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Swisscom plie devant le gouvernement

Jens Alder et le reste de la direction de Swisscom restent en place. Keystone

Le groupe suisse de télécommunications à cédé à la pression exercée par le Conseil fédéral et interrompu ses négociations visant au rachat de l'irlandais Eircom.

Le géant bleu est sorti de son silence lundi à propos de la controverse autour de son avenir. En attendant une nouvelle stratégie, les dirigeants restent en place.

Les grandes lignes directrices remaniées devraient être dessinées d’ici à la fin de l’année, a indiqué Swisscom lundi dans son communiqué.

Il y confirme que les négociations en vue d’un rachat de l’irlandais Eircom ont été interrompues depuis que le gouvernement a décidé de bloquer toute expansion internationale d’envergure de la société, avant sa privatisation.

Graves inquiétudes

«La controverse de ces derniers jours» a suscité «de graves inquiétudes parmi les actionnaires, les clients et les collaborateurs», déplore le groupe de télécommunications. Ses responsables et des représentants de la Confédération se sont, depuis lors, rencontrés à plusieurs reprises» afin de clarifier la position de l’Etat sur ces questions.

Il en a résulté une nouvelle marche à suivre. Dans l’attente des nouveaux objectifs établis par l’exécutif fédéral, Swisscom s’est engagé à n’acheter, dans l’intervalle, aucun opérateur étranger détenant un mandat de service universel.

Le groupe ne voit d’ailleurs aucune cible potentielle «dans les circonstances actuelles».

Une vision claire

Swisscom n’en formule pas moins sa propre idée concernant les objectifs 2006-09. L’entreprise pense qu’ils «devraient être obligatoirement accompagnés d’affirmations précises».

Elle évoque notamment la question de la conformité aux dispositions de la loi sur l’entreprise de télécommunications, de la stratégie de Swisscom sur le plan international, la politique de distribution, le processus de privatisation et les répercussions des instructions données au représentant de l’Etat au sein du conseil d’administration.

L’opérateur historique veut aussi que la communication au sein du Conseil fédéral soit clarifiée. Il prône enfin «l’invariabilité des objectifs stratégiques pendant la période de quatre ans pour laquelle ils sont fixés».

Garantir la confiance

Ces précisions doivent permettre «de garantir la confiance des investisseurs et, au conseil d’administration, d’exercer pleinement sa fonction d’organe engageant l’entreprise, conformément au droit des actions et au droit du marché des capitaux», selon le communiqué.

Concernant la privatisation enfin, Swisscom ne veut pas de «golden share» étatique, c’est-à-dire d’une part à droit privilégié. Pour l’opérateur, si Berne devait garder des titres en tant qu’actionnaire minoritaire, ce devrait être selon la règle une action, une voix.

Berne au cœur de la controverse

Tout a commencé le 24 novembre lorsque le Conseil fédéral annonçait avoir chargé le ministère des Finances d’élaborer un projet de révision de la loi sur l’entreprise de télécommunications.

Motif: dans le contexte hautement concurrentiel dans lequel évoluent les télécommunications, la Confédération n’est plus l’actionnaire adéquat pour Swisscom. En outre, ce contexte implique des prises de risque que la Confédération estime ne pas devoir assumer.

Le lendemain de ces déclarations, nouveau coup de tonnerre dans le ciel bleu de la téléphonie: le Conseil fédéral annonce qu’il s’oppose à ce que Swisscom achète des participations à l’étranger, tant que lui-même sera majoritaire.

La direction du groupe est sortie de son silence lundi matin en organisant une conférence de presse à Zurich.

swissinfo et les agences

Le gouvernement suisse détient 66% des actions de Swisscom, soit 17 milliards de francs en valeur boursière actuelle.
Le titre a rapporté 9 milliards à l’Etat depuis 1998.
Le capital est réparti entre 64’000 actionnaires, en majorité suisses.
Le gouvernement allemand détient 37% de Deutsche Telekom.
Le gouvernement français détient 33% de France Telecom.
Le gouvernement italien ne détient plus de participation dans Telecom Italia depuis 2000.
Swisscom a perdu son monopole sur le marché des télécommunications en 1997.

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