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Un coordinateur pour tirer les leçons de l’affaire Bellasi

Le Conseil fédéral a chargé lundi Jacques Pitteloud (photo) de réorganiser les services de renseignements et accordé une retraite anticipée à l'ancien chef des renseignements, Peter Regli. Objectif: réhabiliter des services laminés par les affaires.

Le Conseil fédéral a chargé lundi Jacques Pitteloud de réorganiser les services de renseignements et accordé une retraite anticipée à l’ancien chef des renseignements, Peter Regli. Objectif: réhabiliter des services laminés par les affaires.

L’été dernier, le département de la défense tremblait sous l’impact du scandale Dino Bellasi. Ce capitaine de l’armée suisse, comptable au service de renseignements de l’armée, aurait empoché 8,5 millions de francs en cinq ans, au nez et à la barbe de ses supérieurs. En outre, cet homme était en possession d’informations top secrètes et connaissait le réseaux d’informateurs de milice du “Pentagone” helvétique.

Inimaginable, après l’affaire des fiches qui avait secoué tout le pays, qu’un homme occupant une fonction aussi délicate ait pu passer à travers tous les contrôles. Ajouté aux remous de l’affaire Nyffenegger, aux troubles connexions sud-africaines, ce nouveau coup achevait de discréditer les renseignements et révélait crûment l’amateurisme des services du divisionnaire Peter Regli.

Le gouvernement a donc décidé de faire place nette: exit Regli à la fin de cette année, entrée en scène dès le 1er juin d’un jeune Valaisan de 38 ans, juriste et lieutenant-colonnel. Employé au Département de la défense depuis 10 ans, Jacques Pitteloud participe actuellement au projet Armée XXI.

Le nouveau coordinateur (le poste lui-même est nouveau), devra donc rebâtir et décloisonner les renseignements, regagner la confiance des services étrangers, en finir avec la manie du secret de certains galonnés et adapter à l’après-Guerre froide un service qui est aussi de milice. Un défi qui ne fait pas peur à Jacques Pitteloud: «la tension va retomber».

Werner Carrobio, ancien conseiller national socialiste tessinois et membre de toutes les commissions d’enquête parlementaires (CEP) sur les questions de sécurité, estime que la création du poste de coordinateur est «typique du compromis à la suisse» et que «les renseignements doivent dépendre non pas des militaires mais directement du Conseil fédéral». «Mais je connais bien Jacques Pitteloud, il m’a souvent impressionné par son ouverture, ses exigences de transparence et, surtout, son sens critique vis-à-vis de la structure du service. Ce choix me surprend favorablement.»

Le nouveau coordinateur des renseignements a 18 mois pour convaincre. C’est le délai qui lui est imparti avant que le Conseil fédéral ne passe son travail à la loupe. Chat échaudé…

Isabelle Eichenberger

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