Le choc des générations: sur quoi jeunes et vieux s’achoppent en Suisse
Cinq générations cohabitent en Suisse. Sur dix thèmes où les différences sont très visibles, nous avons tenté de comprendre comment les jeunes se démarquent des plus âgés.
- Deutsch Generationen-Clash: So ticken Junge und Alte in der Schweiz (original)
- Español El choque generacional en Suiza
- Português Fosso entre as gerações aumenta na Suíça
- 中文 瑞士80后、90后与前辈的区别……
- عربي الصدام بين الأجيال: هكذا يفكر الشباب والشيوخ في سويسرا
- Pусский Как сосуществуют в Швейцарии молодежь и старшие поколения?
- English How young Swiss differ from older generations
- 日本語 シェア好きで環境派、だけど食品ロスが多いスイスの若者世代
- Italiano Scontro generazionale: ecco come la pensano giovani e anziani in Svizzera
1. Conduire une voiture? Non merci!
End of insertionUne belle voiture, c’est le rêve de tous les jeunes, n’est-ce pas? Avant, c’était peut-être le cas aussi en Suisse. Mais aujourd’hui, l’automobile n’est plus un objectif prioritaire pour les jeunes Helvètes. Ils sont même de moins en moins nombreux à passer le permis de conduireLien externe.
Cela n’est probablement pas dû qu’à des questions de génération, mais aussi à des causes matérielles: le permis de conduire est devenu extrêmement cher et le passer demande un gros effort. En même temps, les transports publics ont étoffé leur offre avec des bus de nuit et du week-end, alors que les places de parc deviennent de plus en plus chères, surtout dans les villes. Posséder une voiture en Suisse n’est tout simplement plus aussi attractif qu’avant – ou que dans les autres pays.
2. Les jeunes veulent (ou doivent) partager plutôt que posséder
End of insertionCar-Sharing, Uber, Airbnb, coopératives d’habitation… L’économie du partageLien externe semble avoir la cote, surtout auprès des génération Y et Z. Mais comme le relevait récemment un éditorial de la Neue Zürcher ZeitungLien externe, les enfants du 21e siècle n’évitent pas de surconsommer par conscience écologique ou sociale, mais simplement parce qu’ils n’en ont pas les moyens. Et tout laisse à croire qu’il en va de même pour l’ensemble de la génération Z.
Le manque d’argent chez les jeunes est peut-être moins un problème en Suisse que dans d’autres pays occidentaux. Selon le baromètre de la jeunesseLien externe 2018 de la banque Credit Suisse, 61% des 16-25 ans interrogés aux Etats-Unis utilisent un service partagé, contre 43% en Suisse.
3. Immigration? Mariage pour tous? Les jeunes sont ouverts
End of insertionEn Suisse, les votations populaires livrent de bonnes indications sur les valeurs des différentes générations. Les vieux et les jeunes divergent souvent quand il s’agit de s’exprimer par exemple sur l’armée, la politique des étrangers ou certains thèmes de société, même si les différences sont moins marquéesLien externe que ce qu’on l’on pourrait croire de prime abord.
Il n’empêche: selon l’analyse Vox, en février 2014, les 18-29 ans ont rejeté à 60% l’Initiative contre l’immigration de masseLien externe de l’UDC, alors que l’ensemble des citoyens l’acceptait à 50,3%. La majorité des jeunes ne voulait donc pas de limitation de l’immigration. Ils voient certainement dans la libre circulation des personnes avec l’UE davantage d’opportunités de carrière tandis que les personnes proches de la retraite peuvent la ressentir plutôt comme une menace, avec la concurrence que représentent les travailleurs européens.
Par contre, les plus de 60 ans auraient accepté un projet – finalement refusé par l’ensemble des citoyens – qui voulait abolir les désavantages fiscaux frappant les couples mariés, en définissant du coup le mariage comme l’union entre un homme et une femme. Mais cette dernière notion n’entre pas en ligne de compte pour les jeunes. L’homosexualité est de mieux en mieux acceptée dans la société, avant tout parmi la jeunesse urbaine de Suisse alémanique.
4. Une maison à soi? Peut-être plus tard...
End of insertionDès les années 60, les Suisses apprécient d’avoir leur propre maison. Ce sont avant tout la génération silencieuse et celle des babyboomersLien externe qui ont construit ou acheté des villas familiales. Dès les années 80 et 90, c’est plutôt la propriété par étages qui a la cote. Le taux de propriétaires n’en est pas moins toujours bas en comparaison internationale – les Suisses restent un peuple de locataires.
Les jeunes d’aujourd’hui habitent souvent dans des appartements individuels en location, selon l’édition 2017 de l'étude sur le marché immobilierLien externe de Credit Suisse.
