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Vendanges: pour survivre, l’agriculture recrute…au noir

Pour les vendanges ou pour d’autres travaux ponctuels, les paysans peinent à trouver des ouvriers agricoles. Keystone

Les agriculteurs romands peinent à trouver de la main-d´oeuvre. Avec la reprise économique, leurs employés traditionnels travaillent dans d´autres secteurs. Du coup, la tentation est grande d´embaucher au noir des Européens de l´Est.

«L’agriculture en général rencontre cette année des problèmes conséquents de recrutement», confirme Guy Bianco, directeur de la Chambre d’agriculture du Valais. Ce nouveau phénomène serait dû à la reprise conjoncturelle.

Les employés traditionnels de l’agriculture se tournent vers le bâtiment, où les salaires sont meilleurs. Et d’autres ouvriers, les Portugais notamment, trouvent désormais du travail dans leur pays.

Selon Guy Bianco, les agriculteurs ont réussi cette année à faire face à ces difficultés. Mais les agriculteurs tournent leurs yeux vers les pays de l’Est, où se trouvent des employés potentiels. Or, ces personnes ont peu de chances d’obtenir un permis de travail. Elles travaillent donc souvent au noir.

«Ce phénomène est encore minime cette année, mais risque d’augmenter l’an prochain si on ne trouve pas de solution», conclut Guy Bianco. Selon les associations de paysans, il faudrait donc ouvrir les frontières helvétiques aux Européens de l’Est. Ils l’ont demandé à la Confédération.

Secrétaire au Syndicat Industrie et Bâtiment (SIB) valaisan, Serge Aymon confirme une hausse du travail au noir. Certes, les agriculteurs ont de la peine à trouver de nouveaux employés mais, selon lui, la solution se trouve ailleurs.

«Pour trouver une main-d’œuvre européenne ou même suisse, les paysans devraient augmenter les salaires», lance-t-il. Selon les syndicats, recruter dans de nouvelles régions ne fait que repousser le problème: ces nouveaux employés vont également se tourner finalement vers la construction.

La Confédération partage ce souci face au développement du travail au noir. A la fin du mois d’août, Pascal Couchepin a mis en consultation un projet de loi. Celui-ci prévoit notamment une augmentation des sanctions à l’égard des employeurs fautifs. La seule mesure incitative annoncée, un allégement administratif pour les travaux domestiques, ne concerne pas l’agriculture.

Cette troisième voie est-elle la bonne? «La loi proposée par la Confédération est très bonne, estime Philippe Sauvin, secrétaire pour la coordination de la Terre au SIB vaudois. Mais le fonds du problème de l’agriculture ne sera pas réglé ainsi».

Au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), on admet que l’on compte d’abord sur le caractère dissuasif que revêt un renforcement des sanctions. «En effet, souligne Anne Küng Gugler, il est difficile d’agir sur les facteurs à l’origine d’une situation de travail au noir, car ceux-ci sont nombreux et divers».

La secrétaire du groupe de travail fédéral de «lutte contre le travail au noir» ajoute que les mesures souvent préconisées ponctuellement pour lutter contre l’un ou l’autre facteur à l’origine du travail au noir ne peuvent pas être décidées de manière isolée. Elles doivent être intégrées dans une vision économique plus globale.

Ainsi, les mesures demandées par les paysans et les syndicats toucheraient la politique de la main-d’œuvre et la politique étrangère. C’est dire toute la difficulté de trouver des solutions…

Caroline Zuercher

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