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Un ministre souvent sur la sellette

Moritz Leuenberger, doyen de fonction du gouvernement. Keystone

Moritz Leuenberger (59 ans), doit croiser les doigts pour que sa présidence 2006 soit plus calme que la première.

Ce n’était ni la première ni la dernière fois que le ministre de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication se retrouvait sur la sellette.

Pour le président de la Confédération, 2001 avait tourné à l’«annus horribilis», marqué par les attentats du 11 septembre, le grounding de Swissair, la tuerie de Zoug et l’incendie au Gothard.

La restructuration de la poste, les problèmes de financement des nouvelles transversales ferroviaires alpines ou encore la création sans cesse repoussée d’une taxe sur le CO2 lui ont laissé peu de répit depuis son accession au Conseil fédéral en 1995.

Le trafic aérien (crashes en série et conflit sans fin autour du bruit) lui en a aussi fait voir de toutes les couleurs. Alors qu’il pensait avoir trouvé la perle rare pour redorer le blason de l’Office de l’aviation civile, il se retrouve dans une position délicate après l’ouverture d’une enquête pénale contre le directeur Raymond Cron, liée à ses activités antérieures dans le privé.

Idem après la paralysie du réseau des CFF du 22 juin et le redimensionnement du transport des marchandises. Le ministre n’est pas monté au créneau pour maintenir l’offre actuelle, ce qui a quelque peu écorné sa réputation d’artisan du transfert de la route au rail. Un domaine considéré comme un des fleurons de son bilan politique.

Détracteurs


Le doyen de fonction du gouvernement, plus enclin à l’introspection qu’à l’affrontement, doit composer avec des détracteurs aux deux bouts de l’échiquier politique.

Même si les critiques semblent moins virulentes depuis l’entrée de l’UDC Christoph Blocher au Conseil fédéral, une partie des Socialistes lui reproche de frayer avec la «gauche-caviar», de manquer de mordant et de brader le service public.

Ce fils de pasteur devenu avocat est également une des têtes de turc de l’UDC. Le jugeant incapable de tenir les rênes de son ministère, le parti a lui a refusé ses voix à l’élection de mercredi.

Christoph Blocher, fortement soupçonné de convoiter son ministère, ne se gêne pas pour lui mettre des bâtons dans les roues. Dernière exemple en date, ses attaques contre le volontarisme du socialiste en faveur du rail et de la sécurité routière.

Collégialité


Mais Moritz Leuenberger sait aussi rebondir et flirter avec les limites de la collégialité. Il lui arrive d’en appeler au Parlement ou au peuple pour arriver à ses fins.

Cette tactique lui a notamment permis de relancer le dossier des parcs naturels et d’enterrer l’idée d’un 2e tunnel routier au Gothard. Quant au projet controversé de privatisation totale de Swisscom, le conseiller fédéral s’est gardé de monter en première ligne, mais a su distiller ses piques.

Grand amateur d’art et de théâtre, mélomane, Moritz Leuenberger se distingue également par son sens de la réthorique. Certains de ses discours ont été vendus en librairie sous le titre de «Rêveries et ordre du jour». Une contribution sur «Le Mal, le Bien, la politique» lui a même valu un prix. Ses bons mots peinent toutefois à faire mouche en Suisse romande.

Natif de Bienne


Né le 21 septembre 1946 à Bienne, Moritz Leuenberger a étudié le droit à Zurich. Il s’est lancé en politique à l’époque des mouvements de 1968.

Député municipal avant l’âge de 30 ans, ce citadin pur sucre a été élu au parlement fédéral en 1979. Il s’est fait un nom au-delà de la Limmat en présidant l’Association suisse des locataires et la commission d’enquête parlementaire sur l’affaire des fiches. Auréolé de ce succès, le socialiste a ravi en 1991 un des sièges de l’UDC au Gouvernement du canton de Zurich.

Père de deux fils adultes, Moritz Leuenberger a été le premier et le seul conseiller fédéral à vivre en concubinage, avant d’épouser en 2003 sa compagne architecte.

swissinfo et les agences

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