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Dérèglements climatiques du Nord au Sud

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«Carte postale» de la Cinquième Suisse... Fabrice Rochat nous écrit de Brisbane, en Australie. Et revient sur différentes manifestations des excès du climat hier comme aujourd’hui.

Après des inondations dévastatrices, le cyclone ‘Yasi’, d’une grandeur jamais égalée de mémoire d’homme, frappa le nord du Queensland au début du mois de février. Heureusement, cet ouragan ne provoqua que des dégâts matériels. Mais cette saison des pluies restera dans les annales comme l’une des plus catastrophiques que l’Australie a connues depuis des décennies. Toute cette eau a finalement mis fin à une des sécheresses les plus longues du continent.

L’hémisphère nord avait aussi vécu des situations similaires avec des records de température estivale en Russie et des feux de forêt l’été dernier; alors même que le Pakistan affrontait des inondations gigantesques lors de cette saison des pluies particulièrement humide. 

Aux premières loges

Dans notre quartier de Brisbane, nous étions aux premières loges en cette journée orageuse du 16 novembre 2008, lorsqu’en fin d’après-midi le ciel s’assombrit et un mini cyclone avec pluie, grêlons et des vents violents de plus de 120 kilomètres heure déracinèrent de gros arbres, soulevèrent des toitures et abattirent des clôtures. On se sent bien petit face aux forces de la nature lorsque la maison se met à trembler et les arbres à s’envoler.

Ces excès du climat n’épargnent pas non plus la Suisse. Ce fut le cas le 19 août 1890, lorsqu’une tornade détruisit tout sur son passage le long du Jura sur près 150 kilomètres. Plus récemment, en juillet 2005, une tempête de grêle provoqua des dégâts matériels considérables dans la région lémanique du Lavaux, suivie un an plus tard d’une tornade impressionnante près de Vevey.

Charbon et turbines

Commencée à la fin du 17ème siècle en Grande-Bretagne, la révolution industrielle s’est propagée dans le monde entier. D’un côté, ce changement a amélioré le niveau de vie des populations, mais de l’autre a créé une dépendance toujours plus grande aux énergies fossiles.

Tout ce charbon et ce pétrole n’ont pas seulement fait tourner des turbines et autres moteurs à explosion, mais ont aussi émis des tonnes de gaz carbonique dans l’atmosphère. Ces mêmes émissions sont en grande partie responsables du réchauffement climatique.

En Australie, l’ancien Premier ministre Kevin Rudd s’est fait évincer du pouvoir l’année dernière en essayant d’introduire une taxe sur le gaz carbonique. La nouvelle dirigeante du même parti de gauche, Julia Gillard, première femme accédant à cette position, vient de réintroduire l’idée d’imposer les émissions de gaz à effet de serre à partir de juillet 2012.

 

La patate chaude

Ce sujet brûlant en politique est, comme on dit en anglais, une patate chaude que les politiciens se passent le plus rapidement possible pour ne pas se brûler. Cet été, au parlement helvétique, le débat s’annonce aussi torride et controversé pour l’adoption d’une loi réduisant les émissions de CO2.

Ici comme en Suisse, la vente de grosses voitures augmente chaque année et plus du tiers de la circulation automobile semble encombré par ces larges véhicules. Une autre approche serait de freiner la vente des voitures de grosses cylindrées et larges 4×4, particulièrement dans les agglomérations, par des impôts ciblés aux utilisateurs.

Un baril de pétrole cher à plus de 100 dollars devrait aussi pousser le consommateur vers des voitures moins gourmandes en essence.

Le développement des énergies renouvelables, solaires et les éoliennes, devraient être subventionnés par l’état au détriment des énergies fossiles comme les centrales au charbon. Dans un pays aussi ensoleillé que l’Australie, il est décevant de constater que presque 80% de l’électricité est générée par ce type de centrales polluantes.

