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Suisse – USA, nations sœurs, oui mais…

Les questions des droits de l'homme et du traitement infligée aux détenus de Guantanamo restent une pomme de discorde entre les deux pays. Keystone

Les relations entre les Etats-Unis et la Suisse ont connu un développement sans précédent sous les deux mandats de George Bush. Mais il subsiste des divergences. A la veille de la présidentielle, rien ne permet d'affirmer qu'elles seront résolues par son successeur.

Au sein de l’administration Bush, au Congrès ou dans les «think tanks», ces centres de réflexion où s’élabore souvent la politique étrangère américaine, le sentiment général est que les relations entre les Etats-Unis et la Suisse sont plus étroites que jamais.

«Nous avons une relation exceptionnelle avec la Suisse», déclare ainsi à swissinfo Kurt Volker, adjoint principal du vice-ministre chargé des Affaires européennes.

«Les Etats-Unis et la Suisse sont deux pays qui partagent les mêmes valeurs, qui travaillent ensemble pour affronter des défis communs et dont les domaines de coopération sont nombreux et variés», précise le numéro deux du bureau européen du Département d’Etat.

A l’issue d’une rencontre avec la cheffe de la diplomatie helvétique Micheline Calmy-Rey en janvier dernier, la patronne de Kurt Volker, Condoleeza Rice, a déclaré que «la relation entre la Suisse et les Etats-Unis est basée sur la confiance mutuelle et une longue tradition».

La confiance est telle que la Suisse représente les intérêts des Etats-Unis en Iran et à Cuba depuis des décennies. La tradition remonte à la Guerre d’indépendance des Etats-Unis, à laquelle de nombreux Suisses ont participé du côté des révolutionnaires américains.

La tradition se traduit par l’influence constitutionnelle que ces «républiques sœurs» ont exercé l’une sur l’autre à des dates cruciales de leur histoire. Et elle se prolonge jusqu’à aujourd’hui, avec notamment la formation d’une Commission Économique Bilatérale en 2000.

Unis contre le terrorisme

Et il y a plus: les attentats du 11 septembre 2001 et la mobilisation du gouvernement américain autour de la «guerre contre le terrorisme» de George Bush ont conduit à un resserrement sans précédent des relations avec la Suisse.

«Les relations bilatérales se sont considérablement développées depuis les attentats», déclare Joelle Attinger, présidente du European Institute, un «think tank» basé à Washington.

«L’évolution des relations depuis 2001 a été positive du point de vue américain, note Joelle Attinger. Les Etats-Unis apprécient le rôle de la Suisse en tant qu’interlocuteur neutre qui a pu interagir positivement avec l’Amérique sur des dossiers de première importance pour Washington, tels que l’Iran».

Cinq ans après les attentats, les Etats-Unis et la Suisse ont signé pas moins de trois accords qui déclinent ce que Condoleeza Rice appelle leur «coopération intensifiée» dans les domaines politique, policier et judiciaire, ainsi que commercial et économique.

«Nos deux pays ont fait un pas en avant en 2006 pour créer une relation plus structurée», explique Kurt Volker.

«Les Etats-Unis avaient déjà une solide relation avec l’OTAN et l’Union Européenne et nous avions donc besoin de renforcer notre lien avec la Suisse», ajoute le numéro deux du bureau européen du Département d’Etat.

Des tensions malgré tout

Mais si les Américains ne tarissent pas d’éloges sur l’aide de la Suisse dans la lutte contre le financement du terrorisme, les relations entre les «républiques sœurs» sont, comme avant 2001, sujettes à des tensions.

A la fin des années 90, il y a eu l’affaire des avoirs juifs en déshérence dans les banques suisses. Aujourd’hui, il y a celle du traitement des suspects de terrorisme par les Etats-Unis, de Guantanamo aux «sites noirs» de la CIA.

«Les droits de l’homme constituent un fossé entre les Etats-Unis et la Suisse, qui a une position très claire en tant que gardienne des Conventions de Genève et qui sert de reflet de la conscience mondiale», souligne Joelle Attinger.

Le successeur de George Bush héritera de ces tensions, mais il n’est pas certain qu’il puisse ou veuille les résoudre.

«Si c’est John McCain, la marge de changement sera plus limitée que si c’est Barack Obama, dont l’approche des problèmes qui préoccupent les Etats-Unis et la Suisse sera plus multilatérale. Mais il faut être prudent et ne pas trop attendre d’Obama», avertit la présidente du European Institute.

«Il ne faut pas sous-estimer le rôle du Congrès. Or un président Obama devra gouverner avec un Congrès qui sera difficile à gérer, même si les Démocrates y renforcent leur majorité. Car leur parti abrite une grande diversité d’opinions», conclut Joelle Attinger.

swissinfo, Marie-Christine Bonzom, Washington

Dans la perspective de l’élection présidentielle américaine, swissinfo publie une série d’articles, notamment sur les relations entre la Suisse et les Etats-Unis d’Amérique.

En rédigeant la Déclaration d’Indépendance vis-à-vis de la Grande-Bretagne en 1776, Thomas Jefferson et les autres «Pères Fondateurs» des Etats-Unis s’inspirent notamment de la Suisse et de penseurs tels que le Genevois Jean-Jacques Burlamaqui, théoricien du droit naturel.

En 1848, les auteurs de la Constitution fédérale prennent à leur tour la Constitution américaine comme modèle en ce qui concerne le bicaméralisme et le fédéralisme.

Les Etats-Unis établissent des relations diplomatiques avec la Suisse en 1853 et la Suisse retourne la politesse en 1868.

Après le traumatisme que l’affaire des avoirs juifs en déshérence dans les banques suisses a causé dans les relations bilatérales, Washington et Berne ont resserré leurs liens.

Une Commission Economique Bilatérale a été créée en 2000, lors du sommet de Davos.

En 2006, l’Administration Bush et la Confédération poursuivent cette stratégie de rapprochement en signant trois accords, l’un politique, l’autre relatif à l’entraide policière et judiciaire avec pour visée essentielle le terrorisme et le troisième économique et commercial.

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