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Nucléaire: l’Iran décline une offre suisse

En Europe, le négociateur iranien Ali Larijani (à droite) a aussi rencontré le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier. Keystone

Le principal négociateur de Téhéran dans le dossier du nucléaire iranien a repoussé une proposition suisse de sortie de la crise entre l'Iran et les Occidentaux.

Ali Larijani s’est entretenu lundi à Berne avec la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey.

Jean-Philippe Jeannerat, porte-parole du ministre suisse des Affaires étrangères (DFAE), a déclaré qu’Ali Larijani avait fait escale lundi à Berne dans le cadre d’un voyage en Europe. Le secrétaire général du Conseil de sécurité iranien, qui est le principal négociateur dans le dossier nucléaire, a été reçu par la présidente de la Confédération.

«Lors de cette rencontre, les deux parties ont abordé diverses questions bilatérales ainsi que le dossier nucléaire iranien. Des voies possibles pour aboutir à une solution diplomatique ont été discutées dans ce contexte», a expliqué Jean-Philippe Jeannerat.

«Plan suisse»?

Ali Larijani a indiqué qu’il s’était entretenu avec des responsables suisses. Selon des diplomates, Berne a élaboré un plan par étapes visant à une sortie de crise. Le DFAE a refusé jusqu’ici de commenter l’existence d’un tel document.

Selon les diplomates mentionnés, ce plan mènerait à une suspension simultanée des travaux iraniens d’enrichissement de l’uranium et à des sanctions imposées à la République islamique d’Iran par le Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette double suspension pourrait alors permettre l’ouverture de négociations entre Téhéran et le «P5+1» (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité + l’Allemagne).

Mauvaise impression

«La proposition suisse, parce que certains ont eu une mauvaise impression, ne peut être la base (d’un accord) mais ce plan peut être amendé», a déclaré Ali Larijani.

Le diplomate iranien n’a pas dit dans quelle direction cette proposition devait être modifiée. Mais plusieurs responsables iraniens, dont Ali Larijani lui-même, ont constamment affirmé qu’il était exclu que l’Iran renonce à ses programmes nucléaires, soupçonnés par Washington de dissimuler un volet militaire.

«De nouvelles négociations ont eu lieu avec eux (les Suisses) car ils manifestent de l’intérêt à jouer un rôle plus actif dans ce dossier», a poursuivi Ali Larijani.

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Obstination

Le Suisse Bruno Pellaud, ancien responsable de l’Agence internationale de l’énergie atomique et président de l’Association suisse pour l’énergie atomique, a indiqué à swissinfo que la crise internationale relative au programme nucléaire iranien se trouve actuellement dans une situation de blocage.

«De nombreux points de vue ont été exprimés pour permettre de parvenir à une solution, a-t-il dit. Mais aucun d’entre eux n’est parvenu à la phase de réalisation. Je ne sais pas dans quelle mesure la Suisse est impliquée, mais il faut souligner sa longue tradition dans le domaine des bons offices et au niveau international. En plus, la Confédération représente les intérêts des Etats-Unis en Iran.»

L’expert pense que la Suisse a avancé une proposition réaliste qui avait en partie déjà été faite par d’autres dans le passé. Mais le problème, c’est l’obstination des parties.

«D’un côté, l’Iran ne veut pas suspendre ses programmes nucléaires, ne veut pas écouter ce que lui demande la communauté internationale. De l’autre, les Etats-Unis insistent pour que l’Iran soit placé dans une position où tout lui est interdit», a déclaré Bruno Pellaud.

Plusieurs rencontres

Cette escale en Suisse n’était pas la première. Le négociateur iranien avait déjà rencontré Micheline Calmy-Rey en février dernier et en juillet 2006, également à Berne.

Le négociateur iranien est rentré mardi soir en Iran après une tournée en Europe au cours de laquelle il s’est également entretenu avec le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, à Berlin. Le dossier du nucléaire iranien doit figurer au menu du G8 qui débute ce mercredi en Allemagne.

swissinfo et les agences

La communauté internationale soupçonne l’Iran de vouloir se doter de l’arme atomique sous le couvert d’un programme nucléaire civil.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a exigé dans deux résolutions que l’Iran suspende sont programme d’enrichissement d’uranium. En vain.

Les Etats-Unis et l’Iran sont en conflit larvé depuis 1979, date du renversement du shah et de l’instauration de la République islamique d’Iran.

En novembre 1979, des «étudiants islamiques» s’étaient emparé de l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran et avaient retenu le personnel en otage durant 444 jours.

Suite à une médiation algérienne, les deux pays mettent fin à la crise. Les otages sont libérés le 20 janvier 1981 en échange du dégel des avoirs iraniens aux Etats-Unis et contre la promesse qu’aucune poursuite judiciaire ne sera lancée contre l’Iran.

Depuis cette crise des otages, les Etats-Unis n’ont plus d’ambassade en Iran. Les intérêts américains sont représentés par la Suisse.

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