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SIG fait son adieu aux armes

SIG abandonne ses armes légendaires, les usines seront désormais en mains allemandes. Keystone

La Société industrielle suisse (SIG) a vendu 90 pour cent de sa division armes à deux investisseurs privés allemands. Elle assure un avenir aux 700 employés de SIG Arms à l'étranger. En Suisse, sur 150 emplois, 35 sont supprimés et 20 sont repris.

Une centaine d’emplois sont menacées dans l’attente d’un éventuel repreneur. La Fédération des associations suisses des employés des industries mécaniques et électroniques (VSAM) a aussitôt réclamé des solutions pour les personnes concernées.

Les segments vendus sont ceux des pistolets, des armes de chasse et de la production de canons de fusils, a indiqué mercredi le groupe devant la presse réunie à Zurich. Représentant 90 pour cent de la division SIG Arms, ils ont été cédés à Michael Lüke et Thomas Ortmeier. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé.

SIG Arms était dans le rouge au premier semestre. Comme déjà annoncé, le groupe veut dorénavant se recentrer sur son activité principale, les technologies d’emballage. La cotation du titre a été suspendue à la Bourse suisse (SWX) mercredi matin.

SIG espère encore trouver des acquéreurs pour les secteurs qui n’ont pas pu être vendus. Si cela n’est pas possible «dans les prochains mois», ces activités seront arrêtées, a indiqué Roman Boutellier, délégué du conseil d’administration et président de la direction du groupe.

Tel est déjà le cas pour la production d’armes de sport Hämmerli à Lenzbourg (AG), ce qui signifie la disparition de 35 emplois. SIG qui occupe 65 personnes est en revanche ouvert.

Avec la vente par le groupe SIG de la grande partie de sa division SIG Arms, un «Swiss Made» mythique de l’armement change de mains. Durant des décennies, SIG a rimé avec armes haut de gamme.

Côté armes de poing, SIG faisait figure de référence. Son modèle P 210, adopté par l’armée suisse comme «Pistolet 49» en calibre 9 mm Parabellum, est toujours considéré par les spécialistes comme «le plus beau du monde» en raison de la qualité de sa manufacture.

Le P 210, basé sur un brevet français de la fin des années 30, est en effet fraisé dans un seul bloc d’acier. Une technique onéreuse, mais insurpassable au niveau de la précision de l’usinage, et partant, de l’arme elle-même.

Son coût devenu prohibitif pour une acquisition en grande série lui fera préférer par l’armée suisse un remplaçant moins huppé, même si toujours signé et garanti SIG, le modèle P 220 ou «Pistolet 75». Ce dernier, et ses nombreux clones 225, 226 et 228 pour ne citer qu’eux, n’a pas manqué depuis de se tailler un franc succès auprès de nombreuses armées et polices du monde.

Depuis les années 50, l’arme personnelle du soldat suisse était un produit SIG. La cessation de production des fusils d’assaut marque la fin d’une époque. L’introduction du fusil d’assaut 57 (Fass 57), avec sa capacité de tirer en rafale, avait à l’époque sonné le glas du vénérable mousqueton, dont la conception remontait au siècle précédent.

Ce modèle 510 – dans la nomenclature SIG – et ses dérivés mis au point par les ingénieurs de Neuhausen (SH), certes lourd et encombrant, répondait à un cahier de charges éclectique. Il permettait non seulement le tir de précision à 300 mètres, mais aussi le feu en rafale et le lancement de grenades antichars ou antipersonnel, celles-ci jusqu’à 400 mètres.

Une trentaine d’années plus tard, évolution de doctrine d’engagement et coûts obligent, il a cédé la place à l’actuel Fass 90, un dérivé des modèles 540/550 du fabricant schaffhousois. Plus léger, conçu autour d’une munition de petit calibre (5,6 mm au lieu de 7,5 mm), il suivait une tendance déjà largement amorcée à l’étranger.

swissinfo avec les agences

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