En attendant que les politiciens trouvent une entente sur ce problème crucial, le commun des mortels peut commencer par changer ses habitudes et mieux respecter la nature en réduisant sa consommation d’énergie fossile. Par exemple utiliser plus souvent les transports publiques, se déplacer davantage à pied et en vélo sur des trajets courts; ce qui permet aussi de rester physiquement plus actif, installer des panneaux solaires sur le toit de sa maison ou de son immeuble, manger moins de viande – il faut en effet dix litres de pétrole pour produire un kilo de viande de bœuf, consommer moins et recycler plus.

Croître ou décroître?

Si la notion de décroissance commence gentiment à entrer dans le vocabulaire de certains économistes, ne serait-il pas plus judicieux d’aller vers une redistribution des richesses planétaires de manière plus équitable. Car si les pays riches peuvent se payer le luxe d’une décroissance de leur mode de vie sur-matérialisé, comment expliquer aux pauvres du monde entier qui survivent avec à peine deux dollars par jour de se serrer la ceinture?

La fonte des calottes polaires ajoutée au retrait des glaciers alpins provoque une montée des mers. Des régions comme les îles  Kiribati, formées d’atolls dépassant a peine le niveau de l’océan Pacifique, seront submergées dans les prochaines décennies. Leurs habitants viendront grossir la queue des réfugiés climatiques.

Et cette question posée depuis des années maintenant: l’homme est-t-il responsable des changements climatiques?

La communauté scientifique est plus ou moins unanime à penser que l’activité humaine contribue au réchauffement de la planète. Certes, il y aura toujours des sceptiques pour affirmer le contraire. Mais peut-on prendre le risque de ne rien faire pour les générations futures.

Parti de Sydney en 2007, pays où les résidents produisent le plus de CO2 par habitant, l’heure de la terre (Earth Hour) demande aux participants d’éteindre tous les appareils électriques pendant 60 minutes à partir de 20 heures trente ce samedi 26 mars. Ce n’est qu’un début pour se diriger vers une société moderne plus respectueuse de notre belle planète terre.

Vaudois. Fabrice Rochat est né en 1968 à Prilly, près de Lausanne. Il passe sa jeunesse à Bussigny.

Voyageur. Apprentissage de commerce, Ecole d’informatique de gestion, deux années de travail à l’UBS. Et la passion du voyage: à 19 ans déjà, il fait, sac au dos, le tour de l’Australie. Suivront d’autres voyages, surtout en Amérique.

Australie. Fabrice Rochat et sa compagne Sandra arrivent en Australie fin 1995 et s’installent à Sydney, où ils vivent jusqu’en 2002. Ils déménagent alors à Brisbane.

Métiers. Sandra travaille pour le gouvernement du Queensland, au «Département de l’Audit». Fabrice Rochat, après avoir passé plus de quatre ans à la maison pour s’occuper de leur fille Magali, a travaillé à l’Office des impôts fédéral comme employé administratif.

Queensland. Avec environ 1,8 millions d’habitants, Brisbane, capitale de l’Etat du Queensland, est la 3ème ville d’Australie, derrière Sydney et Melbourne.

Origine. Elle est située à environ 950 kilomètres au nord de Sydney sur le fleuve Brisbane. A l’origine, l’endroit fut un centre pénitentiaire, créé en 1824.

Tropical. Brisbane bénéficie d’un climat idéal presque tout au long de l’année en raison de sa situation tropicale (température moyenne de 25° C).

Touristique. Son architecture est inspirée d’un style mêlant période victorienne, style colonial et architecture moderne. Perçue longtemps comme une simple ville de province, la ville est aujourd’hui la capitale de l’Etat le plus touristique de l’Australie.

Secondaire et tertiaire. Plusieurs industries s’y sont développées (raffinage pétrolier, travail du métal, manufacture diverses). Le tertiaire y est également bien représenté: informatique, services financiers, hautes écoles et administration publique se concentrent dans le «Central business district» de Brisbane.

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