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Surfer intelligemment, le prochain défi de l’école

Plus de 1800 écoles ont un accès rapide à Internet. Keystone

Près d'un demi-million d'élèves ont un accès rapide à Internet, grâce à l'initiative «Partenariat privé-public - L'école sur le net», lancée en août 2002.

Mais l’école doit maintenant développer l’esprit critique des élèves face à l’utilisation d’Internet.

A ce jour, quelque 1850 écoles primaires et secondaires suisses ont été connectées à Internet. D’ici fin 2005, les 5000 établissements scolaires du pays devraient en être équipés.

Telle est, en tout cas, l’ambition des partenaire publics et privés de l’initiative nationale «PPP – L’école sur le net».

La Confédération finance des mesures de formation continue des enseignants et des programmes pédagogiques à hauteur de 81 millions sur cinq ans.

Pour leur part, les cantons se chargent de la transmission des connaissances, alors que les partenaires privés assurent l’infrastructure technique, – ordinateurs, logiciels et accès au réseau.

L’opérateur téléphonique Swisscom s’est pour sa part engagé à fournir un raccordement à large bande à toutes les écoles du pays d’ici 2005.

Apprendre à apprendre

Lundi, six mois après le lancement du projet, ses divers partenaires ont tiré un premier bilan à Berne. Ils ont aussi lancé sur les rails une locomotive des CFF aux couleurs d’ «Internet à l’école», qui sillonnera la Suisse pendant un an.

«Il est dans l’intérêt de la collectivité toute entière que la jeune génération soit préparée de manière adéquate et durable à la société de l’information», a déclaré Eric Fumeaux, directeur de l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT).

Une manière aussi de répondre aux exigences de l’économie qui veut des jeunes prêts à entrer directement dans le marché du travail.

Pour Mario Annoni, directeur de l’instruction publique du canton de Berne, Internet doit être intégré dans l’enseignement, car «son utilisation ciblée favorise l’acquisition du savoir».

Et c’est bien là que réside le principal problème. Il s’agit désormais d’utiliser intelligemment les technologies de l’information pour apprendre à apprendre.

Plus question de se cantonner au seul apprentissage de l’utilisation des outils technologiques.

A l’aune de sa valeur pédagogique

«Jusqu’à présent, la plupart des élèves ont appris à utiliser les logiciels. Maintenant il s’agit d’aller plus loin et d’intégrer l’informatique, Internet y compris, dans les cours eux-mêmes», explique Francis Moret, directeur du Centre suisse des technologies de l’information dans l’enseignement (CTIE) qui coordonne les différents projets.

L’outil Internet ne sera introduit que lorsqu’il a un sens pédagogique ou didactique. Il ne remplacera donc pas des outils de formation plus traditionnels s’ils sont efficaces.

«Ceci dit, insiste le directeur du CTIE, il faut absolument développer l’esprit critique des jeunes face à la masse d’informations disponibles sur Internet. Et donc renforcer l’éducation aux médias.»

On pense notamment au choix et à la critique de l’information provenant du web ou encore aux aspects liés aux droits d’auteurs.

Ne pas rater la marche

Il prévient encore, qu’«avec Internet, il ne faut pas rater la marche, comme la Suisse l’a ratée avec la télévision. Il est vrai qu’aucun cours de décryptage de la communication télévisuelle ne figure au programme de l’école obligatoire.

«Mais, ajoute-t-il, si la TV est un outil de communication que l’on consomme passivement, Internet offre la possibilité d’être interactif.»

En conclusion, aux trois missions traditionnelles de l’école, – apprendre aux jeunes à lire, à écrire et à compter -, il faut ajouter celle d’apprendre à communiquer, au sens le plus large du terme, précise Francis Moret.

Eviter la récupération

Face aux changements probables du visage de l’école, dans le monde entier, le dernier danger qu’il faudra encore éviter est celui de la récupération de l’école par l’industrie privée. L’OCDE s’en préoccupait d’ailleurs il y a quelques jours encore, lors d’une conférence internationale.

«L’angélisme n’existe pas dans ce domaine, résume Francis Moret. Il est clair que l’engagement du secteur privé en faveur d’Internet et de l’informatique à l’école n’est pas innocent.»

Il faudra donc prévenir une déscolarisation de l’utilisation de l’informatique où le privé prendrait l’ascendant au niveau pédagogique. Les pouvoirs publics ne doivent pas se laisser par exemple dicter des plans d’études.

L’apport de l’industrie privée doit donc rester confinée au niveau de l’équipement et de l’accès au réseau.

Projets cantonaux en route

En attendant, six mois après l’entrée en vigueur de la Loi fédérale sur l’encouragement de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication qui a lancé «PPP – L’école sur le net», la plupart des cantons ont réagi.

24 cantons sur les 26 ont déjà demandé un soutien à la Confédération dans le cadre de 44 projets qui ont été déposés. 16 ont été acceptés et sont prêts à démarrer.

Les projets acceptés portent sur la formation de formateurs en technologies de l’information et de la communication (ICT).

En règle générale, il s’agit d’un programme d’une centaine d’heures auxquelles s’ajoutent 150 heures de travaux de groupe. Ces derniers débouchent sur des scénarios pédagogiques qui pourront être autant de matières d’enseignement.

Mais précise encore Francis Moret, les projets soutenus par la Confédération doivent être financés à hauteur de 20% au minimum par les cantons. L’effort de la Confédération, s’il est consistant, n’en est pas moins subsidiaire.

swissinfo, Anne Rubin

L’initiative «PPP – L’école sur le net» a été lancée en août 2002
Elle se base sur la Loi fédérale sur l’encouragement de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication
La Confédération participe à hauteur de 81 millions de francs sur 5 ans
Les cantons investiront 800 millions de francs
Le reste, soit environ 100 millions proviennent des engagements de l’industrie privée.

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