Un Genevois devient premier citoyen du pays

Jean-Philippe Maitre est le nouveau président de la Chambre du peuple. Keystone

Le démocrate-chrétien Jean-Philippe Maitre accède, pour un an, au perchoir de la Chambre du peuple du Parlement fédéral.

Elu lundi par les députés du Conseil national, le Genevois succède au Zurichois Max Binder, représentant de l’Union démocratique du centre (UDC/Droite dure).

Doyen de fonction à la Chambre du peuple (Conseil national), Jean-Philippe Maitre a recueilli 148 voix sur 167 bulletins valables. Dix-neuf voix se sont portées sur d’autres personnes.

Marié et père de trois enfants, le Genevois est entré à la Chambre du peuple en 1983. Il a parallèlement dirigé le département de l’économie de son canton de 1985 à 1997, puis présidé le groupe démocrate-chrétien aux Chambres fédérales de 1998 à 2002.

Genevois… et Jurassien

Trois ans après la présidence de la socialiste Liliane Maury Pasquier, le «perchoir» du Conseil national revient donc en mains genevoises. Le démocrate-chrétien est d’ailleurs le dixième représentant du canton du bout du lac à revêtir l’habit de «premier citoyen du pays».

Lors de son allocution, il a tenu à assurer ses collègues alémaniques du caractère authentiquement helvétique des «turbulents» Genevois.

«L’esprit d’ouverture d’une Genève, qui se frotte tous les jours à la vie internationale et dont près de 40% de la population est d’origine étrangère, et l’attachement réel à notre pays ne sont en rien antinomiques», a-t-il souligné.

Le président, originaire d’Epauvillers (JU), s’est aussi plu à relever que pour la première fois depuis l’entrée en souveraineté du Jura en 1979, «un des fils de cette terre magnifique» accède au perchoir du Conseil national.

Plaidoyer contre la polarisation

Sur le plan politique, le démocrate-chrétien s’est lancé dans un plaidoyer contre la polarisation croissante.

«J’ai la conviction qu’au-delà de son apparente séduction médiatique, ce phénomène est la négation de la culture politique suisse qui s’est développée, notamment par le fédéralisme et la démocratie directe, pour intégrer nos multiples minorités», a-t-il déclaré.

Et d’appeler ses collègues à ne pas se laisser gagner par la résignation, mais à se montrer «gourmands de qualité» pour répondre aux désabusés et aux blasés de tout acabit.

Dans l’incertitude qui marque l’époque, la tâche du Parlement est de fédérer et de rassembler, pour façonner une solution nouvelle qui puisse avoir l’ambition de la durée, a encore ajouté le Genevois.

Jean-Philippe Maitre sera secondé durant sa présidence par le socialiste bâlois Claude Janiak et la radicale argovienne Christine Egerszegi, tous deux âgés de 56 ans.

Le Bâlois a été élu premier vice-président par 150 voix sur 168 bulletins valables. L’Argovienne, qui accède à la seconde vice-présidence, a obtenu 138 voix sur 169 bulletins valables.

Un démocrate-chrétien président du Sénat

A noter par ailleurs qu’un autre démocrate-chrétien, Bruno Frick, préside pour sa part l’autre chambre du Parlement fédéral, soit le Conseil des Etats (Sénat ou Chambre des cantons du Parlement fédéral).

Elu par 43 voix, l’avocat et notaire de 51 ans succède au radical glaronnais Fritz Schiesser. Il est le neuvième Schwytzois à diriger les débats de la Chambre des cantons. Le dernier Schwytzois à avoir présidé cette chambre était le démocrate-chrétien Alois Dobler, en 1987.

Bruno Frick est né le 31 mai 1953 à Uznach. Il a fait ses classes au cloître d’Einsiedeln (SZ). En 1978, il obtient sa licence de droit à l’Université de Zurich.

Le premier acte politique du Schwytzois remonte à 1987. Il avait alors pris la tête d’un comité de citoyens qui revendiquait une plus forte taxation du courant électrique produit par les CFF au barrage situé sur le lac de la Sihl.

Bruno Frick a accédé au Grand Conseil schwytzois en 1988. Trois ans plus tard, il a été élu au Conseil des Etats. En 1994, il a pris la présidence de la commission de programme du parti démocrate-chrétien. Il est vice-président du parti depuis 2004.

swissinfo et les agences

En bref

– Jean-Philippe Maitre est né le 18 juin 1949 à Genève. Il a suivi des études de droit et a obtenu, en 1973, son brevet d’avocat. Il a exercé ce métier de 1971 à 1985.

– Il est marié et est père de trois enfants. Son père, Yves Maitre, était déjà conseiller national démocrate-chrétien.

– En politique, le Genevois a gravi les escaliers du pouvoir quatre à quatre. A 24 ans, il est élu au Grand Conseil genevois. A 36 ans, il se hisse à l’exécutif cantonal.

– Il a dirigé durant douze ans le Département de l’économie a été président du parti démocrate chrétien genevois de 1981 à 1984.

– Jean-Philippe Maitre siège à la Chambre du peuple depuis 1983. Quatre ans durant, de 1998 à 2002, il a présidé le groupe démocrate aux Chambres fédérales.