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Citius, la nouvelle arme des bobeurs suisses

La pilote suisse Sabine Hafner lors des premiers tests au volant de Citius en mars 2009 à Cesana. Keystone

La Suisse produit des champions de bobsleigh depuis près d'un siècle. De tout temps, ces succès se sont appuyés sur un matériel à la pointe de la technologie. Aux Jeux olympiques de Vancouver, le nouveau bolide de la glace s'appellera Citius.

«Citius, altius, fortius». Plus vite, plus haut, plus fort. Une devise olympique source d’inspiration pour les concepteurs du tout nouveau bobsleigh suisse. En février 2010, «Citius» doit permettre à la Suisse de récolter de nouvelles médailles dans ce sport national qui trouve ses origines à Saint-Moritz à la fin du XIXe siècle. Des vacanciers anglais un peu givrés avaient alors eu l’idée de s’affronter sur une piste glacée de la station huppée des Grisons sur des traîneaux en bois.

Depuis les premières olympiades d’hiver en 1924, les médailles n’ont échappé aux Suisses qu’à une seule reprise. C’était à Innsbruck, en 1964. C’est dire que les Suisses seront une nouvelle fois attendus au tournant à Vancouver, même si la concurrence internationale se fait de plus en plus rude au fil des années.

Aujourd’hui, le bobsleigh – littéralement «secouer le traîneau» – a bien évolué et le matériel joue un rôle de plus en plus prépondérant – 40% selon le pilote Martin Annen – sur les performances. On affûte donc depuis longtemps et dans le plus grand secret les machines en vue du grand rendez-vous nord-américain de février prochain.

Le plus rapide au monde

Dès 2007, soit trois ans avant la grande échéance olympique, des spécialistes de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) ont commencé à se pencher sur la conception du nouveau bobsleigh helvétique. Sous la houlette de la Fédération nationale et avec la collaboration d’experts de dix entreprises suisses, le projet avait pour but ambitieux de créer le «bobsleigh le plus rapide du monde».

L’ancien pilote Christian Reich a joué un rôle très important dans la conception et la fabrication de «Citius». Médaillé d’argent en bob à deux aux Jeux de Salt Lake City en 2002, l’Argovien est devenu un constructeur réputé. C’est dans son entreprise qu’ont été assemblés les éléments du nouveau bolide.

Comme une Formule 1

Christian Reich a eu l’honneur d’inaugurer le bobsleigh tout frais sorti d’usine au mois de février dernier. Il affirme que «Citius» est plus facile à piloter» que les bobsleighs précédents. Sous cette appréciation laconique, Christian Raich décrit en fait une nouvelle façon très complexe d’approcher la machine, qui ouvre de nouveaux horizons pour les pilotes suisses, voire même pour le bobsleigh en général.

«Citius offre davantage de possibilités de réglage, ce qui permet une adaptation plus précise de la machine aux athlètes». Car en boblseigh – comme en Formule 1, soutient Christian Raich – un pilote est rapide lorsque les qualités du véhicule s’harmonisent autant que possible avec son propre style de conduite.

La direction, qui est avec l’aérodynamisme, la suspension et les patins le facteur le plus étudié dans la construction d’un bob, permet, dans le cas de Citius, de choisir entre une multitude de possibilités de réglages: direct, indirect, progressif ou encore dégressif. De quoi convenir à chaque style de pilotage, sans distinction de sexe.

L’homme plus important que la machine

Les innovations apportés à la suspension et à l’aérodynamisme du châssis sont moins visibles. «Elles permettent une conduite plus calme, qui rend Citius plus facile à conduire», explique Christian Raich. Mais malgré toutes les améliorations, le pilote reste maître du destin de son équipage, que ce soit en bob à deux ou à quatre.

«Plus l’appareil offre des possibilités de réglage fines, plus le pilote est mis à contribution. C’est à lui de faire les choix judicieux». Avec Citius, la sensation du pilote est déterminante. «Chacun doit trouver le meilleur ajustement pour être rapide. Et cela dans un laps de temps très court», explique l’Argovien.

Avant le baptême du feu de Citius en compétition, la tension monte. Pour Christian Reich et les bobeurs suisses, elle atteint déjà des sphères élevées. Mais chez la concurrence, qui a développé ses propres engins en parallèle, certainement aussi. Car le bob suisse fait toujours office de référence.

«Si les pilotes arrivent à prendre rapidement confiance dans la machine, comme le staff des entraîneurs le pense, alors nous allons obtenir de bons résultats», prédit Christian Reich. Des bons résultats qui sont synonymes au minimum d’une médaille olympique.

Renat Künzi, Samuel Jaberg, swissinfo.ch

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Budget. La fondation de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) a investi 870’000 francs dans la conception et la construction des nouveaux bobs à deux et à quatre en vue des Jeux olympiques de 2010 à Vancouver.

Rapide. Douze professeurs et plus de 20 collaborateurs de l’école ont planché sur le sujet. Le premier prototype a été présenté en novembre 2008 au public lors du Swiss Innovation Forum. Les premiers essais ont été effectués en février 2009 sur la piste d’Igls, en Autriche, par Christian Raich, ancien pilote et chef du projet. Le nouveau bob s’est montré plus rapide que les précédents, mais les chronos ont été gardés secrets.

Essais. En mars 2009, les pilotes suisses ont pu s’acclimater à leur nouvelle machine lors de tests sur la piste de Cesana, en Italie. Le début de la saison de Coupe du monde est agendée à mi-novembre, avec une épreuve à Park City, aux Etats-Unis.

Matériel. En un peu plus d’un siècle, le traîneau en bois d’origine est devenu un engin Hightech qui s’améliore sans cesse. Afin de limiter les coûts de développement, la Fédération internationale prescrit l’utilisation de patins identiques.

Constructeurs. Mais les équipages possèdent une marge de progression non négligeable en ce concerne l’aérodynamique, la suspension et la direction. Avec son projet Citius, la Suisse n’est pas seule à optimiser son matériel. En Italie, c’est Ferrari qui construit le bobsleigh qui doit permettre aux pilotes transalpins de remporter une médaille à Vancouver. En Grande-Bretagne, une autre marque automobile de prestige, Lotus, conçois le bob britannique.

Problèmes. Quelques mois avant les Jeux olympiques, les Allemands connaissent quelques problèmes de matériel. Ils ont ainsi décidé de changer de partenaire pour la construction de leur bob à 4. Aux Jeux de Lake Placid de 1980, les Allemands voulaient dominer la concurrence avec un bob construit par Opel. Mais la structure en plexiglas s’est révélée être un flop total.

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