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Un salaire minimum pour les ouvriers agricoles

Les syndicats réclament un salaire minimum de 3000 francs mensuel et la semaine de 45 heures. Keystone Archive

Les paysans genevois ont récemment accepté une augmentation des salaires de base des employés de la terre à 3000 francs par mois. Les milieux agricoles et les syndicats craignent que ce geste n'exacerbe la concurrence entre les cantons. La Chambre genevoise d'agriculture demande donc des mesures d'accompagnement pour assurer la survie de la branche.

«Nous n’avons pas eu le choix, lance Neil Ankers, directeur de la Chambre genevoise d’agriculture. C’est l’Etat de Genève qui a décidé unilatéralement d’augmenter les salaires de 10%, dès le mois d’août. Il ne nous restait plus qu’à ratifier cette décision ou à subir, une fois encore, les foudres de la population».

Il est vrai que, depuis quelque temps, le monde agricole est dans l’œil du cyclone. Travail clandestin et bas salaires figurent dans la longue liste des critiques qui lui sont assénées.

Plus que jamais, les syndicats appellent à une amélioration des conditions de travail des employés agricoles. Ils réclament, eux aussi, un salaire minimum de 3000 francs mensuel et la semaine de 45 heures.

Le Syndicat Industrie et Bâtiment salue donc la décision genevoise. Pour autant, il ne cache pas une certaine inquiétude. «C’est un pas dans la bonne direction, commente Jacques Robert, secrétaire central du SIB. Mais nous craignons que la hausse de salaire accordée par le canton de Genève entraîne une situation de concurrence préjudiciable pour les agriculteurs de la région».

Autant dire que le syndicat n’est pas le seul à s’inquiéter. «Nous avons un marché national unique, explique Neil Ankers. Chaque matin, les acheteurs contactent les centrales de vente dans les différents cantons et, logiquement, ils choisissent les offrent les plus avantageuses».

Pour rester compétitifs, les producteurs doivent donc s’aligner sur les prix pratiqués par leurs concurrents. «Dorénavant, à Zurich, la main-d’œuvre coûtera 25% de moins que dans le canton de Genève, rappelle Neil Ankers. Or, dans ces conditions, les genevois auront de la peine à s’aligner sur les prix zurichois».

«Le problème, en Suisse, c’est que chaque canton possède sa propre législation en matière de politique salariale, renchérit Rolland Stoll, président de l’Office central vaudois de la culture maraîchère. Aujourd’hui, il existe une réglementation par canton et demi-canton. Et, globalement, on peut dire que les Romands ont des normes plus contraignantes que celle des régions alémaniques».

Depuis plusieurs années, pour pouvoir faire face à une concurrence jugée déloyale, les maraîchers réclament une uniformisation des contrats types qui régissent le travail agricole en Suisse. Mais, pour l’heure, ils n’ont pas été entendus.

Dans ce contexte, la Chambre genevoise d’agriculture prédit déjà le pire. Elle prévoit, à plus ou moins long terme, la disparition de quelque 2000 hectares de cultures. La Chambre genevoise d’agriculture demande donc que l’augmentation des salaires soit soutenue par des mesures d’accompagnement.

Quant à la question de savoir si cette amélioration permettra de régler le problème de pénurie de main-d’œuvre dans le canton, la réponse de Neil Ankers est sans appel: «le manque de main-d’œuvre est bel bien réel. Et ce ne sont pas quelques centaines de francs, en plus ou en moins, qui résoudront le problème».

Vanda Janka

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