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Les mots manquent pour qualifier le drame de Sierre

L'accident a suscité une énorme émotion en Belgique. Keystone

La presse suisse peine à trouver les mots pour décrire l’horreur de l’accident de car qui a coûté la vie à 28 personnes, dont 22 enfants. Sur le terrain, les victimes sont identifiées et les premiers rapatriements de corps vers la Belgique interviendront vendredi.

Un avion C-130 de la force aérienne belge doit arriver jeudi tard dans l’après-midi à Sion pour rapatrier les premiers corps des victimes de l’accident de Sierre, ont annoncé les autorités belges. Mais il ne pourra plus revenir dans la soirée. L’appareil ne peut en effet pas décoller de l’aéroport de Sion après la tombée de la nuit.
 

Par ailleurs, l’Airbus qui se trouve à Genève ramènera les parents qui veulent rentrer, ont indiqué à l’issue d’un Comité ministériel restreint le Premier ministre Elio Di Rupo et le ministre de la Défense Pieter De Crem.

Quant aux blessés, trois d’entre eux sont toujours intransportables. Sur les 20 autres blessés, 3 rentrent en voiture avec leur famille et 3 rentrent via un vol de ligne. Les autres enfants rentreront par avion médicalisé, a indiqué la ministre de la Santé Laurette Onkelinx.

Enfin, le gouvernement a fixé la journée de deuil national à vendredi. A cette occasion une minute de silence sera observée dans tout le pays à 11 heures.

Toujours pas d’explication

L’école de Lommel compte sept blessés et 17 personnes décédées (deux adultes et 15 enfants). L’école d’Heverlee dénombre 17 blessés, et neuf morts (deux adultes et sept enfants). A ce bilan s’ajoutent les deux conducteurs du car, décédés également, a précisé Jan Eyckmans, porte-parole de la Santé publique belge, à l’Agence Belga.

Si l’identité des victimes est désormais clairement établie, il n’y a toujours pas d’explication quant aux causes du drame. La seule chose de sûre, c’est que le car belge a heurté de plein fouet une niche de sécurité en béton – la seule du tunnel – après avoir précédemment heurté la bordure et dévié de sa route.

Mais les raisons qui ont provoqué cet accident ne sont pas claires. Les enquêteurs privilégient trois pistes: un problème technique du véhicule, une erreur humaine ou un malaise du conducteur.

Presse choquée

Ce drame est bien sûr à la Une de la presse suisse de jeudi. Mais les journalistes manquent de mots pour qualifier l’ampleur d’un tel drame.

Le tabloïde alémanique Blick résume peut-être le mieux la situation. Un texte blanc en forme de croix sur fond noir commençant par le mot «pourquoi» explique qu’il n’y a pas de titre pour exprimer une telle douleur. Dans les autres publications, les mots les plus fréquents sont «choc», «drame», «tragédie», «horreur».

Dans l’ensemble, la presse nationale se montre assez sobre. Les différents articles s’attardent surtout sur le déroulement de l’accident, sur des tentatives d’explication, sur la difficile mission des sauveteurs et sur les réactions en Belgique et en Suisse.

Les deux tabloïdes du pays, le Blick et Le Matin, font davantage dans le pathos – dans le voyeurisme dénonceront certainement certains – en publiant des photos du camps de ski des élèves accidentés. Le Matin fait preuve de légèrement plus de retenue en floutant les visages des victimes.

Questions sur la sécurité

Mais au-delà de l’émotion, bon nombre de quotidiens s’interrogent aussi sur la sécurité dans les tunnels. Pour Le Temps par exemple, les niches de secours sont en question. «Il n’est pas exclu que l’aménagement des décrochements d’urgence doive être reconsidéré afin de réduire les risques de choc frontal», écrit le quotidien romand.

Le quotidien zurichois Tages-Anzeiger revient également sur ces niches de sécurité, construites dans la paroi du tunnel et dont les angles droit représentent un danger mortel en cas de collision. «C’est seulement en raison de ce mur (en angle droit) qu’une collision frontale a pu se produire», indique le journal, soulignant que ce genre de construction est répandue dans les tunnels suisses.

Les quotidiens du royaume exprimaient jeudi la douleur des Belges.

«Etat de choc» titre Le Soir, qui résume ainsi le sentiment général. Relevant les messages joyeux laissés par les élèves sur le blog de leurs aventures, l’éditorialiste du quotidien bruxellois souligne que «ces messages, nous les avons tous un jour attendus, anxieusement, après avoir vu nos enfants monter dans un car ou un train pour leur beau voyage.

«La Belgique pleure ses enfants», clame pour sa part la Dernière Heure en arborant le noir du deuil. Le quotidien consacre 14 pages à la catastrophe.

«Deuil national» affirme en Une la Libre Belgique tandis que les quotidiens du groupe Sud Presse titrent «21h15: le bonheur fracassé» et consacrent le premier cahier du journal à la catastrophe.

De Morgen s’ouvre sur une page planche. «La mort ne s’accommode pas du bonheur», constate l’éditorialiste du grand quotidien néerlandophone.

Het Nieuwsblad ouvre son journal par «un chagrin incommensurable» et publie les photos des 28 morts et 24 blessés en première page.

Le quotidien De Standaard

a choisi une Une sobre: «Sierre, 13 mars 2012 – 28 morts, 24 blessés», légende-t-il sous une photo de l’entrée du tunnel.

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