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Un cheval «made in Switzerland»

A Saignelégier, le franche-montagne est roi. swissinfo.ch

Depuis plus d’un siècle le Marché-Concours célèbre le franche-montagne, l’unique race chevaline suisse.

Confronté à un environnement économique toujours plus difficile, l’élevage de ce symbole jurassien suscite des inquiétudes.

Le marché-concours remonte à 1897. A l’origine, cette manifestation ressemblait plus à une exposition agricole destinée à promouvoir l’élevage local qu’à la grand-messe du cheval que l’on connaît aujourd’hui.

Le fier canasson y était d’ailleurs exposé avec ses compagnons de la ferme, vaches, chèvres, poules et autres cochons.

La réputation du franche-montagne a très rapidement dépassé les frontières cantonales. Et elle a même supplanté les autres races connues en Suisse.

Ses qualités d’endurance, de force et de docilité ont séduit le monde rural et les militaires. Au point que le cheval du pays est devenu l’unique vedette de la fête.

La grande et bonne époque

En 1923, le Marché-Concours s’est adjugé le titre de manifestation nationale. Et il a progressivement perdu sa vocation commerciale pour devenir un concours équestre.

Il faut dire que, pendant longtemps, les éleveurs de la région n’ont rencontré aucun problème pour écouler leur production.

«Il y a encore une dizaine d’année, l’armée suisse achetait entre 130 et 150 chevaux par an», rappelle le responsable de la production animale au Service de l’Economie rurale du canton du Jura.

«Mais, ajoute Roger Bidermann, avec la quasi-disparition des troupes du train, ce nombre est tombé à 19 chevaux l’an dernier.»

Des subventions à la baisse

Outre la perte de l’un de leurs meilleurs clients, les éleveurs de franches-montagnes ont également dû faire face à une réduction drastique des subventions qui leur étaient versées.

«Jusqu’en 1995, explique Vincent Wermeille, la Confédération nous payait une prime de garde militaire d’environ 500 francs par cheval.»

Et l’agriculteur et éleveur de chevaux à Saignelégier de préciser: «On considérait que les franches-montagnes pouvaient être réquisitionnés en temps de guerre».

«Les mises officielles permettaient d’écouler 250 à 300 bêtes par an, poursuit Vincent Wermeille. Nous étions protégés par des contingents d’importation.»

Et de conclure: «Jusqu’en 1998, il fallait acheter cinq chevaux suisses pour être autorisé à importer un cheval étranger. Il va sans dire que ce système à largement contribué à doper le marché intérieur».

Une race en observation

Mais cette époque-là est bel est bien révolue. Aujourd’hui, les autorités fédérales se contentent de soutenir le travail des fédérations d’élevage.

A part égale avec le canton du Jura, la Confédération verse aux éleveurs une prime de 400 francs par jument poulinière.

Cette contribution vise avant tout à sauver la race du pays. En effet, la région des Franches-Montagnes ne compte plus que 4’000 juments.

Et les généticiens considèrent qu’une race est fragilisée dès que son effectif passe en dessous de la barre des 5’000 reproductrices.

La race des franches-montagnes n’est pas vraiment menacée d’extinction. Mais, aujourd’hui, elle est confrontée à de sérieux risques d’affaiblissement.

Un marché sous pression

Afin de protéger le franche-montagne, la sélection est toujours plus rude. Chaque année, 50% à 60% des poulains finissent à l’abattoir. Et le marché de la viande chevaline est de moins en mois rentable.

«Aujourd’hui, les prix se négocient à 5 francs le kilo, précise Roger Bidermann. Cela représente une chute de 18% par rapport à l’année 1994.»

Et les éleveurs ne sont pas au bout de leur peine. Du moins si l’on en croît le gérant de la fédération des franches-montagnes.

«Jusqu’à présent, explique Luc Jallon, les importateurs de viande devaient acquérir la production indigène avant d’acheter des produits étrangers. Mais ce protectionnisme est tombé.»

En clair, dès 2005, une partie du contingent d’importation sera tous simplement mis aux enchères. Et, dès 2007, il faudra que les éleveurs se battent sur un marché entièrement libéralisé.

Conquérir de nouveaux marchés

Pour autant, les éleveurs n’ont pas perdu espoir. Ils cherchent désormais à conquérir de nouveaux marchés.

«Les exportations sont en légère hausse, affirme Luc Jallon. L’an dernier, nous avons pu écouler 180 chevaux à l’étranger.»

Et ce n’est qu’un début, affirment les éleveurs jurassiens. Qui comptent bien exploiter la notoriété du Marché-Concours pour doper leurs ventes.

swissinfo, Vanda Janka

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