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Swiss: pilotes mécontents et Bâlois nostalgiques

La manifestation n'a pas empêché les quelque 900 actionnaires de se réunir. Keystone

Les pilotes de l'ex-Crossair ont manifesté à Bâle contre la future compagnie Swiss Express.

Les actionnaires ont accepté la baisse de la valeur des actions. Excepté les protestations de nostalgiques de Crossair, peu de voix se sont élevées.

Deux mondes se sont côtoyés sans se rencontrer: quelque 250 pilotes de l’ex-Crossair d’un côté, dont le syndicat Swiss Pilots avait organisé une manifestation devant une immense salle du quartier St-Jacques de Bâle, préparée pour accueillir l’assemblée générale de la compagnie.

D’un autre côté, environ 900 actionnaires qui, plutôt indifférents aux banderoles des pilotes, sont passés devant la manifestation sans s’arrêter pour assister à la réunion.

Les pilotes – environ un quart des 1050 anciens de Crossair – n’ont été rejoints par aucun autre syndicat de la compagnie.

Après un court cortège, accompagnés de leurs familles et de leurs proches, ils ont pris position devant le bâtiment où se tiendrait l’assemblée générale de Swiss dans l’après-midi.

«Nous voulons une protestation silencieuse et digne», a expliqué Frédéric Dubois, venu de Genève. «Nous ne sommes pas agressifs, mais nous voulons être agréables et répondre aux questions des gens qui en auraient.»

La foule qui se presse autour des pilotes compte cependant davantage de journalistes que de badauds ou d’actionnaires. Et le message de Swiss Pilots est tout sauf dénué d’agressivité envers la direction de la compagnie.

Une «épuration ethnique»

«Dosé, peux-tu encore dormir?», «Dosé, quel degré de bêtise prêtes-tu à tes pilotes?», «A plein gaz vers le prochain grounding», «2 milliards de vos francs pour une épuration ethnique de SwissAir» pouvait-on lire sur des dizaines de banderoles.

Devant l’entrée des hôtes de marque, Swiss Pilots a même installé un cercueil et une couronne mortuaire.

«Swiss a vampirisé Crossair, explique Olivier Chamot, porte-parole du syndicat. Au début, Swiss, c’était Crossair. Mais gentiment, les tenants d’une société qui a fait faillite, Swissair, poussent dehors ceux qui les ont sauvés.»

Le porte-parole ne mâche pas ses mots: «On ne va pas se laisser faire. Swiss Express est une pantalonnade.»

Mardi à Bâle, se tenait d’ailleurs la dernière audition du Tribunal arbitral à propos du conflit salarial entre Swiss Pilots et Swiss. Le verdict devrait être rendu dans deux semaines environ.

A quelques dizaines de mètres des pilotes de l’ex-Crossair, les actionnaires ont pris place sans se préoccuper de la manifestation. Sur 2000 personnes annoncées, 900 sont venues, qui représentent environ 84% des actions.

«C’est moins que nous pensions, dit le porte-parole Jean-Claude Donzel. Le beau temps et l’information donnée vendredi et durant le week-end ont manifestement suffi à une partie des actionnaires.»

Accusations en vrac

Dans sa rétrospective, le président du conseil d’administration Pieter Bouw a indirectement répondu aux pilotes en affirmant que Swiss Express n’était pas un moyen «pour expulser de l’entreprise les pilotes de la flotte régionale.»

Pour le reste, l’assemblée générale – la 28e puisque Swiss est la continuité de Crossair – n’a réservé aucune surprise.

Une quinzaine d’actionnaires ont fustigé parfois violemment les décisions de la direction, accusée, en vrac, de dilapider l’héritage de Crossair, de dépenser des millions pour du marketing inutile, ou encore de ne pas informer l’actionnariat et le public de façon transparente.

Le conflit entre pilotes a été mentionné plusieurs fois – un actionnaire allant jusqu’à proposer d’engager le patron de Serono Ernesto Bertarelli pour trouver un compromis.

Tous les points acceptés

Au final, la décharge a été accordée, la baisse de la valeur de l’action nominale de 50 à 32 francs a été approuvée et les nouveaux membres du conseil d’administration, Walter Bosch et Jan Audun Relnas, ont été élus.

Le conseil d’administration a dans le même temps été réduit de 11 à 9 membres, dans un souci de «baisse des coûts», dit Pieter Bouw, dans une tentative d’humour dont on ne sait si elle était volontaire ou non.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Bâle

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