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Suisse-ONU: la neutralité toujours au coeur du débat

Alors que s´achève la procédure de consultation sur l´adhésion de la Suisse aux Nations Unies, force est de constater que la question de la neutralité demeure l´une des principales pierres d´achoppement du débat entre partisans et adversaires.

A lire l’argumentaire du Comité d’initiative pour l’adhésion de la Suisse à l’ONU, l’enjeu du problème saute aux yeux: «lorsque la Suisse se tient à l’écart alors que les différents acteurs internationaux recherchent ensemble des solutions globales, son attitude n’est plus guère mise sur le compte de sa neutralité politique. On considère plutôt qu’elle prend le train en marche.»

Dans le discours d’accueil qu’il a prononcé lors du colloque organisé vendredi par le Forum suisse de politique internationale, Vladimir Petrovsky, directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève, ne s’est pas privé de rappeler à ses hôtes, mais tout en diplomatie, qu’aujourd’hui «on ne peut pas être neutre face aux défis du monde qui sont d’abord des défis humanitaires».

Même difficulté de compréhension de la position suisse chez Yves Berthelot, ancien secrétaire général adjoint de l’ONU, qui se demande «pourquoi la Suisse ne joue pas pleinement son rôle» dans la résolution des problèmes du futur, en particulier en ce qui regarde la «gouvernance mondiale».

Si dans les partis radical, démocrate-chrétien et socialiste cette vision des choses semble aller largement de soi, l’Union démocratique du centre en fait par contre l’une des cibles préférées de ses attaques. Pour l’UDC, une Suisse membre de l’ONU se verrait impliquée malgré elle, voire contre sa volonté, dans des décisions prises par les grandes puissances, ce qui à ses yeux contredit manifestement le principe de neutralité.

Même argumentation du côté de l’ASIN, Action pour une Suisse indépendante et neutre: «l’exemplaire neutralité suisse, qui a largement fait ses preuves par le passé, va également à l’avenir constituer un instrument de sécurité ultramoderne pour notre pays, pour peu que sa neutralité ne soit pas abandonnée ou que sa crédibilité ne soit pas compromise».

A ce propos, il n’est pas inutile de rappeler que le gouvernement suisse, dans son rapport sur les effets de l’adhésion à l’ONU, souligne que «le statut de membre est compatible avec la neutralité». Il est d’ailleurs prévu que la demande officielle d’adhésion que la Suisse présenterait en cas de oui populaire ferait référence au maintien de la neutralité de la Suisse, position qui serait à nouveau exprimée lors de la première participation suisse à l’Assemblée générale.

Mais le comité d’initiative pour l’adhésion, dans sa réponse à la consultation, demande au Conseil fédéral de renoncer à ce genre d’explication solennelle car, selon lui, le principe de neutralité s’applique à des situations militaires entre Etats. Ce qui ne serait pas le cas de l’ONU qui n’agit pas comme belligérant mais comme force d’interposition.

Le comité d’initiative en tire la conclusion que, «avec une déclaration de neutralité dans un contexte qui n’affecte pas du tout la neutralité, le Conseil fédéral créerait la confusion plutôt que la clarté; il renforcerait la position de ceux qui pensent, de façon erronée, que l’entrée de la Suisse à l’ONU remettrait sa neutralité en cause».

Bernard Weissbrodt

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