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St-Gothard: toujours pas de réglementation pour les matières dangereuses

Keystone

La réouverture du tunnel du St-Gothard deux mois après l'accident fait tousser le Tessin. La réglementation du transport des matières dangereuses n'avance pas.

Au-delà de décembre, l’Italie, coincée géographiquement par les Alpes, risquait la thrombose si le tunnel du Saint-Gothard n’ouvrait pas. Depuis la fermeture du tunnel du Mont-Blanc en 1999, la Péninsule aurait déjà essuyé une perte financière de plus de 500 millions d’euros. Et le produit régional brut du Val d’Aoste a chuté de près de 10 %.

La Suisse, en position délicate pour les nouvelles négociations bilatérales, a donc mis les bouchées double pour rendre à la circulation le principal axe routier entre l’Europe du nord et l’Italie (l’Allemagne est le premier partenaire commercial de l’Italie), Au risque de provoquer la mauvaise humeur des cantons d’Uri et surtout du Tessin.

Population incommodée

La population n’est pas seulement incommodée par les longs convois de camions et les gaz d’échappement, elle dénonce le fait que la réglementation sur le transport des matières dangereuses n’a pas évolué d’un pouce depuis l’accident du Saint-Gothard en décembre. En clair, les matières théoriquement inoffensives peuvent s’avérer dangereuses lorsqu’elles s’enflamment en milieu confiné.

C’est la collision d’un camion transportant des pneus et des bâches de même qu’un camion contenant des matériaux d’isolation qui a causé la mort de 11 personnes dans le tunnel du Saint-Gothard. La fumée noire, provoquée par l’incendie des pneus, a non seulement asphyxié les conducteurs, elle a aussi bloqué le système de ventilation.

Il ne faudrait donc pas se méfier seulement des convois de dynamite, de produits radioactifs ou d’essence. Tous les chargements à haut pouvoir calorifique représentent un danger dans un tunnel.

Le député français Christian Kert, auteur d’un rapport intitulé “La sécurité dans les tunnels “, réclame donc une évolution de la réglementation sur les transports de matières dangereuses seulement lors de leurs transports (et non toute leur vie).

Même un pneu et de la margarine

En d’autres termes, un pneu ou de la margarine (inflammable quand elle fond) devraient faire l’objet de précautions particulières quand ils sont chargés dans des camions. A commencer par une modification de l’étiquetage des chargements.

Alors que Paris, qui n’a toujours pas réouvert le tunnel du Mont-Blanc, met l’accent sur les lacunes de la législation européenne en matière de classement de matières dangereuses, Berne, en revanche, n’a même pas soulevé la question. Faudra-t-il attendre un autre accident?

Ian Hamel

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