Restos du cœur: dons suisses détournés

Deux anciens dirigeants des Restos de Haute-Savoie ont été condamnés. Ils auraient détourné 150'000 francs envoyés par des Genevois.
L’affaire est grave. Tellement grave que même Véronique Colucci – actuelle présidente des Restos du cœur et veuve de Coluche, le fondateur de cette association – ont assisté vendredi à l’audience du Tribunal correctionnel d’Annecy.
Dans le box des accusés: l’ancienne directrice du foyer d’Ambilly, près de la frontière suisse, et l’ancien président départemental des Restos du cœur.
150’000 francs de la Thune du coeur
Aujourd’hui âgé de 76 ans, Roger Petit prend la présidence locale des Restos du cœur en 1987. Rapidement, cet homme, que les autres bénévoles présentent comme «autoritaire» et «hargneux», ouvre un compte occulte, où transiteront 500’000 francs.
Les magouilles de cet ancien ouvrier ne s’arrêtent pas là. Il revend sur les marchés les légumes offerts aux Restos du cœur. Et il empoche l’argent recueilli dans des urnes placées dans les commerces de Haute-Savoie.
Enfin, toutes les sommes (150’000 francs) envoyées par La Tribune de Genève – qui avait créé en 1995 «la Thune du cœur» – disparaissent mystérieusement.
D’ailleurs, c’est à la suite de plaintes adressées de Genève que la justice française finit par mettre son nez dans les comptes de l’association savoyarde. «Le doute plane sur l’utilisation des dons versés au Resto du cœur d’Annemasse», titrait le 7 mars 2000 La Tribune de Genève.
Le Tribunal correctionnel d’Annecy s’est d’ailleurs étonné que Roger Petit, président local de 1989 à 1999, puisse détourner plusieurs millions de francs sans que la direction parisienne n’intervienne.
Prison ferme pour Roger Petit
«Cet invraisemblable système a pu fonctionner pendant des années sans que Paris ne voie rien et n’entende rien», ajoute Raymond Arbona, qui avait pris un temps, la succession de Roger Petit. Véronique Colucci, elle, s’est contentée de souligner que ce n’était pas dans son esprit «de faire la police».
Roger Petit a été condamné à deux ans de prison ferme, dont six mois avec sursis. Aujourd’hui, il dort derrière les barreaux. Quant à Danielle Gaudy, l’ancienne directrice du foyer d’Ambilly qui nie les faits, elle a écopé de seize mois, dont douze avec sursis. Enfin, le duo devra rembourser les sommes détournées.
swissinfo/Ian Hamel

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