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Trafic d’armes entre la France et l’Angola: la Suisse échappe à un nouveau scandale

Jean-Christophe Mitterrand aurait touché près de deux millions de dollars de Pierre Falcone. Keystone / EPA / AFP Files / Pierre Verdy

En 1998, Pierre Falcone, le patron de Brenco International - l´homme qui est à l´origine de l´incarcération de Jean-Christophe Mitterrand - avait demandé un permis de résidence en Suisse. Avertie à temps, Genève avait refusé de l´accueillir.

Une affaire de vente d’armes à l’Angola portant sur 553 millions de dollars ébranle actuellement la France. Elle met en cause des personnalités de gauche comme de droite, notamment Jean-Christophe Mitterrand, fils aîné de François Mitterrand, et ancien responsable de la cellule «affaires africaines» de l’Elysée. Il est inculpé depuis jeudi pour «complicité de trafic d’armes et abus de biens sociaux».

L’annonce de cette vente d’armes à l’Angola, un pays en guerre, aurait fort bien pu retomber sur la Suisse. En effet, Pierre Falcone, 46 ans, le PDG de la société Brenco International, soupçonné d’avoir organisé ce juteux trafic, a tenté de s’établir en Suisse en 1998.

Il faisait alors l’objet à Paris d’un redressement fiscal d’un milliard de francs français (235 millions de francs suisses) et souhaitait s’établir dans un pays fiscalement plus accueillant. Malgré l’appui de grandes sociétés françaises, notamment Matra, très active dans l’armement, la demande de permis B de Pierre Falcone a été repoussée par le canton de Genève. Un an auparavant, celui-ci avait pourtant accordé un permis C de résident permanent à Alfred Sirven, l’ex-numéro 2 d’Elf.

«Si certains services secrets français soutenaient les activités de Pierre Falcone et de ses amis, notamment le Russe Arcadi Gaydamak, en revanche d’autres services voulaient sa peau», explique un proche du dossier. En clair, ces derniers auraient discrètement communiqué certaines informations compromettantes sur le marchand d’armes à la Suisse.

Ni Berne ni Genève ne souhaitent commenter officiellement ce rejet de permis remontant à mars 1998. Mais il est clair que la Suisse se félicite de ne pas voir associé son nom à un nouveau scandale.

L’enquête ne manquera pas de souligner que Jean-Christophe Mitterrand a été durant plusieurs années salarié d’une fondation installée à Genève et très active dans les pays africains.

Inculpé depuis le 1er décembre pour «commerce illicite d’armes, fraude fiscale et abus de confiance», Pierre Falcone aurait versé 1,8 million de dollars à Jean-Christophe Mitterrand entre 1993 et 1998. Soi-disant pour de simples conseils.

Ian Hamel

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