A long terme toutefois, les jeunes rêvent aussi de propriété. Un sondage mené récemment auprès de la génération Y par un bureau de conseil immobilier zurichois avec le quotidien NZZ a montré que 70% des sondés en Suisse accordaient une haute priorité à la propriété de leur logement.
De manière étonnante, les plus jeunes ont encore plus envie de s’installer. Selon le baromètre de la jeunesseLien externe de Credit Suisse, 84% de la génération Z souhaite avoir son propre logement (pour comparaison, ce chiffre est de 90% aux Etats-Unis, 94% au Brésil ou 92% à Singapour). Quant à savoir si leur rêve se réalisera, alors que les prix de l’immobilier augmententLien externe et que les salaires stagnent, c’est une autre question.
5. Les jeunes sont les plus grands gaspilleurs de nourriture
End of insertionLes jeunes ont nettement plus tendance à gaspiller de la nourriture que leurs aînés, qui savent mieux comment on peut encore utiliser un aliment qui n’est plus de première fraîcheur.
Ce gaspillage étonne de la part des jeunes. Car les générations Z et Y sont par ailleurs plutôt sensibles à l’écologie, comme on va le voir au point suivant.
6. Les jeunes sont attentifs au climat et à l’environnement
End of insertionEn Suisse aussi, les écoliers et les étudiants descendent dans la rue pour la protection du climat. Avec ses très médiatisées grèves du climatLien externe, la génération Z secoue le monde politique dans toute l’Europe. On parle de «génération Greta», du nom de la jeune activiste suédoise Greta Thunberg. Pour la génération Y occidentale, le changement climatique et l’environnement en général sont aussi de grands sujets de préoccupation.
On le voit également dans les résultats des votations: les jeunes auraient accepté la sortie immédiate du nucléaire, ainsi que l’initiative pour une économie verte. Ils ont été mis en minorité par les plus âgés. Mais il arrive aussi que les aînés se mobilisent pour le climat, à l’image de ce groupe de retraitées qui a ouvert une action en justice contre le gouvernement fédéral pour le forcer à en faire plus contre les émissions de gaz à effet de serre.
7. Les jeunes sont plus enclins à la performance
End of insertionSelon une étudeLien externe sur les générations en Suisse de l’Université de Constance, la génération des baby-boomers est nettement plus satisfaite de son travail que les générations X et Y. La génération Y est moins fidèle à son entreprise que les générations plus âgées et elle pense aussi plus souvent au licenciement. Pour la génération Y, un bon équilibre entre travail et vie privée est clairement plus important que pour les deux autres.
Cependant, l’étude montre que la génération Y est celle qui est la plus disposée à performer, suivie de près par la génération X. Les baby-boomers se montrent nettement moins disposés à travailler, ce qui peut toutefois être lié à l’approche de la retraite. Mais d’autres étudesLien externe montrent cette génération autour de la soixantaine comme très innovante et animée d’une soif d’apprendre et de vivre une retraite active.
8. Les jeunes s’inquiètent pour leur pension de vieillesse
End of insertionA la différence des plus âgés, les jeunes ont moins confiance dans le système étatique des retraites. De plus, beaucoup estiment que les retraités actuels sont privilégiés. Dans la génération Y, une personne sur cinq pense que la prévoyance vieillesse devrait être privatisée.
Les jeunes Suisses s’inquiètent davantage de leur retraite que les jeunes d’autres paysLien externe. Et à raison. Le système suisse des retraites est certes très généreux, mais justement pour cette raison, il est aussi moins durableLien externe.
9. Les Suisses souhaitent plus d’enfants qu’ils n’en ont
End of insertionPrès de 93%Lien externe des femmes et des hommes de 20 à 29 ans qui n’ont pas encore d’enfants souhaitent en avoir. C’est plus que les enfants qu’ont effectivement les générations plus âgées: près de sept femmes sur dix et presque deux tiers des hommes entre 25 et 80 ans sont parents d’un ou plusieurs enfants.
Pour autant, le désir d’enfants n’a que peu changé au cours des générations: dans les années 1990Lien externe, seules 6,1% des femmes interrogées et 8,9% des hommes de 20 à 29 ans ne voulaient pas d’enfants. Sur ce sujet, ce ne sont pas les générations qui divergent, mais bien plus le désir et la réalité.
10. La génération qui reste au nid
End of insertionLes jeunes d’aujourd’hui restent plus longtemps chez leurs parents que les générations précédentes. Ceci n’est pas uniquement dû aux temps de formation plus longs et aux difficultés financières, mais aussi au confort, comme le montre une étudeLien externe de comparis.ch: les jeunes adultes apprécient d’être nourris, logés et blanchis à l’«hôtel maman». Et comme la jeune génération n’est pas vraiment en conflit avec la précédente, il n’y a pas de raisons de déménager.

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