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Swiss: rabais et aide étatique en question

Les dirigeants de Swiss, dont André Dosé (photo) se sont largement exprimés dans la presse ce week-end. Keystone Archive

André Dosé, patron de Swiss, veut remplir les vols régionaux grâce à des rabais pour certaines destinations.

Selon lui, la compagnie aérienne dispose encore de liquidités suffisantes jusqu’à fin 2003. Mais la question d’une aide étatique refait surface.

Nous avons besoin du segment régional, a affirmé André Dosé dans une interview au «SonntagsBlick». Mais le réseau européen est confronté à des coûts fixes trop élevés, et à des taux d’occupation insuffisants.

Des offres de l’ordre de celles pratiquées par les compagnies à bas prix pourraient y apporter un certain remède, estime-t-il.

Sans donner davantage de détails, le patron de Swiss explique que «nous ne le ferons naturellement pas pour des liaisons comme Zurich- Ljubljana, mais sur des ‘boulevards’ comme Paris ou Londres.»

Démembrement pas exclu

Et si la seule manière de baisser massivement les coûts passe par là, il n’est pas exclu que le trafic régional soit externalisé, a-t-il encore expliqué dans cette interview.

Il confirme ainsi des scénarios déjà évoqués dans les médias de scission de Swiss en deux entités distinctes.

Par ailleurs, à l’instar de ce qu’avait déclaré le président du conseil d’administration de Swiss, le Néerlandais Pieter Bouw, à la «Finanz und Wirtschaft» parue samedi, la compagnie aérienne helvétique ne manquerait pour l’heure pas de liquidité.

«Jusqu’à fin 2003 les liquidités et le capital suffiront», estime André Dozé.

Comme les autres compagnies aériennes, Swiss – qui perdrait jusqu’à 3 millions de francs par jour actuellement – a pâti de la guerre en Irak et souffre de l’épidémie de pneumonie atypique (SRAS).
«Il serait mauvais que ces deux facteurs continuent d’influencer négativement la saison d’été». Le cas échéant Swiss devrait encore réduire ses capacités.

Aide étatique

André Dosé ne compte pas a priori sur de nouvelles aides étatiques pour soutenir Swiss. A titre de rappel, l’Etat avait injecté plus de 2 milliards de francs pour lancer la compagnie sur les restes des ex-Swissair et Crossair.

Mais il estime que Swiss doit pouvoir se mesurer à armes égales sur le marché mondial.

Et il note à ce propos que les Etats-Unis viennent d’octroyer quelque 4 milliards de dollars pour soutenir les compagnies américaines en difficultés. Et une vingtaine de milliards de dollars devraient encore suivre pour pallier les effets du conflit irakien.

«Nous ne demandons pas une aide financière directe», affirme André Dosé. Mais il pense que pour les primes d’assurances ou la sécurité aérienne, Swiss paie en fait pour l’Etat.

«Les terroristes ne prennent pas une compagnie dans leur viseur, l’objectif réel est l’Etat qui abrite cette compagnie», explique-t-il.

Egalement cité dans le «SonntagsBlick», le ministre des transports Moritz Leuenberger répète «qu’aujourd’hui, tout le monde est d’accord pour que la Confédération ne paie plus rien».

Mais il n’y a pas d’opinion définitive, ajoute-t-il. Si l’Union européenne aidait ses compagnies, il n’est pas certain que la Suisse ne révise pas sa position, selon lui.

swissinfo et les agences

– 1er avril 2002: envol de Swiss.

– 16 septembre 2002: Swiss annonce des pertes de 447 millions de francs pour son premier semestre d´existence. Avec 1,754 milliard de francs, le chiffre d´affaires dépasse nettement le 1,209 milliard inscrit au business plan.

– 19 novembre 2002: Swiss réduit sa flotte de huit avions et doit supprimer 300 emplois. La compagnie crée d’autre part 200 postes dans le secteur de la technique et des technologies de l´information.

– 17 janvier 2003: avec 11,6 millions de passagers sur ses vols en 2002, Swiss a transporté 1,8 million de personnes de plus que prévu dans le business plan.

– 27 janvier 2003: André Dosé annonce «une année 2003 difficile» pour Swiss.

– 25 février 2003: Swiss annonce la suppression de 700 emplois et la réduction de sa flotte de 20 avions, dont 17 régionaux, sur une flotte de 132 appareils. La mesure doit prendre effet le 30 mars.

– 25 mars 2003: Swiss réduit son capital au moyen d’une réduction de la valeur nominale de ses actions qui passe de 50 à 32 francs.

– 15 avril 2003: Swiss décide de réduire de 6,5% ses capacités de transport à titre provisoire. La guerre en Irak et l’épidémie de SRAS sont en cause.

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