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UBS «ne sera plus jamais la même»

Le numéro un de la banque suisse en a pris un coup. Keystone

La première banque de Suisse a peut-être subi des dommages irréparables, mais elle ne connaîtra pas le même sort que le géant américain Bear Stearns, cédé pour une bouchée de pain. C'est du moins l'avis des observateurs.

Ce contenu a été publié le 01 avril 2008 - 17:51

Les investisseurs semblent partager cette analyse à l'heure où UBS a doit procéder à de nouvelles dépréciations d'actifs et où son patron Marcel Ospel annonce son retrait.

L'ambition affichée par UBS de construire l'une des banques d'investissements les plus performantes du monde a donc été brisée. Dans ces conditions, Il sera difficile de persuader les riches investisseurs de maintenir leur confiance à la division gestion de fortune.

«Je pense que la banque ne sera plus jamais la même», commente Hans Geiger, directeur du Swiss Banking Institute de l'Université de Zurich. UBS est la banque la plus affectée d'Europe par la crise des crédits hypothécaires américains.

Nouvelles pertes en vue?

Quant à savoir s'il faut se préparer à de nouvelles pertes dans les prochains mois, les avis divergent.

Car la banque est encore exposée à hauteur de près de 31 milliards de francs dans des produits financiers liés à des emprunts immobiliers à risques, ceci sans compter les autres prêts et actifs risqués.

Mais pour Hans Geiger, le retrait de Marcel Ospel devrait être le dernier d'une longue série de signaux négatifs envoyés par la banque.

«En décembre, Marcel Ospel affirmait qu'il faisait partie de la solution à la crise. Aujourd'hui, son départ permet donc penser qu'il a réglé les problèmes pour faire place nette à son successeur», ajoute-t-il.

Pas la Bear Stearns

Toutefois, Andreas Venditti, analyste à la Banque cantonale de Zurich, n'exclut pas d'autres pertes. «L'exposition au risque est toujours bien présente, de sorte qu'on ne peut pas savoir comment cette histoire va finir», indique-t-il.

Les deux experts sont d'accord sur un point. Il y a peu de chance que UBS connaisse le même sort que la banque américaine d'investissement Bear Stearns, récemment vendue bien en dessous de sa valeur pour éviter la faillite totale.

«Bear Stearns n'avait pas d'autres secteurs d'activité permettant de fournir des ressources financières à long terme; cette banque avait une structure de récolte de fonds totalement différente. UBS peut en revanche se replier sur ses secteurs petits clients et gestion de fortune qui sont tout à fait sains», explique Andreas Venditti.

Les plans d'UBS pour récolter 15 milliards de francs de capital supplémentaire ne visent pas à compenser un manque d'argent liquide à court terme, mais plutôt à constituer un bas de laine pour résister à d'éventuels nouveaux chocs.

Mais le plus gros problème d'UBS, c'est d'éviter de perdre sa riche clientèle. UBS étant le plus grand gestionnaire de fortune dans le monde, c'est le moteur de son succès.

Clients mécontents

La banque pourrait avoir affaire à un grand nombre de clients mécontents et même de possibles poursuites juridiques suite à des dépréciations de valeurs de produits financiers, produits qu'elle avait pourtant présentés comme sûrs à ses clients.

«On dit que des clients sont en train de quitter la banque, mais cela ne semble pas être un gros problème, déclare Hans Geiger. La banque a déprécié 19 milliards d'actifs, mais la perte du premier trimestre se limite à 12 milliards, de sorte que l'argent continue à rentrer dans ses caisses.»

swissinfo, Matthew Allen, Zurich
(Traduction de l'anglais: Olivier Pauchard)

UBS

Née de la fusion entre la Société de banques suisse (SBS) et l'Union de banques suisses (1997), UBS est la plus grande banque helvétique et la 7e au monde en terme de capitalisation boursière.

Après des bénéfices records en 2005 et 2006, UBS a subi de nombreux revers en 2007. En mai, elle a annoncé la liquidation de son hedge fond (fond spéculatif) Dillon Read. En juillet, le CEO Peter Wuffli quittait ses fonctions sans donner de motifs.

En octobre, UBS reconnaît avoir perdu 4,2 milliards de francs suite à la crise du marché immobilier aux Etats-Unis (subprime) et annonce 1500 suppressions d'emplois. Pour la première fois en neuf ans, UBS clos ses comptes du 3e trimestre dans le rouge.

Au 4e trimestre, UBS enregistre une perte de 12,5 milliards de francs. En décembre, la direction annonce un plan de recapitalisation de 13 milliards de francs avec des fonds en provenance de Singapour et du Moyen-Orient.

En janvier 2008, la banque annonce une perte totale de 4,4 milliards de francs en 2007. Ce mardi, UBS a annoncé une nouvelle dépréciation d'actifs de 29 milliards.

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