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Une galère prête à voguer sur des eaux plus tranquilles

La mise à l'eau de la galère "La Liberté", a duré deux heures, samedi après-midi, à Morges. Keystone

La galère «La Liberté», a été mise à l'eau samedi à Morges, en présence de plus de 40 000 personnes. Le projet remonte à 1992, alors que le chômage faisait rage. Un syndicaliste décide d'occuper les personnes restées en rade en construisant une galère. Symbole de la crise, ce bateau est aussi le rêve d'un homme qui, enfant, voulait devenir architecte.

«Il fallait faire quelque chose pour occuper les chômeurs, pour qu’ils ne perdent pas leur savoir-faire, et ne dépriment pas», raconte Jean-Pierre Hirt. Cet ancien secrétaire syndical est également passionné de navigation et de marine ancienne. C’est donc assez logiquement qu’il a choisi de construire un bateau, avec l’aide de personnes sans travail.

Mais pas n’importe quel rafiot. Non, une galère, à l’instar de celles qui naviguaient sur le Léman au XIIIe siècle. A l’image, aussi, de celle que traversent les chômeurs. Au total, ils ont été quelque 600 à la réaliser, que ce soit pour quelques mois ou pour une année et demi. Budget de la construction: 2,5 millions de francs, dont 300 000 qui doivent encore être trouvés.

La galère, Jean-Pierre Hirt et ses compagnons l’ont également expérimentée au quotidien. Alors que la construction de leur bateau a débuté en août 1995, ils ont notamment eu maille à partir… avec la reprise économique.

«Petit à petit, les menuisiers, charpentiers et ébénistes ont disparu de nos listes, confirme Jean-Paul Poget, directeur du chantier. D’autres chômeurs sont donc venus travailler avec nous.» Autant de personnes qu’il a fallu former au travail sur le bois, le matériau de base de «La Liberté».

Pour autant, le projet n’a pas pris l’eau, juste un peu de retard. Et, aujourd’hui, avec ses 55 mètres de long pour 25 de large et ses 140 tonnes, «La Liberté» semble faire un immense pied de nez aux tristes réalités conjoncturelles.

La mise à l’eau du bateau, samedi vers 16 heures à Morges, est donc une victoire. Qui sera célébrée jusqu’à dimanche, notamment avec tous ceux qui ont œuvré sur le chantier naval. Selon Jean-Paul Poget, un bon tiers de ces ouvriers ont retrouvé un travail, momentané ou fixe.

Mais tout n’est pas encore fini. En effet, l’exploitation de cette immense embarcation ne pourra débuter qu’en juin 2002. Le temps de construire les deux mâts et les deux antennes. Et de terminer l’aménagement intérieur: des cabines permettront notamment à une trentaine de passagers d’effectuer une véritable croisière «historique».

L’exploitation, précisément, sera un nouveau défi. Ce d’autant plus que le port d’attache actuel de «La Liberté» est provisoire. Et, pour éviter à son monstre marin de devenir un SDF en 2003, Jean-Pierre Hirt souhaite lui construire un Port-Village, une sorte de musée vivant qui présenterait l’artisanat du XVIe et du XVIIe siècle. Mais c’est un autre défi…

Caroline Zuercher

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