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Toujours moins d’accidents de la route en Suisse

Au fil des ans, ce genre de scène est devenu moins fréquent sur les routes suisses. Keystone/Kantonspolizei St. Gallen

Les routes suisses sont de plus en plus sûres. Pour la première fois depuis les années 1950, le nombre d’accidents graves est passé l’an dernier sous la barre des 20'000. Mais malgré cette tendance positive, les experts maintiennent la pression pour imposer de nouvelles mesures de sécurité.

Les chiffres présentés mardi par l’Office fédéral de la statistique montrent que les accidents avec blessés ont diminué de 4%, passant de 20’506 en 2009 à 19’609 en 2010. Quant aux accidents mortels, ils ont baissé de 6%, passant de 349 à 327 durant la même période.

Si au cours des dernières décennies, le nombre de véhicules en circulation a significativement augmenté, la courbe statistique des accidents a en revanche pris la direction opposée. En 1971, alors que le trafic routier était deux fois moins important, on dénombrait ainsi 30’000 accidents graves et 1773 décès.

Progrès techniques

Les experts de la sécurité routière déclarent que la baisse du nombre de blessés et de morts est en large partie due aux améliorations techniques des automobiles, à de meilleures infrastructures et à une meilleure politique. «Je crois que les principales raisons qui expliquent cette baisse sont techniques», déclare Silvan Granig, porte-parole de RoadCross, l’association suisse des victimes des accidents de la route.

«Les voitures sont devenues beaucoup plus sûres ces dernières années grâce à des systèmes d’aide à la conduite et des systèmes d’alerte qui vous avertissent lorsque vous vous trouvez du mauvais côté de la route, ou qui émettent un signal lorsque vous vous approchez d’un obstacle. De plus, les nouvelles routes sont plus larges et prennent en compte la sécurité dès leur conception.»

Mais le comportement des conducteurs reste un problème. Ainsi en 2010, une perte momentanée de concentration a été responsable de 74% des accidents et le manque d’expérience était cité dans 9% des cas.

«Les statistiques des accidents de la route sont meilleures, mais vous pouvez également constater que la manière dont les conducteurs se comportent n’a pas beaucoup changé, déclare Silvan Granig. Les accidents dus à l’alcool ont même augmenté de 4% de 2009 à 2010 et davantage de permis ont été retirés.»

Piétons en danger

Le problème le plus sérieux concerne l’augmentation du nombre d’accidents mortels concernant des piétons. Celui-ci est passé de 60 en 2009 à 76 en 2010.

Les experts sont d’avis que cette évolution pourrait être liée à une combinaison de facteurs: les mauvaises conditions météorologiques de l’année dernière, une population vieillissante de plus en plus mobile et moins de concentration tant de la part des conducteurs que des piétons.

«Ce que nous entendons, c’est qu’en Suisse, on enseigne aux petits enfants qu’il faut attendre, regarder et écouter avant de traverser une route. Mais notre impression, c’est que cet enseignement est par la suite oublié, tout spécialement avec l’utilisation d’appareils comme les téléphones portables et les baladeurs», déclare Silvan Granig.

Daniel Menna, porte-parole du Bureau de prévention des accidents (BPA), estime pour sa part que le comportement pose également problème. «Dans les régions francophones, les automobilistes ne respectent pas les droits des piétons et dans les régions germanophones, les piétons déclarent qu’ils ont le droit de traverser et pensent donc qu’ils peuvent juste sauter sur la route sans regarder», indique-t-il.

L’autre problème, c’est la modernisation des passages à piéton. Pour l’heure, la moitié d’entre eux n’offrent pas suffisamment de sécurité, toujours selon le porte-parole du BPA.

Via Sicura

Malgré la tendance à la baisse du nombre d’accidents, les experts jugent primordial d’appliquer dans son intégralité le paquet de mesures («Via Sicura») que le gouvernement propose pour améliorer la sécurité des routes suisses. Le but de ce plan, adopté par la Chambre haute en juin et bientôt débattu par la Chambre basse, est de réduire le nombre d’accidents de 25%.

«Chaque jour, une personnes meurt et 12 autres sont sérieusement blessées sur les routes; or beaucoup de ces accidents ne devraient pas se produire. Le nombre des accidents de voitures ont diminué ces dernières années, mais celui des accidents impliquant des cyclistes, de motocyclistes et des piétons est resté le même», plaide Silvan Granig.

Parmi ces mesures, citons notamment: le port obligatoire du casque pour les cyclistes jusqu’à 14 ans, la fixation d’un taux d’alcoolémie minimal plus bas pour certains groupes (conducteurs de bus et de camions, nouveaux conducteurs), obligation d’avoir toujours les phares allumés, etc…

Si ce paquet est accepté, il pourrait éviter 100 morts et 1000 blessés graves par an, estime Daniel Menna. Mais le projet ne fait pas l’unanimité. «La chute continuelle du nombre d’accidents depuis plus de 15 ans montre que les mesures prises ont atteint leur objectif et que les conducteurs sont conscients du fait qu’ils doivent prêter attention à leur manière de conduire», a par exemple déclaré le parlementaire UDC (droite conservatrice) André Bugnon sur les ondes de la Radio Suisse Romande.

Et même parmi les organisations spécialisées, on observe quelques réserves. Pro Vélo Suisse, par exemple, s’oppose au port obligatoire du casque, de crainte que cette mesure ne rende le deux-roues moins populaire.

L’Office fédéral de la statistique révèle que 5,4 millions de véhicules à moteur étaient enregistrés en Suisse en 2010.

Le nombre des motos a plus que doublé, passant de 299’264 en 1990 à 651’202 en 2010.

Le nombre des véhicules à diesel a augmenté de 18% sur la même période pour atteindre 739’000 et 17’100 véhicules hybrides ont été mis en circulation.

Une étude réalisée en 2008 par l’institut de recherche gfs.bern a montré que 80% des Suisses ont conscience que le trafic automobile a un impact négatif sur l’environnement (9% en 2005).

Deux tiers des personnes interrogées ont déclaré pouvoir imaginer acheter un véhicule moins polluant dans le futur et 88% se sont déclarées en faveur d’aides financières pour encourager l’achat de véhicules verts.

L’étude a aussi montré qu’une personne prenait chaque seconde place derrière le volant de sa voiture au moins une fois par jour et que 60% des conducteurs parcouraient plus de 100 km par semaine. Ces deux chiffres étaient en léger recul par rapport à l’étude de 2005.

Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard

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