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Sulzer Medica prend le chemin de l’indépendance

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La voie vers l'indépendance est libre pour Sulzer Medica. Réunis en assemblée générale, les actionnaires du groupe actif dans les technologies médicales ont posé lundi les bases de la séparation d'avec Sulzer. Reste que la société est handicapée par ses problèmes aux Etats-Unis.

«Le spin-off de Sulzer Medica marque le début d’une nouvelle ère», a déclaré lundi Max Link, le président du conseil d’administration devant quelque 400 actionnaires réunis à Zurich. Ces derniers ont accepté à une large majorité les base juridiques de l’autonomisation de la filiale créée il y a 40 ans par Sulzer.

Toutefois, l’affaire des hanches artificielles et des plaques de fixation pour tibias défectueuses a occupé le devant de la scène. A ce jour, 2200 patients ont dû être réopérés, soit 100 de plus que lors du dernier bilan annoncé la semaine passée.

Plus de 1000 plaintes aux Etats-Unis

Le nombre absolu de cas continue ainsi d’augmenter, même si le rythme de cette augmentation est moins rapide, a noté M. Link. Le nombre de réopérations concernant les plaques de fixation pour tibias, qui sont des composants de prothèses de genou, a grimpé à 140.

Le nombre de plaintes déposées aux Etats-Unis s’établit à 1029, dont une soixantaine d’actions collectives. Les premières audiences sont prévues en août. Deux plaintes concernent les plaques de fixation pour tibias.

M. Link a par ailleurs rendu public pour la première fois le montant de la couverture d’assurance de Sulzer Medica, qui se chiffre à 400 millions de francs. «Cela ne devrait pas suffire à couvrir tous les frais relatifs aux hanches artificielles», a-t-il souligné.

Pour le président du conseil d’administration, le doute n’est pas permis: les dommages resteront circonscrits à la filiale américaine active dans l’orthopédie. Sulzer Orthopedics, dont le siège se trouve à Austin, Texas, a développé, fabriqué et vendu les produits incriminés: elle doit assumer.

Devant un tel cas, «il n’est pas possible d’appliquer la devise un pour tous, tous pour un», a ajouté M. Link. Les autres divisions du groupe ne doivent pas subir le contrecoup de ces affaires. «J’espère néanmoins que l’existence de l’entreprise d’outre-Atlantique n’est pas menacée».

Il n’est d’ailleurs pas dans l’intérêt des plaignants que cette société disparaisse, a encore estimé M. Link. Sulzer Medica ne va pas abandonner sa filiale américaine, car les affaires du secteur orthopédique restent malgré tout florissantes aux Etats-Unis.

Un détective engagé

Répondant à une question d’une actionnaire, M. Link n’a pas exclu que les problèmes liés aux prothèses constituent un acte de sabotage. L’entreprise de Winterthour a mandaté un détective privé pour mener l’enquête. Toutefois, «aucun indice concret n’existe pour l’heure», a dit M. Link.

Mais il ne s’agit pas de détourner l’attention, a-t-il poursuivi. En parallèle, Sulzer Medica mène au total 60 études, afin de déterminer l’origine des résidus graisseux qui empêchent la prothèse d’adhérer à l’ossature.

Parmi les problèmes que l’entreprise texane a dû affronter figurent les nombreux changements de personnel, a expliqué M. Link. En raison d’un marché du travail asséché, le taux de fluctuation des employés atteint plus de 30%. «La formation des collaborateurs s’en est ressentie».

Et «l’affaire va coûter cher», a estimé M. Link. Elle va laisser de profondes traces sur le bénéfice du groupe. En ce qui concerne le chiffre d’affaires du secteur orthopédique américain, le recul de 4% à 141 millions de francs reste limité sur le 1er semestre 2001. Mais 10 à 15% des clients se sont détournés de la société.

En Europe, la bonne tenue des ventes du secteur, qui ont crû de 3,4% par rapport au six premiers mois de l’an passé, à 307 millions, ont plus que compensé le recul subi outre-Atlantique. Au total, Sulzer Medica a généré un chiffre d’affaires de 720 millions, en hausse de 5%.

Le titre Sulzer Medica n’est en pas moins resté sous pression à la Bourse suisse. Vers 15h30, l’action du groupe plongeait de 4,76% ou 5 francs, à 100 francs. Depuis le début de l’année, elle a perdu plus de 75% de sa valeur.

swissinfo avec les agences

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