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Un Suisse soupçonné d’escroquerie humanitaire en Thaïlande

La fondation de Roland Moesch est censée s'occuper des enfants des rues de Bangkok. Keystone Archive

Créée par un Suisse, Roland Moesch, la fondation «C Care Asia International» prétend dans ses brochures subvenir aux besoins d'une centaine d'enfants atteints du sida. Mais la presse thaïlandaise s'interroge sur la réalité de cette entreprise humanitaire.

L’ambassade suisse à Bangkok est depuis une semaine sur les dents. La publication dimanche dernier dans la presse locale d’un long article consacré aux activités présumées humanitaires d’un citoyen helvétique en Thailande a suscité une avalanche de questions de la part de la communauté suisse et des autorités de Bangkok.

La presse thailandaise a nommément mis en cause Roland Moesch, un suisse de 48 ans, installé dans l’ancien royaume de Siam. Les diplomates de la Confédération ont aussitot été interpellés: «Nous avions déja recu dans le passé des réclamations à l’encontre de ce monsieur. Nous cherchons depuis une semaine à le localiser, mais en vain…», explique-t-on à l’ambassade de Suisse à Bangkok.

Le cas de Roland Moesch était connu de la petite communauté humanitaire présente en Thailande, où travaillent de nombreuses ONG. Ce ressortissant suisse, qui se présente comme docteur, a croisé à plusieurs reprises le chemin des délégués locaux du CICR qui s’avouent eux aussi dubitatifs sur son action:

«Je ne sais pas si Moesch a commis les escroqueries dont on l’accuse. En revanche, nous avons de bonnes raisons de douter de son foyer d’accueil pour les enfants séropositifs. Personne n’a pu s’y rendre », confie un délégué.

La question posée est de savoir où sont allés les fonds recueillis à Bangkok par l’intéréssé. Celui-ci – aujourd’hui injoignable – affirme avoir dépensé l’argent pour son centre proche de Sukhotai, où une centaine d’enfants malades seraient soignés. Mais à Bangkok, les moues sont dubitatives.

Depuis la publication de l’article du quotidien The Nation, les employés du centre ne répondent plus au téléphone. Le président de l’association «C Care Asia», un éminent docteur thailandais, a pris ses distances. «Tout cela ressemble fort à un mirage humanitaire, poursuit un diplomate suisse. Avec un peu de bagout, il est très facile ici de jouer les pères Noëls…»

L’ambassade de Suisse a été sollicité par la police thailandaise car une plainte a été déposée contre M. Moesch. «Le problème est d’abord de le retrouver et de savoir ce qu’on lui reproche. Du coté suisse, l’homme est en règle», affirme t’on à la chancellerie de Bangkok. Le consulat, saisi de l’affaire, a toutefois chargé un de ses attachés de s’occuper «en priorité» de cette affaire embarrassante.

Jacques Flament, Bangkok

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