que des organisations terroristes puissent s’approvisionner dans l’arsenal nucléaire de la Russie (centrales, sous-marins et instituts de recherche dotés de réacteurs nucléaires expérimentaux). Des trafiquants ont été interceptés en Russie à la fin de l’année dernière alors qu’ils tentaient d’écouler 1,068 kilo d’uranium 235.

Récemment une journaliste d’investigation américaine (et d’origine russe), Lucy Komisar, révélait que les Etats-Unis s’intéressaient à cet éventuel trafic de mercure rouge passant par la Suisse et qui aurait tourné autour de 200 millions de francs. Ils auraient adressé des documents au Ministère public de la Confédération.

En effet, il est encore plus important de connaître ceux qui tentent d’acheter des produits radioactifs, que ceux qui les écoulent. Un exemple: l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) a découvert le mois dernier en Géorgie deux sources de strontium, un produit susceptible de participer à la fabrication de bombes radioactives «sales».

Ian Hamel

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