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Zalezlice repart de zéro

Une mère et son fils devant les décombres de leur maison à Zalezlice. Keystone Archive

Situé au nord de la République tchèque, le village de Zalezlice a été totalement inondé. La plupart des maisons n'y ont pas résisté aux flots.

Les habitants vivent encore dans le provisoire. Reportage.

Des toasts posés sur le radiateur, des couverts rangés sur une bibliothèque, des dossiers et des papiers entassés à côté du micro-onde: la pièce est petite, étroite et humide.

Et c’est au milieu de ce chaos qu’est assis Antonin Burger. «Tout à été détruit, tous mes livres sont sous l’eau, l’atelier est fichu et tout le rez-de-chaussée est complètement inondé», se lamente-t-il.

Ne pas oublier

Six mois après la catastrophe, Antonin Burger n’oublie pas la peur qu’il a ressentie, lorsque, le 13 août, les eaux de la Vltava, éloignée de quelques kilomètres, étaient parvenues jusqu’à Zalezlice.

Du mercredi au samedi, les 150 maisons, l’église, la crèche et les deux magasins du village s’étaient retrouvés les pieds dans l’eau.

Puis les flots s’étaient lentement retirés, laissant l’image d’un paysage dévasté avec des maisons et des routes détruites. Quant aux champs, ils étaient recouverts de mobilier, de cadavres d’animaux et de déchets.

La mairie transformée

Aujourd’hui encore, les habitants vivent chez des parents, chez des connaissances ou dans des conteneurs. Mais les travaux de reconstruction ont commencé.

On peut remarquer le gros œuvre à l’entrée du village. De petites maisons avec de deux à quatre appartements y sont érigées pour les sans-abri les plus âgés. Ces bâtisses sont construites par la commune grâce à l’argent de l’Etat.

L’Etat lui accorde 600 000 couronnes tchèques (28 000 francs) pour chaque maison construite. Le financement a même atteint un million de couronnes pour celles qui l’ont été avant la fin de l’année 2002.

Des appartements ont aussi été aménagés dans les étages supérieurs de la mairie, afin de loger ceux qui ont le plus besoin. Mais la plupart des habitants se débrouillent eux-mêmes. Ils ont développé leurs propres stratégies de survie.

Peur des dettes

Sitôt après la catastrophe, l’aide de l’Etat et des pays étrangers est très vite arrivée. «De nombreuses organisations sont venues immédiatement après la catastrophe, se souvient Josef Sulc, maire de Zalezlice. Ils ont fait des listes pour y inscrire ce dont nous avions besoin.»

«Mais ils n’ont envoyé que des choses comme des vêtements et des vivres», poursuit-il.

«Nous n’avons eu aucune aide financière. Or c’est ce dont nous avons le plus besoin, note Josef Sulc. Nous devons acheter des briques, du ciment et des matériaux de construction pour pouvoir reconstruire nos maisons le plus vite possible.»

Les privés peuvent toutefois obtenir un prêt spécial de l’Etat pour reconstruire leur demeure. Prague leur accorde 850 000 couronnes (39 500 francs) par maison. Le prêt doit être remboursé dans un délai de vingt ans et est soumis à 2% d’intérêts par an.

Mais cette offre profite à peu d’habitants. Ils ne peuvent pas payer les intérêts et ont peur de s’endetter. Ils ne s’adressent pas non plus aux banques, par manque de confiance et parce que leurs intérêts sont trop élevés.

En fait, ils empruntent l’argent nécessaire à des amis, des connaissances et des parents.

Syndrome du sous-marin

Au village, l’ambiance est pourrie. «Nous souffrons du syndrome du sous-marin, commente Antonin Burger. Nous vivons depuis maintenant beaucoup trop longtemps dans de petites pièces ou dans des conteneurs. Nous sommes entassés les uns sur les autres depuis des mois.»

«Dans ces conditions, nous n’avons plus aucune vie privée, poursuit-il. Tout le monde sait tout sur tout le monde. Et pourtant, la politique d’information ne fonctionne pas.»

La preuve: la famille Burger n’a su que trop tard qu’elle aurait pu toucher une aide d’urgence de 20 000 couronnes (929 francs).

«Nous n’avons plus ni tableau d’affichage ni radio villageoise, explique Antonin Burger. Les communications sont très difficilement transmises et les politiciens ne viennent pas auprès des gens.»

swissinfo, Carole Gürtler à Prague

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