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Vers la fin du capitalisme “à la suisse”?

Un système où la Société générale de surveillance a pu écarter du conseil d’administration le groupe Worms, pourtant actionnaires majoritaire… Keystone

Pour éviter une prise de contrôle de l’étranger, les entreprises suisses ont mis au point des méthodes un peu particulières. Elles permettent de détenir une minorité des titres, mais une majorité de voix.

La semaine dernière, le financier schwytzois Martin Ebner a renoncé à entrer dans le conseil d’administration de Roche. Il est pourtant le deuxième actionnaire du groupe bâlois. Seulement voilà, les familles fondatrices du géant pharmaceutique, Oeri et Hoffmann, avaient annoncé qu’elles ne voulaient pas de lui.

Pourtant, ces familles contrôlent moins de 10 pour cent du capital. En revanche, elles possèdent 50,01 pour cent des voix. Afin d’éviter une prise de contrôle par des capitaux étrangers, les sociétés suisses ont créé les actions au porteur réservées aux autochtones.

Ainsi, chez Roche, les 1,6 million d’actions au porteur ne représentent que 20 pour cent de la capitalisation boursière, mais permettent de conserver le pouvoir. Résultat, les vrais propriétaires sont contraints de rester silencieux lors des assemblées générales.

Autre méthode pour rester maître chez soi, celle d’introduire des clauses qui permettent de modifier les règles du jeu à chaque fois que cela arrange les administrateurs.

La Société générale de surveillance (SGS) à Genève a pu ainsi écarter du conseil d’administration le groupe franco-italien Worms, qui est pourtant le pool d’actionnaires le plus important (33,7 pour cent des droits de vote).

Combien de temps durera encore ce capitalisme “à la suisse”? Car toute médaille à un revers. Les groupes à vocation internationale, qui ont besoin de fonds importants, ne pourront plus pénaliser les investisseurs étrangers.

Après l’UBS, le Crédit suisse et la Zurich Assurances, l’autre groupe bâlois Novartis a adopté à son tour le principe de l’action unique. Une condition indispensable pour entrer à la Bourse de New York.

Ian Hamel

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