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Un problème de plus pour Swiss

Les ex-Swissair et les ex-Crossair sont égaux face aux licenciements. Keystone

Désavouée dans le conflit qui l'oppose aux pilotes de l'ex-Crossair, la direction de Swiss devra revoir sa copie.

Le verdict du Tribunal arbitral de Bâle entrave le nouveau plan de mesures drastiques qu’elle devrait annoncer mardi pour réduire ses coûts.

Swiss a une épine de plus dans le pied. Le Tribunal arbitral de Bâle vient en effet de déclarer illégal le licenciement de 169 pilotes de l’ex-Crossair prononcé entre les mois de février et de mars 2003.

«C’est un énorme succès pour nous», lance David Bieli, président de Swiss Pilots, le syndicat des pilotes de l’ancienne compagnie régionale.

Pour le Tribunal, toute réduction d’effectifs doit toucher dans une proportion égale les pilotes de l’ex-Crossair et ceux de l’ex- Swissair.

Autrement dit, comme Swiss emploie 1050 pilotes provenant de l’ancienne compagnie régionale et 850 de l’ancienne Swissair, la direction devrait licencier quatre ex-Swissair chaque fois qu’elle met à la porte cinq pilotes de l’ex-Crossair.

Plus embêtant, la décision du Tribunal est applicable avec effet rétroactif. Autrement dit, elle est valable pour les licenciements prononcés ce printemps.

Un compromis à trouver

«Ce jugement a force de loi, avertit Martin Gutknecht, membre du comité de Swiss Pilots. Et, s’il n’est pas respecté, nous prendrons les mesures nécessaires.»

Mais le syndicaliste espère ne pas devoir en arriver là. Selon lui, Swiss devrait s’en tenir au jugement. Ou, à tout le moins, réunir les partenaires autour d’une table afin de trouver un compromis.

De son côté, la direction de Swiss juge le verdict du Tribunal «lourd de conséquences».

Dans un communiqué publié jeudi après-midi, elle affirme qu’il entraînera «des coûts supplémentaires considérables» qui l’empêcheront de réduire sa flotte selon des critères purement commerciaux.

Swiss Pilots conteste cette affirmation. Par la voix de son avocat Stefan Suter, le syndicat se réjouit que les juges s’en soient tenus strictement à des critères juridiques et que l’argumentation «purement économique» n’ait pas passé la rampe.

Cela dit, Swiss Pilots n’a pas gagné sur toute la ligne. Ainsi, sa requête demandant que les pilotes de l’ex-Swissair soient les premiers licenciés a été rejetée par le Tribunal. Qui a préféré mettre tout le monde sur pied d’égalité.

L’heure de vérité

Ce verdict tombe quelques jours seulement avant la présentation du nouveau plan stratégique de la compagnie.

Swiss doit absolument réduire ses coûts et devrait dévoiler mardi prochain les mesures qu’elle entend prendre pour y arriver.

Les responsables syndicaux ont été informés mardi des grandes lignes de ce plan. Mais sous le sceau de la confidence.

La direction de Swiss se refuse à tout commentaire. Mais elle a déjà prévenu que la crise dans le secteur transport aérien allait la forcer à prendre des «mesures drastiques».

Autrement dit, Swiss va devoir réduire «de manière marquée» son réseau, sa flotte et son personnel.

A fin mai, la SonntagsZeitung spéculait sur 3000 suppressions d’emplois (sur plus de 9000 postes). Et sur une réduction de 30 à 40% de la flotte.

Le nombre de longs-courriers passerait de 25 à 18. Celui des moyens porteurs de 25 à 18. Quant à la flotte régionale, elle tomberait à un nombre d’appareils compris entre 30 et 40, contre 59 actuellement.

Des effets colatéraux

Les décisions de Swiss auront des répercussions très graves sur toutes les autres activités liées au transport aérien, avertit Daniel Vischer, du Syndicat des services publics (SSP).

D’ailleurs, Gate Gourmet (confection de repas) a récemment annoncé le licenciement de 170 employés sur 1160, soit 14% de ses effectifs.

L’ancienne filiale de Swissair Group explique cette mesure, qui touche principalement la cuisine de Zurich, par la réduction de la flotte de Swiss.

De leur côté, les aéroports de Zurich-Kloten et de Bâle-Mulhouse ont annoncé la suppression d’une trentaine d’emplois chacun.

Du côté de SR Technics (maintenance des avions), l’incertitude sur les plans de Swiss ne permet pas de planifier les mesures à prendre.

Swissport (services au sol) n’a pas encore été informé. Mais plusieurs scénarios ont d’ores et déjà été étudiés.

swissinfo et les agences

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