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Une rente vieillesse de 3000 francs pour tous

Les achats, une nécessité pas si évidente pour de nombreux retraités. Keystone

L’Union syndicale suisse demande une rente AVS minimale de 3000 francs. A la clé: un renforcement du premier pilier de prévoyance par rapport au deuxième.

L’USS déplore en effet qu’actuellement, plus de la moitié des retraités vivent avec moins de 3000 francs par mois.

Un retraité sur deux doit se débrouiller avec moins de 3000 francs par mois. Et un sur quatre avec moins de 2000 francs. Ce sont les chiffres avancés par Pierre Gilliand, professeur à l’Université de Lausanne et membre du groupe d’experts sur le renforcement de l’AVS mandaté par l’USS en 2002.

Le modèle proposé par les experts ne vise pas à bouleverser de fond en combles le paysage de la prévoyance vieillesse helvétique. Car il est considéré par Pierre Gilliand et ses pairs comme l’un des meilleurs au monde.

Mais force est de constater que l’AVS n’atteint pas, même sur le plan physiologique, l’objectif constitutionnel de satisfaction des besoins vitaux, estime le professeur.

Les inégalités sont reproduites et même aggravées pendant la vieillesse. Les salaires faibles – les femmes bien souvent – profitent peu ou prou du 2e pilier (prévoyance professionnelle). Mais le 3e pilier (l’épargne personnelle) reste l’apanage des hauts revenus, constate Pierre Gilliand.

Répartition plutôt que capitalisation

Concrètement, le modèle du groupe d’experts prévoit de renforcer le système de répartition (1er pilier) au détriment du système de capitalisation (2e pilier). Un rééquilibrage qui garantirait les 3000 francs de revenu mensuel par personne. Et 4500 francs pour les couples.

Techniquement, il s’agirait de réduire la prévoyance professionnelle actuelle de 20% au maximum, estime Pierre Gilliand. S’agissant de l’AVS, le modèle prévoit une réduction des écarts actuels entre rente minimale et maximale. La première atteindrait 1500 francs, la seconde 2500 francs.

Qui plus est, les experts proposent aussi que les bas revenus touchent automatiquement les prestations complémentaires. Résultat global: l’AVS couvrirait 72% des rentes, contre 62% aujourd’hui.

Au final, les coûts supplémentaires du modèle proposé sont estimés à 4,7 milliards. A cet égard, l’ex-directeur de l’Office fédéral des assurances sociales Otto Piller tient une solution. Il propose de récupérer un milliard de francs en supprimant les déductions fiscales du 3e pilier. Lesquelles profitent surtout aux hauts revenus.

Selon l’ancien sénateur socialiste, les coûts supplémentaires totaux ne dépasseront de toute manière pas 1% du produit intérieur brut. Un chiffre qu’il estime supportable malgré les pronostics de croissance faible pour les années à venir.

Des consommateurs en puissance

A ce jour (et leur population grandira encore durant 35 ans!), plus de 1,6 million de retraités – et autant de consommateurs en puissance – vivent en Suisse, rappelle Otto Piller. Leur pouvoir d’achat est donc loin d’être négligeable pour le marché intérieur et la croissance.

Cela dit, dans le dossier AVS, la priorité de l’USS est ailleurs, indique Colette Nova, également membre du groupe d’experts et secrétaire centrale de l’Union syndicale. Ses délégués décideront en effet le 9 mai prochain du lancement d’une initiative populaire visant l’introduction de la retraite flexible.

swissinfo et les agences

– Le modèle proposé par le groupe d’experts demande un revenu garanti de 3000 francs pour tous les rentiers Assurance vieillesse (AVS).

– La hausse des rentes serait rendue possible par une réduction de l’écart entre rente minimale et maximale.

– Autre élément permettant d’améliorer la bourse des rentiers: les bas revenus toucheraient automatiquement la prestation complémentaire qui compense les rentes insuffisantes.

– Fondamentalement, le modèle du groupe d’experts prévoit de renforcer le système de répartition (1er pilier) au détriment du système de capitalisation (2e pilier).

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