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Ces pierres tombées du ciel à Oman

Le météorite SaU 169. Pas plus gros qu'une patate de 7 centimètres de diamètre. (Peter Vollenweider) Photo: Peter Vollenweider.

Une équipe de l’Université de Berne a découvert à Oman un météorite lunaire - une rareté en soi - tombé sur terre il y a 10’000 ans.

Les scientifiques suisses sont parvenus à identifier le site d’origine de l’objet extraterrestre et à en déterminer la date de formation.

La découverte de l’équipe bernoise est relatée dans l’édition du 30 juillet de la revue scientifique «Science». Mais la trouvaille date en réalité de janvier 2002.

Elle est le fait des chercheurs dirigés par Edwin Gnos, de l’Institut de géologie de l’Université de Berne, et Beda Hofmann, du Musée d’histoire naturelle de Berne.

«Oman est l’une des meilleures zones où trouver des météorites, expliquaient récemment à swissinfo le géologue bernois Marc Hauser. Le sultanat présente une large surface plane qui n’a que peu changé depuis des temps très anciens».

Les Suisses travaillent depuis 35 ans en collaboration avec le petit état de la péninsule arabique. Mais le premier projet officiel de chasse aux météorites date de 2001 seulement.

Guère plus de deux cent grammes



Depuis, hormis 1334 kilos de météorites ordinaires, l’équipe bernoise a signé plusieurs pêches miraculeuses, dont un météorite provenant de Mars (31 recensés dans le monde) et celui qui occupe aujourd’hui les scientifiques: SaU 169.

Ou, plus précisément, Sayh al Uhaymir 169, du nom du lieu où le météorite lunaire est tombé sur la Terre il y a 10’000 ans, après avoir gravité quelque 340’000 années dans l’espace.

Matériellement, ce météorite est un caillou rond gris-vert dont la croûte se compose de sol lunaire. Ressemblant étrangement à une pomme de terre, il pèse 206 grammes.

Mais sa principale originalité physique réside dans sa forte concentration en thorium. Un élément radioactif qui le différencie des 30 autres météorites lunaires recensés à ce jour.

Grâce aux échantillons d’Apollo

Ledit thorium n’est jamais aussi abondant sur la Lune que dans la région de la Mare Imbrium (Mer des pluies) – le plus vaste des cratères lunaires.

Grâce à une comparaison avec des échantillons ramenés par les différentes missions Apollo, les scientifiques bernois sont parvenus à situer l’origine précise de SaU 169: le cratère Lalande, à «deux pas» de la Mare Imbrium. Une première scientifique!

L’examen minéral de SaU 169 démontre que le météorite s’est formé au moment de l’impact avec un météore qui a donné naissance à la Mare Imbrium (4 milliards d’années).

Plusieurs autres collisions entre différents astéroïdes et la Lune sont inscrites dans sa roche. La dernière l’a expulsée vers les cieux, jusqu’à sa rencontre avec la terre il y a 10’000 ans…

Une datation très précise

Selon le journal Le Temps, la reconstitution opérée par l’équipe bernoise a une réelle valeur. Elle permet de dater pour la première fois avec précision – 3,909 milliards d’année (marge d’erreur de 13 millions d’années) – la formation du cratère de la Mare Imbrium.

Or, cette collision marque la fin d’une ère: celle des grands impacts au sein de notre système solaire. Un moment charnière où la Terre pouvait enfin s’ouvrir à la vie.

«Les météorites tombés sur Terre nous donnent des indications sur l’histoire de la formation de notre système solaire, expliquait dernièrement Marc Hauser à swissinfo. Ce sont de fascinants messagers de l’univers». La preuve.

swissinfo

Météorite: reste d’un corps céleste rentré dans l’atmosphère terrestre puis tombé au sol.
Un gramme de météorite martien coûte 1000 dollars.
Un gramme de météorite lunaire entre 30 et 40 dollars.
De Mars à la Terre, le voyage d’un météorite dure entre 0,7 et 20 mio d’années.
Des météorites ont aussi été trouvés en Suisse (Montagne de Twann, Ulmiz, etc)

– L’Université de Berne est active à Oman depuis 35 ans.
– Le projet météorites de l’Institut de géologie de l’Université de Berne, du Musée d’histoire naturelle de Berne et du Ministère du commerce d’Oman a commencé en 2001.
– Le projet est soutenu cette année encore par le Fond national suisse.
– Des étudiants d’Oman ont été intégrés au projet, à l’Université de Berne.

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