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Tunnels et galeries: le risque zéro n’existe pas

Le trou provoqué par la chute d'un rocher sur le toit de la galerie (route de l'Axen). Keystone

En un peu plus d'un mois, des chutes de rochers ont gravement endommagé deux ouvrages de protection autoroutiers en Suisse.

Après un tunnel dans l’Oberland bernois, c’est une galerie de protection qui a été endommagée près du Lac d’Uri.

Un nouvel éboulement a entraîné la fermeture d’un tunnel dans le canton de Schwytz, sur la route de l’Axen. Dans la nuit de mardi à mercredi, la chute d’une roche de 5m3 a perforé le plafond de la galerie qui précède un tunnel entre Brunnen et Sisikon.

Pas de victimes à déplorer



Bien que personne n’ait été blessé, la police cantonale a fait savoir que la voie resterait fermée jusqu’à mardi midi en tous cas.

Une chute de rochers était également à l’origine de l’effondrement d’une partie d’un tunnel autoroutier au bord du Lac de Brienz, le 4 janvier dernier, une nouvelle fois sans que personne ne soit blessé.

Alors, s’agit-il d’un simple concours de circonstances ou d’une grave carence dans un pays où la sécurité absolue est élevée au rang de vertu?

Deux types de protections



A l’heure actuelle, les prescriptions de sécurité dans la construction de tunnels autoroutiers sont édictées par l’Office fédéral des routes. Il distingue deux types de dangers: les chutes de pierres et les chutes de rochers.

Dans le cas de la route de l’Axen, la galerie était construite pour résister aux chutes de pierres et non à celle d’un gros rocher. En clair, la galerie aurait résisté à la chute d’une pierre de 200 kilos d’une hauteur de 100 mètres, mais pas à celle d’un rocher de huit tonnes.

Le risque zéro n’existe pas



Un phénomène qui n’inquiète pas Daniel Schneider, même s’il déplore l’accident. «La chute d’un rocher de cette taille est un risque sur lequel il faut compter, sachant qu’elle se produit une fois tous les 20 à 80 ans», explique le porte-parole de l’Office fédéral des routes.

Car, malgré tous les progrès réalisés tant dans la construction que dans les aménagements sécuritaires des tunnels, la sécurité absolue est une illusion.

«Le risque zéro n’existe pas», confirme Peter Egger, professeur en mécanique des roches à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Une enquête est en cours

Dans la perspective de minimiser les risques, l’Office fédéral des routes a pourtant mis en route une enquête sur toutes les galeries de protection contre les chutes de pierres. Et cela, dès l’accident survenu aux abords du Lac de Brienz, début janvier.

«12 à 15 kilomètres d’ouvrages seront contrôlés pour voir s’ils ont des défauts manifestes, comme des galeries de protection trop courtes», précise Michel Egger, vice-directeur de l’Office fédéral des routes.

Les usagers doivent vivre avec ce risque

Les résultats de cette étude ne seront connus qu’au mois d’avril. Mais cela n’empêche pas les scientifiques de poursuivre leurs recherches.

«A l’heure actuelle, conclut Peter Egger, nous essayons de déterminer l’épaisseur optimale d’une couche de sable et de gravier qui, placée sur la couche de béton armé de la galerie ou du tunnel proprement dit, permettrait d’amortir les chocs.»

Mais à l’impossible nul n’est tenu. Les automobilistes, comme les utilisateurs du rail, doivent donc accepter que la voûte d’un tunnel ou d’une galerie puisse s’écrouler malgré toutes les précautions qui sont prises.

swissinfo, Jean-Didier Revoin

Le 4 janvier, une chute de rochers provoquait l’effondrement de la voûte du tunnel de Chüebalm (Berne).
Le 10 février, une chute de rochers crevait une galerie de protection sur la route de l’Axen (Schwytz).

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