Des perspectives suisses en 10 langues

Un magazine en français au pays du sourire

Le rédacteur en chef Philippe Plénacoste examine le dernier numéro de la revue Gavroche dans son bureau à Bangkok. swissinfo.ch

Lu par les expatriés français, mais aussi par des Suisses, Canadiens ou Belges, sans oublier une poignée d'intellectuels thaïlandais, «Gavroche» est l'unique magazine de langue française indépendant de l'Asie du Sud-Est

Philippe Plénacoste, quadragénaire Français de Normandie, a réussi le pari de créer il y a 14 ans puis de faire fructifier sans apport de fonds publics, ce mensuel publié à 10’000 exemplaires et distribué en Thaïlande, au Cambodge, au Laos et en Birmanie. Présenté sur sa converture de papier glacé comme la revue «des pays du sourire», il s’agit du seul magazine d’information en langue française, généraliste et indépendant d’Asie du Sud-Est.

Des qualificatifs qui ont chacun leur importance pour le créateur de Gavroche: «en langue française», car il ne s’adresse pas seulement aux Français mais à tous les francophones; «généraliste» car c’est un vrai magazine d’information avec des reportages-maison et des analyses, pas seulement de l’événementiel et des services pour les expatriés; enfin et surtout «indépendant» car: «Nous ne dépendons d’aucune organisation, 80% des revenus étant assurés par les rentrées publicitaires et les reste par les abonnements et la vente du journal, ce qui nous laisse une liberté d’expression quasi-totale», affirme Philippe Plénacoste.

Un ton espiègle

Si lui-même ne ressemble en rien à un titi parisien avec sa silhouette élancée, sa chemise blanche bien repassée et ses chaussures noires vernies, le père de Gavroche a sû donner à son bébé ce ton «espiègle et un peu rentre-dedans», comme il le décrit lui-même, qu’on associe évidemment au personnage de Victor Hugo.

Et il y a une caractéristique au moins de Gavroche dont Philippe Plénacoste a lui-même hérité: sa légendaire débrouillardise.

De formation commerciale, il n’était nullement journaliste avant de se lancer dans cette aventure. De son propre aveu, il ne l’a considérée au départ que comme un moyen de faire son nid et créer son propre réseau de contacts dans le monde des affaires thaïlandais et du Sud-Est asiatique. Ce qui ne l’a pas empêché ensuite de se prendre au jeu devant le succès presque inattendu de son entreprise.

Aujourd’hui à la tête d’une équipe de 25 collaborateurs dont 7 permanents et la moitié environ de Français, le patron de Gavroche dirige tout d’une main de maître, en véritable homme-orchestre, s’occupant aussi bien d’édition, que de gestion, de stratégie commerciale ou encore de relations publiques.

Privilégier l’angle local et concret

Pourtant son attitude ne reflète guère le stéréotype du rédacteur en chef stressé, toujours de mauvaise humeur et mâchouillant une cigarette ou un bout de crayon. Au contraire, détendu et souriant, il prend le temps de nous détailler depuis son bureau dans la maison du centre de Bangkok où il a installé la rédaction de Gavroche le dernier numéro du magazine.

Intitulé «Bangkok ne veut pas couler», celui-ci traite du risque couru par la capitale thaïlandaise de disparaître sous le niveau de la mer dans les prochaines années à cause du réchauffement climatique. «Voilà un bon exemple de notre démarche», explique Philippe Plénacoste, «qui consiste à traiter une nouvelle d’importance mondiale reprise par tous les médias (la conférence de l’ONU sur le climat) mais avec un angle extrêmement local et concret».

Un lectorat de passionnés

C’est ainsi, dit-il, que le mensuel parvient à interésser aussi bien des expatriés français que des Suisses, comme des lecteurs de couches sociales, de religions et d’opinions très variées.

C’est ainsi aussi qu’il est de plus en plus lu, grâce au site web qui existe depuis deux ans, par des passionnés de l’Asie qui ne vivent pas dans la région mais en Europe. Ou des touristes fidèles qui, entre deux séjours dans le royaume, ressentent le besoin de continuer à s’informer sur ce qui s’y passe. Des amoureux de la Thaïlande parmi lesquels, remarque le papa du Gavroche, on trouve de nombreux Suisses.

swissinfo, Niki Nadas, à Bangkok

5445 Suisses ou double-nationaux vivaient en Thaïlande à fin mars 2008.
150 firmes suisses travaillent sur place.
150’000 touristes suisses se rendent en Thaïlande chaque année.
Les exportations suisses vers ce pays ont triplé ces derniers dix ans pour atteindre 841 millions de francs en 2007
Les importations ont presque doublé pour s’établir à 620 millions de francs.
La Thaïlande est le second partenaire commercial de la Suisse en Asie du Sud-Est après Singapour.
La Suisse est familière au Thaïlandais en raison des sept années que le roi y a passé durant son enfance.

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