Une percée symbolique au Lötschberg
Une première jonction relie une galerie d'accès au tunnel de base. Vendredi, les mineurs de Ferden (VS) ont serré la main à leurs collègues de Steg (BE).
Mais il faudra attendre 2007 pour que le Lötschberg s’ouvre enfin au trafic. Une longue histoire…
En 1397 déjà, Bernois et Valaisans rêvaient d’un axe qui relie leurs deux régions. Un accord avait été signé à Münster (VS). Cinq siècles plus tard, leur vœu était exaucé avec la construction de la première ligne du Lötschberg.
De 1906 à 1913, huit mille ouvriers ont travaillé sur ce chantier. Trois quarts de siècle plus tard, nouveaux coups de mine. Dès 1976, la ligne est mise à double voie sur toute sa longueur.
Le tunnel des Romands
Avec l’introduction de la taxe poids lourds en 1985, le projet des nouvelles lignes ferroviaires alpines (NLFA) est relancé. Une année plus tard, le Lötschberg se lance dans la course. Et c’est le début de la guerre Gothard – Lötschberg.
Les Romands – avec le canton de Berne pour allié – défendent farouchement leur tunnel. Cet axe dont ils rêvaient depuis cinq siècles.
En 1994, ils doivent choisir entre une galerie à deux voies mise en service après le Gothard – donc pas avant 2020 – ou un tunnel ouvert avant avec un tronçon à une seule voie. Ils retiennent la seconde option. Et l’emportent… «à la suisse». Autrement dit, à la suite d’un compromis.
Trop, c’est trop. C’est la grève
Alors, une fois encore, les hommes creusent la montagne. Difficilement. Le granit est particulièrement dur.
Plus tard, les travaux causeront l’affaissement d’un village haut-valaisan. A Sankt German, les maisons se fissurent, les canalisations fuient. La faute au tunnel que l’on creuse tout près du village.
En été 2002, les ouvriers déposent leurs outils. La chaleur, la poussière et les émanations d’ammoniaque… Ils étouffent. Trop, c’est trop. Ils se mettent en grève. Le travail reprendra quelques jours plus tard.
Un vieux rêve qui se réalise
Guerres politiques, difficultés techniques, grèves… Oui, en ce sens-là, on peut parler d’une étape historique aujourd’hui. Sans aucun doute aussi parce que c’est un vieux rêve qui se réalise.
Peut-être, enfin, parce que le Lötschberg sera utile. Il doit permettre d’améliorer l’infrastructure ferroviaire de transit sur l’axe Bâle – Berne – Brigue – Milan pour le trafic des marchandises.
Il devrait diminuer le temps de parcours sur le trajet Berne – Sion. Et il offre la possibilité de charger les véhicules routiers.
Mettre fin aux gué-guerres
Alors, vraiment utile, même à une seule voie? «Il faut l’achever», répond Michel Béguelin, président de la Communauté d’intérêts Simplon – Lötschberg.
«Mais on se heurte à un problème politique», poursuit le conseiller aux Etats (PS/VD). Toujours le même… Le Gothard et le Lötschberg doivent se partager l’argent attribué aux NLFA. Et les réserves sont bientôt épuisées.
«Il faudra demander un crédit supplémentaire, explique encore Michel Béguelin. Et les «Gothardistes» verraient d’un mauvais œil que l’on développe le Lötschberg, alors que les travaux dans leur tunnel prennent du retard et qu’il n’est de loin pas terminé.»
Cela dit, le socialiste vaudois estime qu’il faut voir le problème sur un plan national et mettre définitivement de côté les gué-guerres entre régions ou cantons.
Et, pour l’instant, il s’agit déjà de finir le tunnel de base à une voie. Ce n’est pas encore fait. La percée principale est prévue pour 2004. Alors seulement, l’air circulera du Nord au Sud. Quant au trafic, il ne passera pas avant 2007.
swissinfo/Alexandra Richard
1985: Introduction de la taxe poids lourds. Relance du projet des NLFA
1992: Accord de transit avec l’UE qui prévoit de doubler la capacité de ferroutage.
Le peuple dit oui aux NLFA (Gothard et Lötschberg)
1994: Début des travaux au Lötschberg
1999: Le Parlement vote un crédit de 12,6 milliards de francs pour les NLFA, la plus grande somme jamais demandée jusque-là
2004: En principe, fin du percement
2007: Ouverture prévue du tunnel de base du Lötschberg
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