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Veillée d’armes à Zurich

Une floraison d'affiches électorales dans les rues de Zurich laisse présager d'un rude combat lors de l'élection complémentaire. Keystone

Election complémentaire ce dimanche à Zurich pour un poste de conseiller municipal. Tandis que L'UDC (droite nationaliste) fait cavalier seul, l'écologiste Ruth Genner a de bonnes chances de l'emporter. Mais un jeune radical (droite libérale) vient troubler le jeu.

Personne ou presque n’aurait parié en février, lorsque la municipale zurichoise écologiste Monika Stocker avait annoncé sa démission pour raisons de santé, que sa succession réserverait autant de surprises. A tel point que l’issue de l’élection complémentaire de ce 1er juin est relativement ouverte.

L’UDC, pourfendeuse de la politique sociale de la ville depuis des années, n’allait bien sûr pas laisser passer l’occasion d’essayer, pour la 6e fois, de reprendre son siège perdu en 1990. Elle a lancé dans la course l’informaticien Mauro Tuena, 36 ans, partisan de la ligne dure du parti.

Première surprise: chez les Verts, qui veulent garder leur seul mandat à l’exécutif de la ville, Ruth Genner, ancienne présidente du parti suisse et «reine du panachage» lors des dernières élections parlementaires, a dû se battre, à l’interne, pour obtenir sa nomination.

Puis les choses se sont compliquées à droite. Les radicaux ont refusé de soutenir Mauro Tuena. Le président de la section de la ville, Urs Egger, a même déclaré à la Neue Zürcher Zeitung (NZZ) que «l’UDC agit comme si elle ne voulait pas réintégrer l’exécutif. Si elle le voulait vraiment, elle ne choisirait pas un hardliner».

Avant-dernière surprise de la campagne: un jeune radical, Michael Burkhard, 28 ans, juriste dans une grande banque, annonçait sa candidature fin mars et obtenait dans la foulée le soutien non seulement de son parti, mais aussi des démocrates-chrétiens.

Enfin, le magistrat socialiste en place Martin Waser revendiquait publiquement les affaires sociales laissées vacantes par Monika Stocker. Mauro Tuena, dont c’est le cheval de bataille, perdait ainsi un argument de poids.

Mobilisation socialiste

Ruth Genner de son côté pourrait théoriquement réunir quelque 44% des voix avec le soutien des socialistes. Mais au PS, la mobilisation reste toujours un point d’interrogation, surtout lorsque leur candidate ou leur candidat fait figure de favori.

Signe de profonde division entre les deux partis écologistes: les Verts libéraux ont laissé la liberté de vote. Un deuxième tour n’est donc pas exclu. Il aurait lieu le 6 juillet.

La droite désunie

La NZZ se désole: «La droite a manqué une chance de s’unir pour reprendre un siège à la gauche», écrivait un commentateur.

C’est aussi l’argument de l’UDC contre les radicaux: selon elle, les radicaux veulent surtout sauver leurs trois sièges lors des élections de 2010 et s’assurer le soutien des partis du centre.

Le politologue Michael Hermann, de l’Institut universitaire de recherche Sotomo, donne raison à l’UDC en expliquant, dans les colonnes de la NZZ, que les radicaux dépendent davantage du soutien du centre politique que de l’UDC. En outre, selon lui, c’est la proximité avec les nationalistes qui a provoqué la débâcle radicale de l’automne dernier.

Radicaux des villes et des champs

A Zurich, radicaux des villes et radicaux des champs ont en effet eu, ces dernières années, une attitude différente à l’égard de l’UDC. En ville, le parti a pris ses distances il y a plusieurs années déjà, alors que sur le plan cantonal, les deux partis s’allient lors des grands rendez-vous électoraux.

Les différences sociologiques, ajoute Michael Hermann, sont plus grandes en ville, entre des radicaux issus de la haute bourgeoise et des nationalistes venant de la petite bourgeoisie ou des milieux ouvriers. «En outre, l’UDC cantonale assume son rôle de parti gouvernemental, tandis qu’en ville, elle joue au héros qui dégaine son révolver plus souvent qu’à son tour, mais sans détenir de pouvoir.»

Si le scrutin du 1er juin ne suffit pas à élire un successeur à Monika Stocker, les radicaux se réservent la possibilité de désigner un nouveau candidat. Sauf si Michael Burkhard réalise un meilleur score qu’attendu…

swissinfo, Ariane Gigon, Zurich

L’écologiste Monika Stocker, en charge des affaires sociales de Zurich depuis 1994, a annoncé sa démission en février pour raisons de santé. Elle quittera sa fonction le 31 juillet.

Depuis plusieurs années, l’aide sociale et sa responsable font l’objet de violentes critiques de l’UDC, qui a dénoncé plusieurs abus de grande envergure.

Monika Stocker a marqué la ville par des idées novatrices telles que les «jobs à 1000 francs», improprement nommés ainsi. Il s’agit en fait d’emplois à salaire partiel.

Quatre candidats briguent sa succession:

– Ruth Genner, conseillère nationale et ancienne présidente des Verts Suisses,
– Mauro Tuena, UDC,
– Michael Burkhard, jeune PRD,
– Markus Adler, DS.

L’exécutif de la ville compte neuf magistrats: 4 socialistes (PS), 3 radicaux (PRD), 1 démocrate-chrétien (PDC), 1 Verte.

Force des partis lors des dernières élections municipales (2006):

– PS : 33,5%
– UDC : 18,5%
– PRD : 15%
– Verts : 10,8%
– PDC : 7,8%.

En 2007, les cas d’aide sociale, qui avaient diminué de 1,5% en 2006 déjà, ont reculé de 2,9% à Zurich.

La tendance à la baisse est expliquée notamment par la bonne conjoncture, les mesures de réinsertion professionnelle de la ville et les nouvelles normes de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS).

En moyenne annuelle, 4,3% de la population bénéficiait d’un soutien. Les étrangers sont surreprésentés, avec un taux de 48%, de même que les jeunes. Le taux d’abus s’est élevé à 4,5%, pour 2,1% de la somme totale des aides accordées (267,8 millions de francs).

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