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Berne doit prendre au sérieux les craintes des Suisses

C'est surtout le petit oui au passeport biométrique qui a inspiré les commentaires. swissinfo.ch

La presse nationale de lundi est quasi unanime à relever la victoire peu convaincante (50,14%) du passeport biométrique proposé par le gouvernement. Peu de commentaires en revanche sur le plébiscite (67%) en faveur des médecines complémentaires.

Une «majorité de hasard», le Blick et Le Temps ont trouvé le même titre pour commenter le verdict populaire sur le passeport biométrique, le quotidien alémanique pointant le doigt sur les perdants, «l’UDC, le PS et les Verts».

Le quotidien romand, lui, met l’accent sur l’unité affichée par les citoyens au niveau national pour exprimer leur méfiance. «Peuple de grands voyageurs, les Suisses avaient une excellente raison de dire oui» pour obtenir un «sésame bientôt reconnu partout».

«Mais simultanément, ils avaient une toute aussi bonne raison de refuser», en optant pour la protection de leur sphère privée. «Au pays du secret bancaire, où l’on donne tant de prix à la protection de la sphère privée, l’Etat devait doublement veiller à rassurer. Or il a échoué», conclut Le Temps.

«Un signal clair aux autorités», c’est en ces termes que les Freiburger Nachrichten résument le message populaire de dimanche.

«Eviter l’incendie»

24 Heures relève aussi que «les Suisses ont privilégié de justesse leur attachement à leur liberté de mouvement». Mais le résultat «est si étriqué» que le gouvernement serait bien inspiré d’afficher «une certaine humilité face au mandat populaire».

«En créant une base de données centrale que personne n’exigeait, le Conseil fédéral a joué avec le feu. Il s’en est tiré devant le peuple. Le plus dur reste à faire: éviter l’incendie», avertit le quotidien vaudois.

L’Argauer Zeitung accuse les politiciens de «ne pas avoir pris au sérieux dès le début les craintes de la population envers des fichiers et des abus de données».

La Liberté relève qu’il n’y a ni «rideau de rösti ni de clivage ville campagne» dans ce scrutin extraordinairement serré dans lequel même la génération Internet s’est massivement engagée.

Le «gène de la défiance»

Né de l’affaire des fiches et de la police secrète P26 il y a vingt ans, le «gène de la défiance» des Suisses perdure et transforme leur minuscule oui en avertissement: «Depuis lors, quand Big brother ouvre l’œil, le Suisse ne le quitte pas des yeux. Toute tentative de lui faire un superflic fédéral dans le dos réveille sa garde», commente sévèrement le quotidien fribourgeois.

C’est pourquoi la sécurité promise pour calmer les opposants au passeport à puce est désormais le «premier commandement», souligne le St. Galler Tagblatt.

Et ensuite? Le Bund estime que le Conseil fédéral doit maintenant «dissiper les craintes justifiées des opposants en exécutant la loi sur les passeports». La tentation d’assouplir la loi et d’ouvrir la banque de données à de potentielles recherches systématiques reste grande, redoute le quotidien bernois.

«Une marge pour le compromis»

Le Tagesanzeiger, lui, annonce que les perdants ne baissent pas les bras. Ils vont demander au Parlement d’accepter la proposition des Verts que l’inscription des passeports biométriques dans la banque de données centrale soit facultative.

De même, le quotidien zurichois réclame que «la liberté de choix» soit laissée pour doter aussi les cartes d’identité d’une puce électronique.

En tout cas, il y a «une marge de manœuvre pour le compromis» dans les futures tractations pour appliquer la loi. C’est l’opinion de la Basler Zeitung, qui propose par exemple de renoncer aux empreintes digitales ou de raccourcir la durée de l’enregistrement des données prévue en principe pour vingt ans.

Isabelle Eichenberger, swissinfo.ch

Passeports biométriques

50,1% des votants ont accepté l’introduction de données biométriques enregistrées électroniquement dans le passeport suisse.

Médecine complémentaire

67% des votants ont accepté l’introduction d’un article constitutionnel consacré à la prise en compte des médecines complémentaires.

Le taux de participation global a atteint 38,3%.

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